Plusieurs jours après la bousculade mortelle de Meron on reste sidérés par l’étendue de ce désastre, choqués et solidaires de toutes ces victimes mortes dans l’accident avec une grande tristesse pour les familles endeuillées.
Un tel drame doit nécessairement trouver des explications et il faut par dessus-tout empêcher que ça recommence.
Les commissions d’enquête vont se mettre au travail et nul doute que les israéliens auront à cœur de faire toute la lumière dans les semaines à venir.
A ce stade il y a déjà plusieurs certitudes.
La première c’est que malheureusement il n’y avait pas de pilote dans l’avion. Il n’y a pas de gouvernement stable à l’heure actuelle en Israël et cela dure depuis 2 ans.
Les ministres, y compris le premier, sont sur des sièges éjectables, tout au plus intérimaires, et n’ont plus l’autorité nécessaire pour imposer des décisions même raisonnables.
La politique des clans, celle des arrangements à la sauvette entre partis politiques l’a emportée pour le plus grand malheur des pèlerins de Meron.
Il parait que la jauge avait été fixée à 10 000 par les autorités. Or 10 000 c’est 10 000 et pas 100 000 .
Avec l’épidémie de Covid tout le monde s’est habitué aux jauges et les états organisés, Israël en est, ont du faire respecter les jauges c’est à dire le nombre de personnes autorisées.
Or là on a assisté à une irresponsabilité générale, sans filtre.
Des centaines d’autobus ont été affrétés par les organisateurs, pour évidemment ramener des dizaines de milliers de pèlerins. Les routes ont été engorgées par des embouteillages monstres dans la direction du nord c’est à dire en l’occurrence du mont Meron.
L’anarchie a triomphé, et quand l’anarchie triomphe c’est toujours au détriment du peuple. Le gouvernement n’a pas bronché, les routes n’ont pas été fermées et la police malgré de nombreux renforts n’avait aucune légitimité pour dire stop à l’afflux des fidèles.
Cette faillite collective liée à l’absence d’autorité et de leadership des uns et des autres sera naturellement sanctionnée. Après une telle tragédie les choses ne peuvent rester en l’état et il faudra également à mon sens revisiter la façon qu’ont les israéliens de faire de la politique.
Les partis ultra orthodoxes se rendent indispensables dans la construction de toute majorité mais ils exigent en contrepartie d’avoir la haute main sur ce type d’évènements.
On voit aujourd’hui ce qu’il en coûte. Sans autorégulation, sans rationalité et en l’absence du minimum de principe de précaution c’est la catastrophe.
Elle aurait pu être évitée si Israël n’était pas en proie à une période de grande faiblesse politique à laquelle il faudra bien mettre un terme après Meron.
Elle aurait pu être évitée aussi si la classe politique israélienne cessait d’être une simple juxtaposition de communautés et d’intérêts occupée à préserver leur pré carré plutôt que de l’intérêt national.
Elle aurait pu être évitée si le gouvernement israélien n’était pas devenu l’otage d’intérêts particuliers.
Raphaël Nisand Chroniqueur sur Radio Judaïca