Tribune Juive

Jean-Pierre Sakoun. Le 14 juillet vu par Hugo

En ce Quatorze juillet, je vous fais cadeau de cette page de Victor Hugo.

Puis-je demander respectueusement à tous ceux, doloristes, idéalistes cœurs saignants, à tous ceux qui ne comprennent pas que le défilé militaire du quatorze-juillet symbolise le peuple en arme pour sa liberté, à tous ceux coupables de tout et surtout d’être français, honteux de leur hymne national, cet hymne qui a fait se soulever tous les peuples opprimés du monde pour la conquête de leur liberté, de lire ces mots et de chanter enfin ce cri de révolte et d’espoir à gorge déployée ?

« La musique, c’est la puissance. Cette Marseillaise, voyez-vous, c’est un projectile. Il s’agit de jeter bas le vieux monde. La Marseillaise part, tonne, et frappe. Il s’agit de délivrer, de sauver, de régénérer, d’écraser toutes les bastilles, d’abolir toutes les exploitations, de délier l’esclave, de racheter le pauvre, d’anéantir tous les despotismes, le despotisme de l’or comme le despotisme du dogme ; il s’agit de payer la vieille dette de toutes les fatalités et de toutes les misères; il s’agit de remuer le fond de l’homme; il s’agit de faire ouvrir les ailes toutes grandes à l’âme du peuple. Ecoutez :

Amour sacré de la patrie,
conduis, soutiens nos bras vengeurs.
Liberté, liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs.

Voyez-vous ces horizons qui resplendissent ? Voyez-vous l’immense porte entrebâillée de l’avenir ? Plus de tyrannie, plus d’ignorance, plus d’indigence. Plus de prostitution pour la femme. Plus de servitude pour l’homme. Le genre humain était couvert de chaînes, ce chant les dissout. Plus de pourpres en haut, mais plus de haillons en bas. Fraternité. Où sont les pauvres, dans les bras des riches. Refoulement des despotes dans les ténèbres. L’antique fatalité est morte. Délivrance ! Délivrance !

Aux armes, citoyens ! Formez vos bataillons !
Marchons ! Marchons ! Qu’un sang impur abreuve nos sillons… »

« Choses vues »
Victor Hugo

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