Le Premier ministre Benjamin Netanyahu vient de démettre cet après-midi le président du Shas, le député Aryeh Deri, de son poste de ministre de la Santé et de l’Intérieur , conformément à la décision rendue mercredi par la Haute Cour de justice selon laquelle Deri était « inapte à occuper le poste de ministre en raison de son passé criminel ».
Qu’on l’apprécie ou non, il faut admettre que Netanyahu est un redoutable fauve politique: après avoir laissé à Deri le temps pour partir de lui-même, il vient de le démettre, faisant d’une pierre 2 coups :
- Il était obligé d’inclure Deri dans son gouvernement s’il voulait le constituer, puisque le Shas l’imposait comme chef en dépit de son passé de délinquant fiscal (voler ses concitoyens ne semble pas problématique à ces tenants affirmés de la Torah).
Une épine dans son pied… dont il savait qu’elle lui serait retirée par la Cour suprême, surtout après l’avis du Procureur Général. - Ladite décision de la Cour suprême lui permet d’enfoncer le clou quant à la nécessité de la réforme judiciaire pour un rééquilibrage entre les pouvoirs, puisque la Cour suprême vient de prouver une fois encore qu’elle s’immisçait dans la composition du gouvernement, et donc dans l’organisation du pouvoir exécutif.
- Les magistrats de la Cour suprême, enivrés par leurs pouvoirs sans cesse étendus du fait de leur seul arbitraire, ont ainsi scié la branche de l’arbre sur laquelle ils s’étaient installés. Le « vertige du pouvoir absolu » les a perdus.
Netanyahu destitue Deri du gouvernement « avec le cœur lourd et beaucoup de peine »
« Comme on le sait, j’ai décidé de vous nommer vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Santé avec l’approbation de la majorité des membres de la Knesset, car je vous considère comme un point d’ancrage d’expérience, d’intelligence et de responsabilité qui sont importants pour le État d’Israël en tout temps, et surtout en ce moment », a écrit Netanyahu dans une lettre à Deri, qu’il a lue à haute voix au Cabinet .
« J’ai également pensé qu’il était important que vous serviez l’État d’Israël en tant que membre du Cabinet de la sécurité nationale de mon gouvernement et que vous y apportiez votre contribution en raison de vos nombreuses années d’expérience en tant que membre du cabinet du gouvernement des anciens premiers ministres Yitzhak Shamir. et Yitzhak Rabin – une riche expérience qui contribue à la sécurité et à la résilience de l’État d’Israël.
Malheureusement, malgré ce qui précède, le 18 janvier 2023, la Haute Cour de justice a décidé que j’avais l’obligation de vous révoquer de votre poste de ministre de l’Intérieur et de la Santé. Cette décision malheureuse ignore la volonté du peuple, comme en témoigne le grande confiance que le public accordait aux représentants du peuple et à ses élus dans mon gouvernement alors qu’il était clair pour tout le monde qu’il servirait au gouvernement en tant que ministre principal.
J’ai l’intention de rechercher tout moyen légal par lequel vous pouvez continuer à contribuer à l’État d’Israël à partir de vos vastes expériences et compétences, conformément à la volonté du peuple.
Cependant, suite aux dispositions dudit jugement, je dois vous informer qu’en vertu de l’article 22 (b) de la Loi fondamentale, je suis contraint, le cœur lourd, avec une grande tristesse et avec des sentiments extrêmement difficiles, de vous démettre de votre poste de ministre au sein du gouvernement « , a conclu Netanyahu.
Arye Deri présent à la réunion hebdomadaire du Cabinet
Le souhait de Deri d’assister à la réunion était dû au fait que son ordre du jour comprenait « une mise à jour concernant le panier national de santé », sur lequel le ministère de la Santé sous sa direction avait travaillé la semaine dernière: « le panier national de santé » a donc été le premier élément mentionné par Netanyahu dans ses remarques au début de la réunion, des félicitation ayant été émises « pour avoir recommandé d’ajouter 128 nouveaux médicaments et technologies aux médicaments et services que les citoyens israéliens sont éligibles à recevoir via leurs HMO ».
Lapid : Ce n’est pas un gouvernement, c’est un cirque
Yair Lapid, sans doute fort des quelque 100 000 manifestants rassemblés hier, a publié une déclaration en réponse à la réunion du Cabinet: « Ce que nous voyons ici n’est pas un gouvernement, c’est un cirque ».
Pour info: La coalition cherche cependant une solution pour permettre à Arieh Déri de rester un membre à part entière du gouvernement ou d’y revenir bientôt. Il pourrait dans un premier temps se voir attribuer un statut d' »observateur » au sein du cabinet. Le gouvernement envisage on le sait la possibilité de promulguer un amendement à la Loi fondamentale afin que la Cour ne puisse pas interférer dans les nominations ministérielles.