
A ceux qui ne veulent pas comprendre leur ennemi mais guerroyer aveuglément.
Très tôt, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai subi l’initiation du mal. Malgré le silence de mes parents sur mes frères, mes grands-parents, mes oncles et mes tantes assassinés, leurs fantômes étaient présents dans mes cauchemars d’enfant. J’ai senti l’odeur de la mort et j’ai vécu mon enfance dans la terreur.
Mais très tôt, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai voulu comprendre le mal. Je rêvais d’être un jour le roi Salomon. « La sagesse de Salomon surpassait la sagesse de tous les fils de l’Orient et toute la sagesse des Égyptiens. Il était plus sage qu’aucun homme et sa renommée était répandue parmi toutes les nations d’alentour. »
Désormais, je comprends le mal
Je comprends toutes les violences, des plus graves aux plus légères: la pédophilie, l’inceste, le vol, le viol, le sadisme, le masochisme, le racisme, l’antisémitisme, le voyeurisme… Je les comprends aussi parce que je ne jurerais pas d’être indemne de toute tentation de faire le mal.
Il se peut que ma vision de l’Homme soit obscurcie par les feux de l’enfer que la vie m’a donné de fréquenter et par ma proximité avec la cruauté inouïe des monstres humains que j’ai cherché à rencontrer. Mais je crois sincèrement que nous avons tous nos zones d’ombre, que nous passions à l’acte ou non. Le gendarme et la morale retiennent la plupart d’entre nous sur le seuil du mal mais il existe une zone grise, où tout se confond parfois.
Les criminels sont nos frères humains, punissables par les lois humaines
Les criminels sont nos frères humains, punissables par les lois humaines. Ceux d’entre nous qui éloignent avec horreur et dégoût la seule pensée de ces actes monstrueux et se voient innocents depuis toujours et à jamais font partie d’une espèce rare. Je les comprends aussi même si je doute de leur sincérité totale. Mais après tout, pourquoi pas ? Il existe peut-être des saints que la pensée du mal n’effleure pas mais ceux-là sont-ils capables de comprendre?
Qui connaît l’autre et se connaît lui-même, peut livrer cent batailles sans jamais être en péril. Qui ne connaît pas l’autre mais se connaît lui-même, pour chaque victoire, connaîtra une défaite. Qui ne connaît ni l’un ni l’autre, perdra inéluctablement toutes les batailles. SUN TZU
© Charles Rojzman