
Zemmour n’est pas le bienvenu au dîner de Kalifat. Pourtant, je parierais qu’il serait accueilli à bras ouverts à la table de la majorité des français juifs, que beaucoup se plaisent à qualifier « de service ». Et ils le sont, « de service », mais à la France, leur pays.
Grosse erreur du CRIF qui n’a pas mesuré à quel point le choix de la neutralité politique eut été le meilleur. En effet, lorsque Zemmour sera élu, Kalifat sera bien déconfit de devoir dîner en l’absence du Président de la République.
Mais qu’il se rassure, Korsia sera là pour lui prêter l’épaule. Et puisque les convives peuvent évidemment venir accompagnés, Macron lui tiendra la main. Les deux compères seront applaudis comme deux résistants réfugiés à Londres. Et personne, absolument personne, ne fera observer au grand rabbin de France que sans lui, nul n’aurait osé qualifier Zemmour de « juif de service ». Personne n’aurait même simplement osé rappeler les origines juives de Zemmour.
Les français juifs pensaient être parvenus à devenir des citoyens comme les autres. Mais c’était sans compter sur le manque de sagesse du grand rabbin de France qui, l’année dernière, s’est senti autorisé publiquement sur France 2 à rappeler avec ironie, à la nation toute entière, la judéité d’Éric Zemmour pour ensuite s’arroger le droit de mieux l’excommunier.
S’il est une chose que les juifs savent d’instinct, c’est le danger que constitue le fait d’être au centre des discussions. À qui la faute ? à Zemmour qui aurait commis l’erreur d’être juif ? ou à ceux qui ne cessent de rappeler sa judéité au lieu de dénoncer un faux débat ?
Comme je l’ai déjà écrit, Korsia aurait dû répondre au journaliste qui l’interrogeait sur France 2 qu’il trouvait sa question déplacée et qu’il n’avait pas à rappeler l’origine juive de Zemmour. Aurait-il mentionné son origine si Zemmour avait été catholique ou musulman ? Chacun sait comment Korsia choisit de répondre. Et chacun mesure aujourd’hui que, ce faisant, il donna le feu vert aux dérapages auxquels nous assistons ces derniers jours et qui risquent fort de se multiplier avec la bénédiction du grand rabbin.
S’il faut chercher un juif de service, encore faut-il le faire au bon endroit.
© Elie Sasson