
Le voyage du pape en Irak, sa rencontre avec l’ayatollah Sistani est présentée par les médias comme une rencontre politique de premier plan.
Ça n’est qu’une opération de communication de premier plan. Il n’y a aucune politque derrière, car il n’y a aucun rapport de forces qui est engagé.
L’erreur du pape est de croire qu’il est perçu par les musulmans comme une puissance politique planétaire et qu’il peut traiter d’égal à égal, en Irak, avec un ayatollah chiite ou en Egypte, avec un mollah sunnite d’Al Azhar.
IL n’est vu que comme un vassal venant plier le genou et offrir sa reddition.
Sa deuxième erreur est de croire qu’une main tendue engage l’autre. Un peu comme le voyage d’Obama au Caire et son opération de comm envers le monde arabe: « On vous aime, On va changer ». On a vu le résultat !
La troisième erreur est le déni de réalité. Les chrétiens ont fait l’objet d’une opération d’épuration ethnique que personne dans le monde musulman ne regrette. L’épuration ethnique a commencé avec le massacre des Arméniens au début du XXème siècle par les Turcs et elle s’est pousuivie sous l’Etat islamique en Irak et en Syrie, en « Palestine » sous Yasser Arafat et Mahmoud Abbas, en Egypte contre les Coptes…
Il ne reste quasi plus de chrétiens au Moyen Orient, sauf en Israël où ils vont très bien merci, mais où le pape ne se rendra jamais.
L’épuration ethnique a concerné aussi les Juifs. Entre 1948 et 1960, près de neuf cent mille Juifs ont été chassés d’Irak, du Yemen, de Libye, du Maghreb, de Syrie etc. Dans le silence le plus absolu.
Certains affirment que leur départ est la conséquence de la création de l’Etat d’Israël. C’est le contraire. L’expulsion des Juifs avait été programmée dès les premières heures de l’indépendance et un statut des Juifs avait même commencé d’être élaboré par la Ligue arabe: se faire recenser, communiquer son numéro de compte bancaire, accepter de financer le Djihad pour la Palestine etc…
Heureusement qu’il y avait l’Etat d’Israël pour les accueillir, car leur départ est tout simplement la conséquence de l’accession des pays du Moyen Orient à l’autonomie politique.
Le monde musulman ne conçoit la planète que purifiée au plan ethnique et religieux, Et le monde chrétien ne peut pas imaginer qu’il soit devenu le juif du Moyen Orient. Alors, il va tendre la main. L’autre va la serrer avant de lui envoyer un coup de boule.
Enfin, dernière erreur stratégique, le pape n’a rien à négocier avec les puissances religieuses islamiques. Il n’a rien à offrir à part sa main tendue.
La puissance temporelle du pape est en Occident. S’il veut agir, il doit aller voir Macron, Merkel, Biden…, leur tirer violemment l’oreille, les menacer de lâcher contre eux ses troupes de curés, d’évêques et de cardinaux. C’est aux politiques occidentaux de faire pression sur les politiques musulmans afin qu’ils calment leurs fanatiques.
Lui tout seul? Le pape ? Pauvre pomme va !
© Yves Mamou
Contributeur régulier du site américain The Gatestone Insitute, Yves Mamou est l’auteur de nombreux ouvrages dont Hezbollah, dernier acte (Plein jour, 2013) et Le Grand Abandon. Les élites françaises et l’islamisme (L’Artilleur, 2018).
A paraître le 27 avril chez L’Artilleur: Dix Petits mensonges et leurs grandes conséquences.