Samedi 17 juillet 2021 se sont tenues en France plusieurs manifestations. Les manifestants s’opposaient à la vaccination, aux mesures gouvernementales destinées à en éviter la propagation et à l’instauration d’un laisser-passer sanitaire dans la vie quotidienne des usagers privés et publics.

Des manifestants présentaient des arguments de deux natures différentes.
D’une part, l’évocation légitime et recevable des libertés publiques- et notamment celle de circulation-, de souveraineté sanitaire personnelle et de liberté de conscience.
D’autre part, des rappels insensés, suggestifs, erronés, malveillants à la Shoah et aux sort réservés aux populations juives persécutées et exterminées pendant la seconde guerre mondiale.
S’agissant des libertés publiques, les manifestants et leurs organisateurs menacent de saisir le conseil constitutionnel, les tribunaux de l’ordre judiciaire, la cour européenne des droits de l’Homme, etc. Il est possible que leurs arguments soient ainsi examinés. Pour autant, il est peu probable qu’ils puissent dépasser les principes qui leurs sont supérieurs en termes d’intérêt général et de santé publique. Autrement dit, les justes principes invoqués lors des manifestations ne pourront vaincre les circonstances sociales, sanitaires et juridiques que constituent les droits personnels et collectifs à la santé publique. Il s’agit d’un combat vain…à moins de violer les principes constitutionnels, européens et internationaux y relatifs.
S’agissant de la prétendue identification des mesures de contrôles annoncées à celles qui ont conduit à la privation des droits, à la désignation, à la persécution, aux violences, à la déportation, à l’enfermement concentrationnaire et à l’extermination des personnes juives en Europe entre 1940 et 1945 est infondée, inconsistante et indémontrable. S’il est ajouté les voies de recours parlementaires et judiciaires mises à la disposition des « anti vaccins », le parallèle est absurde et inconvenant. Si l’on ajoute les réactions publiques et écœurées de rescapés de la Shoah des descendants des victimes et des français de confession juive, la comparaison est abjecte. Enfin, le nombre actuel de victimes françaises de délits et crimes antisémites ne permet pas de dissocier les comparaisons offensives et illogiques des mesures de destruction d’êtres humains juifs avec les décisions de prophylaxie générale de la population française.
En toutes hypothèses, le parcours d’un tel projet de loi nécessite les contrôles successifs du conseil des ministres (de pure forme), de l’Assemblée nationale (acquis), du Sénat (effectif), du conseil d’Etat (facultatif), du conseil constitutionnel (éventuel).
Par conséquent, compte tenu de l’ensemble de ces éléments, il ne saurait trop être conseillé à certains de ces manifestants et opposants sanitaires tempérance, humilité, étude de l’Histoire, réflexion et libération de dogmes obsessionnels relatifs aux Juifs.
Pierre Saba