Tribune Juive

Charles Rojzman. Le combat contre l’imposture

« L’imposteur est un homme qui essaye d’acquérir un pouvoir sur une fraction plus ou moins étendue de l’humanité en lui imposant un mensonge, ou un système de mensonges. Il en tire divers avantages d’orgueil ou d’intérêt. Cela peut aller de l’exploitation de quelques naïfs, à celle de peuples entiers », écrivait Jules Romains en 1944.

On voit à quels imposteurs il pensait en cette fin de la deuxième guerre mondiale.

Mais voici revenu le temps des imposteurs. Leur technique est toujours la même : « Cette technique a pour objet de frapper l’imagination de la foule en manipulant des émotions de peur ou de haine et de la mettre en état de réceptivité mentale. »

Toute l’œuvre des Philosophes des Lumières au XVIIIème siècle a consisté à tenter de démasquer l’imposture. Leur illusion et celle d’un Victor Hugo plus tard a été de croire qu’il suffisait d’instruire les peuples pour qu’ils ouvrent les yeux et restent vigilants face à l’imposture.

Hélas, l’histoire du XXème siècle a prouvé le contraire. Ce qui est survenu au sein du peuple le plus instruit de l’Europe -les Allemands- a bien montré que la connaissance à elle seule ne pouvait prémunir du poison de l’imposture. Le XXème siècle a prouvé que ce ne sont pas les livres qui permettent de faire reculer la superstition et l’intolérance et que ce n’est pas en développant l’instruction qu’on met en fuite l’imposture.

L’instruction permet peut-être -et encore ce n’est pas sûr- de se prémunir contre les erreurs du passé mais en aucun cas elle ne donne une immunité contre les mensonges du présent. Les propagandes fonctionnent encore mieux sur des esprits éduqués qui peuvent croire facilement à un mélange de vérités, de demi-vérités et de mensonges. Seul l’esprit critique est capable de discerner l’imposture.

Aujourd’hui, l’imposture a perfectionné ses moyens. Grâce aux outils modernes de diffusion et de communication, en s’emparant de médias complices et volontaires, au service d’intérêts dissimulés, ou involontaires et aveuglés par le relativisme et l’absence de conscience des enjeux et des pouvoirs en présence dans ce qui ressemble à une nouvelle forme de guerre, elle se met en ordre de marche, une fois de plus.

© Charles Rojzman

Charles Rojzman est Essayiste et Fondateur d’une approche et d’une école de psychologie politique clinique, « la Thérapie sociale », exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.

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