
L’habit ne fait pas le moine
Ersilia Soudais a récemment acquis une notoriété pipole grâce (grasse) à la combishort moulante avec laquelle cette représentante du peuple s’est présentée à l’Assemblée nationale.
L’habit est un subtil équilibre entre le pratique et l’image, qui témoigne aussi du respect (ou de l’absence de) que l’on a pour ses interlocuteurs.
Ainsi, il ne vient à personne l’idée d’arriver en robe décolletée à froufrous à un enterrement, de mettre des chaussures de ski pour aller danser, ou de se présenter à un poste caissier bancaire en short et tongs.
À quoi sert un groupe d’étude sur un phénomène ?
Mais Ersilia Soudais ne se réduit pas à cette image de jem’enfoutisme nombrilo-centré. Cette députée LFI de Seine et Marne a été élue vice-présidente du Groupe d’études sur l’antisémitisme du Palais Bourbon.
Certains pisse-vinaigre s’insurgent contre cette nomination au motif que Ma.mon.sieur.dame Soudais est une antisémite notoire. Nous nous insurgeons contre ces protestataires : l’antisémitisme avéré de cette élue est précisément ce qui la qualifie pour le poste.
Elle connaît son sujet de l’intérieur et pratiquera certainement avec méticulosité l’auto-observation, qui semble son sport préféré, si l’on en juge par les mises en scène de ses activités sur les réseaux sociaux.
L’ONU avait pavé le chemin qui évite l’appropriation culturelle
La nomination de Soudais répond aussi au souci d’éviter l’appropriation culturelle : une Blanche ne saurait pas plus traduire le texte d’une Noire[1] qu’un hétérosexuel jouer le rôle d’un homosexuel[2]. Par conséquent seule une antisémite peut présider la commission sur l’antisémitisme en France.
Cela fait longtemps que l’Organisation des Nations-Unies avait donné l’exemple en nommant les spécialistes d’un crime pour présider la Commission qui est censée lutter contre eux. Spécialistes ? Mais lesquels ? Les criminels ou les victimes ? Elle a souvent choisi les premiers.
Fatou Bensouda en est un exemple emblématique : cette avocate gambienne, ancienne ministre de la Justice sous Yahya Jammeh (un des tyrans les plus sanguinaires des XXe et XXIe siècles), accusée par ses compatriotes de complicité de crimes avec son patron[3], avait été nommée Procureure générale de la Cour pénale internationale en 2012 et elle y a exercé son super pouvoir jusqu’en 2021.
Les racistes jugent les racistes : les vaches sont-elles bien gardées ?
Comme Israël est privilégié par l’ONU, au point d’avoir trois Commissions et un point de l’ordre du jour du Conseil des droits de l’homme à lui seul consacrés, il est aussi sélectionné pour se voir enquêter par des Commissions ad’ hoc et a d’hocquement présidées par des antisionistes virulents.
C’est le cas de Navi Pillay, une juriste sud-africaine qui avait fait preuve d’un « parti pris manifeste contre Israël, y compris sur des questions spécifiquement liées à l’affaire et à la controverse qui font l’objet de cette enquête[4]« .
C’était aussi le cas de Francesca Albanese. Elle a été nommée « Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens ». Son mandat consistant à enquêter uniquement sur « les violations commises par Israël », son parti-pris systématique contre le prévenu est un bonus rassurant quant à son impartialité : elle a accusé l’État juif d’apartheid à une époque où un parti arabe siégeait au gouvernement. Elle lui a imputé un génocide, alors que le nombre de Palestiniens a été multiplié par 7 depuis qu’il a remplacé l’occupant jordanien en Cisjordanie et l’occupant égyptien à Gaza. Elle y a ajouté le nettoyage ethnique et les crimes de guerre au cours des représailles contre les missiles lancés depuis Gaza par des miliciens du Hamas. Ce sont eux qui utilisaient les civils comme boucliers humains, il est donc courageux de la part de la juge d’accuser du crime la cible des missiles.
Francesca Albanese a été nommée le 1er mai 2022 en remplacement du Canadien Michael Lynk, qui chantait, lui aussi, le refrain surréaliste de l’Apartheid. Ses qualités vocales lui ont valu, le 10 mai 2022, de se voir remettre, par Mahmoud Abbas, « L’Ordre de l’étoile de Jérusalem »[5]. Cela ne prouve pas qu’il a été partial, cela montre juste que le Président élu pour 4 ans en 2005 sait reconnaître l’impartialité et la récompenser.
L’impartialité chez LFI : un gag aussi drôle qu’à l’ONU
Avant de candidater pour le poste qui lui permet de vérifier qu’on n’étudie pas l’antisémitisme là où il se trouve, Ersilia Soudais avait fait son possible pour que les Juifs français en « Palestine » ne soient pas égaux devant la loi française. « Dans le cadre du #PalestineDay, j’ai posé une question à @MinColonna pour m’assurer que la France ne fasse pas bénéficier de la sécurité sociale aux Français participant à la colonisation de la Palestine[6]« , avait-elle twitté, le 29 novembre 2022.
Comme ses colistiers, elle cache son antisémitisme derrière un antisionisme viscéral, celui qui faisait dire à Mohammed Merah : « Je tue des juifs en France parce que ces mêmes Juifs-là tuent des innocents en Palestine[7]« .
Les Juifs français peuvent être tranquilles, l’antisémitisme sera étudié à fond dans l’Hémicycle. Ici comme ailleurs, ils continueront de servir de cobayes pour les travaux pratiques.
© Liliane Messika
Notes
[1] https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/03/03/polemique-autour-de-la-traduction-de-la-poete-amanda-gorman-aux-pays-bas_6071851_3246.html
[2] https://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Tom-Hanks-estime-quil-ne-pourrait-pas-jouer-le-personnage-gay-de-Philadelphia-aujourdhui
[3] https://www.justiceinfo.net/fr/83997-fatou-bensouda-je-ne-savais-pas-ce-qui-se-passait-sous-jammeh.html
[4] https://www.newarab.com/news/ngo-demands-un-israel-palestinian-investigator-resign
[5] https://worldisraelnews.com/credibility-at-stake-uns-palestine-investigator-accepts-plo-award/
[6] https://twitter.com/HalaOukili/status/1628748133155864576
[7] https://www.liberation.fr/societe/2012/07/16/exclusif-le-dialogue-entre-mohamed-merah-et-la-dcri-le-flic-et-le-terroriste_833708/
Écrivain, Essayiste, conférencière, traductrice, Liliane Messika est auteur de plus de 30 ouvrages, dont plusieurs sur les conflits du Moyen-Orient. Liliane Messika est membre du comité de rédaction de Menora.info.