
Infatigable Bernard-Henri Lévy ! Époustouflant même, dans ce deuxième film sur l’Ukraine “Slava Ukraini” dont la sortie est prévue, en salles, le 22 Février, et qu’on a vu en avant-première, au cinéma Le Balzac, dans une salle comble de personnalités, d’amis et de people ainsi que de témoins ukrainiens venus spécialement pour voir ce film. Jamais on n’a vu la guerre d’aussi près, avec autant d’intensité et de sacrifice. Le philosophe-journaliste a fait de l’Ukraine son obsession. Sa raison de vivre. Il court d’un front à l’autre, malgré les dangers qui se présentent. Un intellectuel qui se bat pour une cause. Il nous fait penser à André Malraux qui avait combattu en Espagne avant de rejoindre la brigade Alsace-Lorraine en 1944.
Son premier film, “Pourquoi l’Ukraine”, présenté au lendemain de l’invasion russe, était un documentaire sur les premiers mois du calvaire ukrainien et diffusé sur Arte. Avec ce nouveau film, Bernard-Henri Lévy reprend là où l’autre s’arrêtait. C’est un journal de bord tenu dans la seconde moitié de l’année 2022 et où l’on a tout consigné : petits et grands événements, aléas, émotions, témoignages de vivants et deuils, chronique du front et des villes bombardées, portraits.
Le film commence à Kharkiv, dans le Donbass. Il s’achève à Kherson, au lendemain de la libération de la ville, puis à Ochakov, la base d’où partiront peut-être les unités d’élite livrant la dernière bataille de l’Ukraine contre l’occupation russe et ses ravages.
Du Bangladesh à Mogadiscio, du Darfour aux Monts Nouba ou au Burundi, BHL s’est toujours intéressé à des guerres dont chacun pensait que l’issue affecterait à peine le reste du monde et que, du coup, et que tout le monde se permettrait d’oublier.
La guerre d’Ukraine, c’est le contraire. Elle n’est pas oubliée. Au contraire, on la voit et on la vit tous les jours, sous nos yeux. Elle risque de devenir une 3ème guerre mondiale. “L’objectif de mon film, explique Bernard-Henri Lévy, ce n’est pas de se complaire dans ce rôle de la Pythie mal vue, pas entendue et qui a eu raison avant tout le monde. C’est de convaincre. De secouer les gens. Et, à la fin, d’avoir tort. Mon film aura servi à quelque chose si, à la fin des fins, au bout du bout du parcours, on se dit : “Les gens n’ont pas été si mal, finalement. Il n’y a pas eu tant de lassitude que ça dans l’opinion… pas tant de “munichisme” que se disaient les Cassandre, l’auteur du film compris . Je suis un Cassandre dont le secret espoir est d’avoir tort, je suis peut-être Cassandre mais priant tous les jours pour que Joe Biden me renvoie très vite à mes chères études ou au livre de littérature que j’ai arrêté, il y a un an, pour me plonger corps et âme dans cette guerre”.
Accompagné de Marc Roussel, son co-réalisateur, du cameraman Olivier Jacquin et de son vieux copain Gilles Hertzog, BHL a partagé le quotidien des soldats et des civils ukrainiens. Izium, Lyman, Zaporijia, Kherson… Il a suivi les féroces batailles qui ont opposé les soldats de Volodymyr Zelinsky aux troupes russes. Mais aussi les décisions stratégiques secrètes prises à Kiev.
« Slava Ukraini » est conçu comme un journal de bord d’une heure et trente-cinq minutes qui nous emmène sur les lignes de front de l’Est et du sud du pays ainsi qu’aux côtés des populations civiles, étreintes tantôt par la peur, l’espoir, les larmes, le froid mais aussi par l’optimisme, en dépit de l’amertume et du prix élevé des conquêtes territoriales.
Produit par Margo Films, Canal+ et France Télévisions, « Slava Ukraini » (« Gloire à l’Ukraine ») devrait aussi sortir aux États-Unis au printemps.
© Alain Chouffan