Comme ça, l’air de rien, parmi les dépêches qui tombent, on apprend que le PR américain annonce un accord de paix entre Bahreïn et Israël. Voilà le second état du Golfe établissant des relations diplomatiques avec l’ancien ennemi, Israël.
La normalisation des relations entre Israël et les alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient, y compris les riches monarchies du Golfe, cet objectif clé de la stratégie régionale de Donald Trump pour contenir l’Iran, ennemi juré de Washington et de l’Etat hébreu, prend forme sous les yeux ébahis du monde : un mois après l’accord entre les Emirats arabes unis et Israël, c’est au tour de Bahreïn de normaliser ses relations avec l’Etat hébreu. Bahreïn et Israël, on le sait, partagent la même hostilité à l’égard de Téhéran.
Les 3 dirigeants se fendent pour l’occasion d’un communiqué commun : C’est une étape historique en direction de la paix au Moyen-Orient. L’ouverture d’un dialogue direct sur la création de liens entre ces deux sociétés dynamiques et leurs économies développées va permettre de confirmer la transformation du Moyen-Orient et accroître la stabilité, la sécurité et la prospérité dans la région.
De son côté, Netanyahou évoque, dans un communiqué en hébreu son émotion et parle de paix historique : Il nous a fallu 26 ans pour parvenir d’un deuxième à un troisième accord de paix […] mais 29 jours pour parvenir à un accord de paix entre le troisième et le quatrième État arabe. Et il y en aura d’autres. C’est une nouvelle ère de paix.
Khaled Al-Khalifa, conseiller de Hamad Ben Issa Al-Khalifa, roi de Bahreïn, s’en mêle et parle de sécurité, stabilité et prospérité à venir dans la région, d’un message positif et encourageant en direction du peuple d’Israël, et exhorte à une paix juste et globale avec les Palestiniens.
Pour info, il est précisé que Bahreïn se joindra à une cérémonie de signature prévue mardi à Washington entre Israël et les Emirats arabes unis, Benjamin Netanyahou, cheikh Abdallah bin Zayed al-Nayan, chef de la diplomate émirienne et cheikh Salman ben Hamad al-Khalifa, prince héritier bahreïnien, étant attendus.
Et de 4 ! Abdel Fattah Al-Sissi, le président égyptien, salue cette importante étape qui vise à consolider la stabilité et la paix au Moyen-Orient et qui permettra de trouver une solution juste et permanente à la cause palestinienne.
Donald Trump, lui, est certain que d’autres pays vont se joindre de façon imminente à la fête : Nous pourrions avoir la paix au Proche-Orient. Les grands vont arriver. J’ai parlé au roi d’Arabie saoudite, donc nous nous parlons. Nous venons de commencer le dialogue et on les verra arriver.
Si l’Iran parle là de grande trahison, d’imprudence insigne et de complicité avec les projets sionistes, L’Autorité palestinienne et le Hamas qualifient la chose de de coup de poignard dans le dos de la cause palestinienne et du peuple palestinien, d’agression portant un grave préjudice à la cause palestinienne, d’atteinte à la cause palestinienne et de soutien à l’occupation israélienne : ces accords ne remettront-ils pas en question la position des Etats membres de la Ligue arabe, qui ont fait du retrait israélien des territoires occupés et de la création d’un Etat palestinien les conditions de la normalisation de leurs relations avec Israël. Le ministre saoudien des affaires étrangères a réaffirmé, lui, le soutien de Riyad à la création de cet Etat dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Gardant un silence … de mise … sur l’accord.
Trump, pour sa part, gage que les palestiniens voudront faire partie des discussions parce que tous leurs amis y seront.
Pour info, le royaume de Bahreïn compte une petite communauté juive. Les israéliens y ont toujours été appelés les cousins. Seul état du Golfe à avoir une population à majorité chiite, souvent encore discriminée par le pouvoir sunnite, il partage avec Israël une forte inimitié à l’encontre de l’Iran.
Pour info encore, Riyad, par la voix de son roi, Salman, refuse à ce jour tout accord. Mais rappelons-nous qu’il y a une poignée de jours, Bahreïn, sollicité par Mike Pompeo à Manama, répondait par la négative à la requête américaine.
Ça doit y aller fort en coulisses.
Rappelons qu’à son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump avait promis de résoudre l’inextricable conflit israélo-palestinien, confiant à son gendre et conseiller Jared Kushner la tâche de proposer un accord de paix, et que les Palestiniens ont rapidement coupé les ponts avec l’administration américaine, jugeant des décisions ostensiblement pro-israéliennes.
L’accord entre Israël et les Emirats vise à rapprocher ces deux économies du Moyen-Orient avec à la clé des vols commerciaux entre les deux pays, et des investissements croisés dans les secteurs des hautes technologies, de l’agriculture, du tourisme et de l’énergie.
A noter : si l’Arabie saoudite n’a pas annoncé de normalisation de ses relations avec Israël, elle a confirmé début septembre qu’elle allait permettre aux vols entre les Emirats et Israël de traverser son espace aérien.