Tribune Juive

Antoine Desjardins. « Un vrai républicain »

Jean Messiha. Photo © KONRAD K./SIPA

Jean Messiha qui a l’air d’être un homme sympathique, sincère et intelligent, adopte le discours qui était celui de Chevènement et du Pôle républicain, l’organisation qui regroupait les comités de soutien à Jean-Pierre Chevènement pour la campagne de l’élection présidentielle de 2002.

Je le sais, j’en fus et j’écrivis des textes sur l’école pour Danièle Sallenave ou le sénateur Autexier. Le Pôle républicain rassemblait des républicains des deux rives. Il me souvient d’avoir rencontré dans un colloque à la Sorbonne Dupont-Aignan assez peu connu à l’époque et qui me fit très bonne impression: un discours clair et courageux, y compris sur l’instruction, qui n’a pas beaucoup changé depuis.

Ma question sur Messiha

Si l’on ne voulait pas que Messiha en fût réduit à se ranger sous l’étiquette RN ( à mon avis les étiquettes n’ont pas beaucoup d’importance mais on me dit qu’il faut considérer aussi l’histoire, la généalogie d’un parti. Bon…) , pourquoi la gauche notamment et une bonne partie de la droite n’ont-elles pas laissé d’autre choix à notre ami d’origine égyptienne, rappelons-le, que de rejoindre le RN, plus aucun parti quasiment n’offrant le discours vigoureusement républicain, parfaitement cohérent et parfaitement éthique, nullement extrémiste ni raciste, qu’il a eu tout loisir d’ exprimer dans ce mouvement qui a récupéré ce combat pourtant essentiel ?

Pourquoi a-t-on abandonné le discours républicain, ce noble costume?

Pourquoi a-t-on abandonné ce discours politique de première importance (même si l’on n’y adhère pas pleinement) en sorte qu’il fut préempté, investi totalement, par un parti qu’on vouait aux gémonies et qui s’empara de ce noble costume, jeté aux poubelles comme vieil oripeau démodé ?

Faut-il se résoudre à admettre, les jugements politiques et aussi moraux s’étant déplacés comme dans une baïne aveugle, (je suis à la mer, oui), une dérive de la rationalité?

Faut-il se résoudre à ce que la position de Chevènement, du Mouvement des Citoyens, la défense de la souveraineté de la laïcité et le refus du communautarisme soient devenus des discours prétendument extrêmes ? ?
Quand on sait qu’un Chevènement venait du CERES par exemple.

Nous ne nous y résoudrons jamais.

Nous avons tous dérivé mais la plage du bon sens qui est toujours là où elle doit être n’a pas bougé. Seule la pression d’une sorte de matraquage discursif, de lame de fond baratineuse, nous a fait perdre pied et tout repère.

Jean Messiha, parangon de modération républicaine

Messiha est un parangon de modération républicaine.

Il n’y a nulle raison de se laisser ainsi manipuler.

Quant au racisme, si racisme il y a, il est, au premier chef, celui, ignoble et révoltant, qu’ont essuyé des Messiha, des Zineb, des Quarteron, tous les francs-tireurs qui n’ont pas la bonne couleur de peau pour être français et fiers de cette nationalité, selon leurs détracteurs racialistes.

Si Messiha est un sale Arabe et un chameau (Bellatar) je le suis aussi, si Quateron est un Bounty, je le suis aussi.

Si Zineb ou Fatiha Boudjahlat sont des putes, je suis une pute.

Ces personnes sont françaises, car la France est une idée, une fierté, une culture et un héritage. Pas une race. La France est perfectible, mais il faut d’abord voir l’immense trésor qu’elle donne en héritage et en partage.

Soutien à tous les Messiha

Soutien à tous les Messiha et à tous ceux qui combattent l’anti-France militante.
Quelles que soient leur étiquette.

Pas de liberté aux ennemis de nos libertés, à ceux qui conspuent le patriotisme romantique (Salut à Chateaubriand !) qui doit animer les vrais français. Un patriotisme qui n’a rien de commun avec le nationalisme étriqué ou le chauvinisme.

Tombe de Chateaubriand. Saint Malo

Quand les blés sont sous la grêle

Fou qui fait le délicat

Fou qui songe à ses querelles

Au coeur du commun combat , écrivait Aragon dans La Rose et le Réséda. En 1943.

Saint-Malo, le 22/7 Antoine Desjardins

Antoine Desjardins

Professeur de Lettres, Antoine Desjardins est membre du collectif « Sauver les lettres« , co-auteur de « Sauver les lettres – Des professeurs accusent » (Editions Textuel). Membre du Comité Les Orwelliens, il écrit dans le Figaro Vox, Marianne, Causeur.

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