Tribune Juive

« Polémique? » Non! « Décapitation d’un Professeur »

Samuel décapité : Que de responsables de l’ignominie

De façon peut-être simpliste, et pour ne retenir, parmi tant d’autres, quelques événements qui nous ont changé la face du monde et nous ont tous changés, je n’en listerais que 2 ou 3

Avant et Après le 11 septembre

Avant et Après l’assassinat d’Ilan Halimi

Avant et Après Charlie, le Bataclan

Avant et Après la décapitation de Samuel Paty

Et je ne peux m’empêcher de constater avec un dégoût certain que décidément On s’habitue à Tout

On s’habitue à Tout, et peut-être même de plus en plus vite, comme si nous anticipions sur le malheur à venir, l’émoi hurlé de partout quelques jours durant, le grand concours d’éloquence, Je ne parlerai pas des fleurs et des bougies, de nos marches dérisoires

Samuel Paty ? Mon collègue et ami, un professeur tout de même, décapité au retour du collège et pour les raisons que l’on sait et de la manière que l’on sait : son assassinat inédit a-t-il fait bouger quelque ligne ? Non.

Non seulement la chose est digérée, mais encore on aimerait tant l’oublier un peu.

Donner son nom à quelque collège ? L’idée fut refusée à l’unanimité par une bande de lâches constituée de parents d’élèves et enseignants.

Lesquels, au lieu que de se dire qu’il fallait impérativement débaptiser X établissements pour leur donner le nom de Samuel, choisirent la prudence lorsqu’elle ressemble à la soumission, préférèrent la honte à l’exigence du devoir de mémoire.

Media et dirigeants vinrent porter main forte au monde éducatif, choisissant de faire passer pour fous les quelques téméraires qui osèrent résister.

Le summum est atteint lorsque tous les paresseux reprennent sans broncher la Une du Parisien, lorsqu’il nous annonce, se vautrant dans l’ignoble, un fait que chacun savait déjà mais qu’il le fait de surcroît dans un Titre où l’inconscience le dispute au déni, la bêtise à la pleutrerie, la bêtise générant un goût amer de collaboration : Il nous est ici parlé de … Polémique, mais encore de … Confession sur fond de contexte familial difficile, pour évoquer, lui trouvant quelque excuse,  Z., l’élève qui s’était plaint de l’islamophobie de son professeur, laquelle aurait reconnu devant le juge antiterroriste qu’elle n’avait pas assisté au fameux cours de l’enseignant défunt sur la liberté d’expression. Jour qu’elle appelle, l’idiote, le jour des caricatures.

Je ne sais qui est le journaliste auteur de titre immonde. Ni ceux qui paresseusement le recopièrent ou le tweetèrent. Je ne sais qui est le complice prétendant arguer de son expérience pour nous expliquer ce qu’était un … contexte familial difficile

J’ai menti sur un truc, avance la benête aujourd’hui. Et l’on croit faire un cauchemar lorsque l’auteur de l’article lui donne encore la parole : la donzelle n’aurait jamais vu les caricatures et aurait inventé cette histoire pour se sentir exister aux yeux de son père, mais, comprenez-vous, elle dit la chose … en pleurant

Le père ? Brahim Chnina regrette sincèrement l’ampleur des dégâts

Et l’on nous sert enfin la déclaration de l’avocat de Z., lequel refuse que l’on fasse porter la responsabilité de cette tragédie sur le mensonge d’une gamine de 13 ans, et celle de l’avocat du père, qui aurait pris du recul, aurait eu le temps d’analyser ce qui s’était passé, et, Croyez-le ou pas, ferait cauchemars toutes les nuits.

Eh bien quoi ? Non Tout être humain n’est pas récupérable.

Non encore, Il ne s’agit pas là d’un mauvais papier : c’est au mieux l’œuvre d’un inconscient dénué de toute subtilité. L’oiseau devrait cesser de se mêler de ces sujets d’importance. Ou alors, s’il sait ce qu’il écrit, gageons qu’il nous servira demain la défense d’Assa Traoré et consorts.

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