
Aujourd’hui j’ai commencé la journée avec le sourire et dans la bonne humeur et je partage avec vous ce rayon de joie.
Je devais prendre le bus pour aller de Tel Aviv à Raanana. Pour ceux qui ne le savent pas, en Israël on ne peut plus acheter de billets en payant avec de la monnaie. Il faut se procurer une carte que l’on charge avec la somme voulue dans certains magasins qui offrent ce service et à chaque voyage on composte, le prix du trajet étant diminué du solde.
Malheureusement le chip de ma carte ne fonctionne pas bien et le chauffeur, en veston et cravate, très inusuel, tire plusieurs fois ma carte afin que je puisse être débitée. J’attends, énervée et anxieuse, car je ne peux payer autrement et je crains qu’il ne m’oblige à descendre. Ce qu’aurait fait tout chauffeur de bus qui se respecte en Allemagne ou en France. Pas d’argent, pas de voyage. Mais je suis en Israël !!!
Le chauffeur lève les yeux de l’écran du composteur et me demande :
– Bat kama at giveret? Quel âge as-tu, madame? – Le tutoiement est normal en Israël-
Supposant qu’une remarque désobligeante allait suivre, je sens la moutarde me monter au nez et je lance :
– Ma ikhpat lekha? Qu’est-ce que ça peut te faire?
Avec un sourire malicieux et sur un ton aimable :
– Si tu avais 75 ans, tu n’aurais plus besoin de payer, les voyages en bus sont gratuits pour les retraités.
J’ignorais totalement! Je lui confirme mes 75 ans. Il me rend ma carte et me montre la boîte pleine de bonbons posée à côté du composteur.
– Sers-toi, me dit-il.
– Est-ce ton anniversaire aujourd’hui ? Dois-je te souhaiter Mazal tov?
– Non, répond-il avec un large sourire et un clin d’œil: C’est chaque jour l’anniverversaire de mes voyageurs.
Je fonds, je l’aurais presque embrassé!
Il m’a réconciliée avec Israël, celui que j’aime mais qui s’efface lentement au son des folles exigences des nouveaux alliés de Bibi. Mais là n’est pas mon sujet aujourd’hui.
Je souhaite à tous une journée embellie de sourires amicaux.
© Ève Surowicz
