Tribune Juive

Les Bras m’en tombent. La Chronique de Denis Parent. Mercredi 12 octobre 2022

Les bras m’en tombent. Mardi 12 Octobre 

La guerre. Seuls ceux qui ne l’ont pas subie jouent les matamores dans les bistrots. Je ne l’ai vue , thanx god, que de loin, à Jérusalem, dans les rues de Tel Aviv, où passaient des patrouilles enfouraillees ou des civils avec attaché  case et le calibre sur la hanche. Mais je la devine sans trop la comprendre, dans la ruine, l’instantanéité, le fracas puis le silence.

La guerre. Elle procède du mensonge. Elle prétend tuer par dépit , par colère ou par représailles. Elle se cherche toujours un sens pour assumer la douleur et justifier la souffrance. Mais dés qu’on l’a lâchée la guerre, elle est perdue, elle tourne et s’abat sur ce qui se peut détruire par compensation , plutôt que sur ce qu’elle voudrait occire par nécessité . On ne gagne pas les guerres, on finit par les laisser la ou elles se sont arrêtées. 

Ou alors on gagne d’en mourir parce qu’on peut y trouver la paix. Les 50 premières page de « Guerre » de Céline relatent le délabrement organique et le chaos spirituel du blessé , condamné à sa propre errance dans un soi qui n’est plus le même. Ce n’est pas le sang, l’infection, la purulence ou la cicatrice qui changent le miraculé . C’est de découvrir que sa vie était une fiction commode à oublier et qu’il a perdu soudain une matière spirituelle dont le fantôme reste la pourtant puisqu’elle gratte encore sans plus avoir d’objet. Survivre pour être dépossédé. 

Quand elle est loin la guerre, c’est comme la bête du Gevaudan , un monstre commode et plutôt excitant. Attendez qu’elle vous mette le feu. Je ne suis pas pacifiste , j’aimerais bien. Mais je ne supporte plus les ricanements, les avis avisés, les propagandes consenties, les matamores numériques, les vengeurs de jours fériés, les avortés de l’idéologie , qu’on lit ici et la , péremptoires et furieux.

Il y a des supporters de la guerre avec banderoles et chansons à boire. Des QI atrophiés comme des intellectuels de l’arrière. Ils veulent gagner le match ces amputés qui s’ignorent. Je les ai entendus sur l’Algérie, le Vietnam, le Cambodge, l’Afghanistan 1,2 et 3 (une bien belle série), l’Irak, la Tchétchénie,la Serbie, la Syrie, l’Arménie, et maintenant l’Ukraine. J’en oublie, ça guerre des qu’on tourne le dos. 

Pendant la guerre des autres , qui sera peut être un jour la notre, est-ce que les logorrhéiques pourraient faire une minute de silence ? Pour s’entraîner à mourir , au cas où ils seraient sur la trajectoire du missile.

© Denis Parent

La Chronique de Denis Parent « Les bras m’en tombent », que tous ses lecteurs assimilent à ses humeurs, est née il y a trente ans dans « Studio Magazine », où l’auteur nous entretenait de cinéma.

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