Tribune Juive

Georges Haymann. On ne va pas se voiler la face …

Depuis ce matin, je lis et j’entends des satisfecit à répétition concernant le « succès » des manifs qui se sont déroulées hier pour protester contre la décision de Justice qui déresponsabilise pénalement l’assassin de Sarah Halimi.
Il y avait à Paris 20.000 personnes, principalement Juives.
Les personnalités et les intervenants étaient principalement Juifs.

Ceux qui espéraient de ces manifestations qu’elles montrent la merveilleuse unité de la société française, unie contre la barbarie, en sont pour leur frais.

Comment pourrait-il en être autrement ?

En France, on descend dans la rue quand il s’agit d’un crime raciste ou antisémite venant de la mouvance d’extrême droite.
Beaucoup moins quand il s’agit d’un crime perpétré par un musulman.
Enfin, en France, on descend de moins en moins dans la rue pour les causes collectives morales et éthiques.

Un simple retour sur les réactions aux évènements antisémites de ces 40 dernières années est particulièrement parlant.

1980 : attentat de la rue Copernic

Le 7 octobre 1980, une « grande marche contre le racisme et le fascisme » est organisée à Paris quelques jours à peine après l’attentat qui a fait quatre morts, y compris comme l’avait déclaré R. Barre (à l’époque premier ministre) des « français innocents » …

200 000 manifestants de tous bords politiques défileront en silence pendant quatre heures de la place de la Nation à celle de la République.

A ce moment-là, la plupart des commentateurs, experts et responsables sont persuadés que cet attentat est l’œuvre de l’extrême-droite, ce qui sera plus tard totalement infirmé par l’enquête qui pointera une seule et unique responsabilité : Celle des groupes terroristes palestiniens et de la mouvance d’extrême gauche internationale qui lui sert de relais et de support.

1990 : Profanation de tombes Juives au Cimetière de Carpentras

Le 14 mai 1990, 200.000 personnes, de gauche comme de droite, se réunissent place de la République et marchent jusqu’à la place de la Bastille. Là encore, le repoussoir que représente la mouvance néo-nazie, en pleine montée du FN, et en plein milieu de la partie « je t’aime, moi non plus » entre Mitterrand et Le Pen, joue à plein et aide à « remplir » cette manif …

2006 : Meurtre d’Ilan Halimi.

Le 26 février, environ 50.000 personnes manifestent à Paris contre le racisme et l’antisémitisme.

2012 : mohamed merah

Le 25 mars 2012, 20 000 personnes participent à une marche silencieuse à Paris, de la Bastille à la Nation, « contre le racisme, l’antisémitisme et le terrorisme », pour rendre hommage aux sept victimes du « tueur au scooter ».

2018 : Marche à la mémoire de Mireille Knoll

En Mars 2018, 25.000 personnes défilent à Paris lors d’une marche blanche, organisée en mémoire de Mireille Knoll, 85 ans, elle aussi assassinée chez elle parce que Juive.

Février 2019 : Manifestation institutionnelle contre l’antisémitisme.

A l’initiative du Parti socialiste, des représentants d’une vingtaine de partis appellent à manifester le 19 février partout en France, pour lutter contre l’antisémitisme.
On a compté 20.000 participants à la manifestation parisienne.

© Georges Haymann

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