Tribune Juive

Gérard Kleczewski. Avignon, je n’irai plus danser sur ton pont…

L’image, « l’œuvre » si l’on peut dire, a fait le tour des réseaux sociaux depuis hier…
Elle porte le nom de « La Bête 2 »
Un mur d’Avignon, l’ancienne cité des Papes (et des juifs du Comtat Venaissin), la ville du plus grand festival de théâtre français …
Le parking des Italiens à l’entrée de la ville…

Un « artiste » grapheur (Lekto), pas à son coup d’essai dans l’imagerie dégueulasse, vient d’utiliser ce vieux et terrible poncif antisémite du Juif tirant dans l’ombre les fils de nos gouvernants, en l’occurrence Jacques Attali ceux de la marionnette Pinocchio-Macron. 

Pas besoin d’être juif ni même très féru d’histoire pour savoir combien on retrouve là à l’évidence le stéréotype, utilisé maintes fois dans l’histoire de la France la plus rance, des Antidreyfusards aux membres les plus zélés du régime de Vichy et de la collaboration avec l’Allemagne nazie.

Ce, quelques jours seulement après que des supporters de certains candidats Insoumis aient repris l’imagerie de la pieuvre étouffante de firmes mondialisées, dont le Pfizer du « juif » Bourla.

Ce, quelques mois après qu’un socialo-trotskyste ait utilisé l’image du banquier Macron (brassard nazi bien en vue et pourtant ex-collaborateur Rothschild) avec autour de lui notamment Drahi et… Attali.  

Fresque recouverte, nausée toujours en cours…

A l’heure où j’écris ces lignes, France Bleu nous apprend – je cite – que « Après une vive polémique, la fresque à l’entrée d’Avignon sera recouverte. Selon le Grand Avignon, c’est à linsistance du préfet que l’image d’Emmanuel Macron en marionnette manipulée par Jacques Attali sera recouverte.« 

L’histoire retiendra, si l’image disparait bien de cette façade, qu’il aura fallu – en dépit de la levée de boucliers sur Twitter notamment – l’intervention d’un préfet pour que cette image terrible soit retirée de la vue des Avignonnais et des visiteurs de cette ville prétendument de culture. Les édiles locales n’y trouvaient en effet rien à redire. Le « Grand » Avignon (j’aurais tendance à dire « le tout petit »), propriétaire du bâtiment, avait en effet expliqué (sans rire) que – je cite toujours – « chacun peut interpréter l’image comme il veut puisqu’il n’y a pas de mot sur ce mur« . La ville d’Avignon surenchérissait en assurant « vouloir ainsi respecter la liberté d’expression« .

Des édiles de gauche qui ne trouvent rien de mieux qu’être sur ce point parfaitement en phase avec la fachosphère-complotiste et autres soutiens de gilets jaunes qui s’étaient déjà extasiés précédemment devant le « talent » de Lekto (plutôt d’extrême-gauche pourtant) grimant Olivier Véran entouré de seringues, Jean-Michel Blanquer avec un bonnet d’âne, s’emparant de l’image de Coluche (le meilleur ami de Jacques Attali soit dit en passant) lors de sa campagne présidentielle avortée de 1981 qui invitait – je cite encore – « à foutre au cul » des gouvernants, se moquant des CRS, ou glorifiant Maradona et le Professeur Raoult.

Difficile de décrire la diarrhée tweetienne qui a suivi la décision finale d’effacer cette horreur murale, au demeurant esthétiquement plutôt réussie : telle cette dame (apparemment dénommée Eliane Carrier) prétendant sur Twitter dire « la vérité, celle qu’on nous cache » qui écrit « Gepetto était antisémite ?? Pinocchio aussi ? Qui savait ? » ou cet autre suivant un smiley d’un bonhomme rouge de rage : « Où voyez-vous de l’antisémitisme ? Cette fresque représente Gepetto (Attali) qui a créé Pinocchio (Macron) » et incitant à se rappeler des propos de Jacques Attali en 2017 : « Emmanuel Macron ? C’est moi qui l’ai repéré. C’est même moi qui l’ai inventé ».

Deux exemples parmi des centaines d’autres, gommant l’abjection du message au motif que la vérité est bâillonnée, et que ce sont toujours les mêmes qui la bâillonne : les juifs.

Cette même conviction qu’on retrouve notamment chez les adeptes de Farakhan et du Pasteur Jackson aux Etats-Unis, chez certains admirateurs de Trump, Bolsonaro, et Orban pointant cette fois du doigt Soros ou encore chez les Iraniens et leur ami Dieudonné, Corbyn et Maduro et leur ami… ah non, désolé, n’allons pas trop loin…

© Gérard Kleczewski

Gérard Kleczewski est Citoyen et Journaliste

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