Tribune Juive

Guy Boyer. Les artistes juifs de l’École de Paris font vibrer le MahJ

Jusqu’au 31 octobre, le musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris met en avant les artistes juifs d’Europe de l’Est appartenant à l’École de Paris. Cette génération de peintres allant de 1905 à 1940 est en effet constituée de nombreux créateurs attirés par la vivacité de la capitale française au début du XXe siècle. Les plus connus sont Chagall, Modigliani et Soutine mais il y en a quantité d’autres. 

 Le Musicien aveugle (1916) de Pinchus Krémègne, présenté dans l’exposition « Chagall, Modigliani, Soutine… Paris pour école 1905-1940 ». Paris, 2021 (©Guy Boyer). / Pinchus Krémègne

De Russie ou d’Italie

Nombreux sont les artistes de l’École de Paris dont on ignore la confession. L’Italien Amadeo Modigliani ou la Russe Sonia Delaunay font en effet partie de ces créateurs juifs qui ont pris « Paris pour école », pour reprendre le titre de cette exposition. On y croise également l’Allemand Lou-Albert-Lasard, le Hongrois Alfred Reth, le Tchèque Georges Kars ou le Russe Pinchus Krémègne.

Styles différents

Ne cherchez pas un style commun à tous ces artistes. Lorsqu’ils arrivent à Paris au début du XXe siècle, ils ont tous suivi des formations artistiques dans leurs pays d’origine. Léopold Gottlieb et Jules Pascin, par exemple, ont suivi des cours à Munich. Tous, cependant, vont traîner leurs guêtres dans les différentes académies de Montparnasse, le quartier des arts qui va détrôner Montmartre.

Cubisme et post

Influencés par les recherches cubistes de Braque et de Picasso, nombre de ces artistes optent pour une géométrisation des formes. Les peintures de Marcoussis, Reth et Hayden sont des variantes des compositions cubistes mais mâtinées de couleurs fauves ou d’abstractions plus ou moins radicales. Sonia Delaunay, comme son époux Robert, choisit l’orphisme et les cercles chromatiques, que l’on retrouve dans la Prose du Transsibérien illustrant le texte de Blaise Cendrars.

Un choix superbe

Chaque artiste, même les plus prisés, est représenté par un choix superbe d’œuvres sorties de nombreux musées de province comme Troyes, Villeneuve-d’Ascq ou Grenoble, sans oublier le musée national d’Art moderne et celui de la Ville de Paris. Modigliani est, par exemple, illustré par une sculpture et deux portraits qui rappellent son passage de la sculpture à la peinture. Même sélection judicieuse pour Chagall, Soutine, Zadkine et Kisling.

Des Années Folles à l’Occupation

Le parcours entraîne le visiteur de la Première Guerre mondiale (8 500 juifs étrangers dont Marcoussis, Kisling et Mondzain rejoignent les rangs de l’armée française) aux Années Folles (période de renaissance d’une culture juive indépendante) et à 1940 (avec le départ de certains artistes comme Chagall et Lipchitz vers l’étranger ou l’arrestation et la déportation de nombreux autres).

Ne pas manquer Hersh Fenster !

Au sous-sol du musée, il ne faut pas manquer l’exposition Hersh Fenster qui complète parfaitement celle dédiée à l’École de Paris. Cet écrivain et journaliste a publié en 1951 un livre intitulé Nos artistes martyrs et écrit en yiddish (le musée en publie la version française avec les éditions Hazan). Celui-ci rappelle la carrière de 84 artistes juifs de la scène française qui sont morts entre 1940 et 1945. On y retrouve aussi bien Chaïm Soutine que Otto Freundlich.

Informations pratiques

Chagall, Modigliani, Soutine… Paris pour école, 1905-1940

© Guy Boyer

https://www.connaissancedesarts.com/musees/musee-art-histoire-judaisme/les-artistes-juifs-de-lecole-de-paris-font-vibrer-le-mahj-11163642/?fbclid=IwAR2T0KRtepSGk_SJpno1JkJeVj98Yprj4-YXBZzChbhRP4A5GPg1bv4ugOs

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