
« Que les journalistes de ces média décrédibilisé sachent une chose: ils nous font peur! Mais qu’ils sachent également autre chose: nous les condamnerons désormais pieds à pied »: C’est ainsi que je signais, il y a peu, l’édito de notre Dossier spécial « Le Monde-Israël: un lynchage sans fin », adressé aux « faux monnayeurs de l’information ».
Comme piqué au vif, « aidé » par la crise qui secoue l’État d’Israël, « Le Monde » s’en est donné depuis à coeur joie, comme ivre de lui-même.
Il a pourtant aujourd’hui dépassé les limites en publiant « Meyer Habib, le député qui en faisait trop », un immonde ramassis signé par Christophe Ayad et Louis Imbert, et faisant réagir … jusqu’à l’ambassade d’Israël en France:
« Le manque de manière » et « l’outrance » seraient des attributs des Juifs séfarades, dit le Communiqué
Sous prétexte de revenir sur l’invalidation de l’élection du député de la 8e circonscription des Français de l’étranger, le journal s’est cette fois déchaîné sur le Député Meyer Habib, un peu trop « sépharade » cette fois, amenant l’ambassade à réagir via un Communiqué de presse pour condamner vivement le parti-pris: « Nous condamnons avec la plus grande fermeté les déclarations scandaleuses de l’article du journal Le Monde de ce jour, à l’encontre de la communauté juive séfarade », rapporte le Communiqué: « Le journal Le Monde ne se satisfait plus de son parti pris systématique à l’encontre de l’État d’Israël. Il fait à présent preuve d’un antisémitisme décomplexé en sous-entendant que ‘le manque de manière’ et ‘l’outrance’ sont des attributs spécifiques des Juifs séfarades. De telles déclarations véhiculent les stéréotypes antisémites les plus abjects. Les mots ont un sens et portent à conséquences. Nous sommes choqués et condamnons fermement ces allégations ».
Les réactions s’enchaînent ce soir:
« Il y a vraiment un problème au Monde », tweete InfoEquitable, le premier à avoir lancé l’alerte
L’article abject
Évoquant « la chemise blanche froissée et la cravate bleue aux couleurs d’Israël » de l’ami de « Bibi » qui avait « prêté serment au nom de la Torah » et qui allait, « vociférant et tremblant », les auteurs, pastichant fort mal un La Bruyère, tentent d’esquisser un portrait en action: « Il distribue la parole, donne du grand rabbin à quiconque ressemble à un religieux. Son émotion et son énergie amusent autant qu’elles peuvent agacer », avancent-ils, évoquant celui qui répond à ceux qui lui demandent s’il se sent plus français ou israélien: « Je ne choisis pas entre mon père et ma mère » .
Meyer Habib est une curiosité, presque un folklore à lui tout seul : absolument sans gêne, il éructe, insulte, menace en toute impunité
« Dans le monde politique français, Meyer Habib est une curiosité, presque un folklore à lui tout seul : absolument sans gêne, il éructe, insulte, menace en toute impunité. Il n’a qu’un seul sujet sur lequel il intervient dans l’Hémicycle, en boucle : la sécurité tout court, celle d’Israël et celle des Juifs de France en priorité. Tous ceux qui s’opposent à ses vues, proches de la droite nationaliste et religieuse en Israël, promeuvent l’antisémitisme. Rien que cela ».
Ils iront jusqu’à donner la parole à un Député de LFI pour ajouter une touche: « Je n’ai jamais entendu Meyer Habib faire une intervention sans évoquer Israël de près ou de loin, dit le député (La France insoumise) du Nord Ugo Bernalicis, spécialiste des questions de sécurité. Cela génère une forme de malaise sur les bancs de l’Assemblée. Sa promotion d’Israël n’est pas seulement de principe. Il est le VRP de son industrie de défense et de sécurité, il vante les drones, les logiciels de reconnaissance faciale et tout l’arsenal qu’Israël utilise dans les territoires palestiniens. Face à lui, j’ai l’impression d’avoir affaire à un lobbyiste ».
Évoquant la présidence de la Commission parlementaire que Meyer Habib obtint et géra admirablement au sujet de « l’affaire Sarah Halimi », nos mauvais coucheurs, grimés de Schadenfreude, cette joie malsaine si particulière, parleront … « d’acmé de son activité parlementaire ».
Les mêmes décrivent un Député connu pour son hostilité au Quai d’Orsay, auquel il reproche un « biais antisioniste et propalestinien », et reviennent à l’homme vulgaire, « s’incrustant à tous les rendez-vous officiels côté israélien, à la fureur des diplomates français. Ainsi, chez le président Reuven Rivlin, il s’assoit en premier sur le canapé, avant même le président français ».
« L’inlassable émerveillement devant le pouvoir et les puissants de ce fils de juif tunisien, marchand de vin casher »
Prétendant alors faire pleurer Margot en sa chaumière, mais ne pouvant résister au mépris premier, voilà nos auteurs évoquant ce « quelque chose de presque touchant à voir l’inlassable émerveillement devant le pouvoir et les puissants de ce fils de juif tunisien, marchand de vin casher ».
Et ce lien intime avec « Bibi », d’où vient-il, au fait? Eh bien Il remonterait à une époque où « Bibi », « au creux de la vague après avoir perdu son poste de premier ministre, passa ses vacances de Noël à Paris en famille, aux frais de Meyer Habib, selon le journaliste d’investigation israélien Raviv Drucker ».
Que voulez-vous? On est juif ou on ne l’est pas: « Nouveau voyage à Paris, en octobre 2000, de la famille Nétanyahou, cette fois-ci réglé par le groupe Vendôme, l’entreprise de bijouterie de Meyer Habib, gérée par son épouse ».
L’article ce soir a été édulcoré, tel que l’indique la mention en fin de page:
« Mise à jour mardi 14 février, à 14 heures : une formulation pouvant prêter à confusion a été modifiée »: le manque de manières et l’outrance », apanage des séfarades, aurait été … atténué.
Honte à ceux qui écrivent ce ramassis indigne. Honte à ceux qui n’y voient aucune malice. Honte à ceux qui prétendront encore qu’ils ne savaient pas.
Sarah Cattan