Tribune Juive

Sarah Cattan. Le Président Macron ne doit pas recevoir Kais Saïed, le Président tunisien a minima « antisioniste »

Tout à fait par la bande, j’apprends, via un ami musulman qui m’envoie un article du magazine Leader de ce jour, que Le Président tunisien Kaïs Saïed sera ce lundi à Paris.

A l’invitation du président Emmanuel Macron, le président Kais Saïed effectuera ce lundi 22 juin une visite officielle en France, nous dit-on de source sûre. Le président Macron et son épouse donneront à cette occasion un dîner officiel en l’honneur de l’hôte de la France, à 20H au Palais de l’Élysée, ajoute … notre source. Source vérifiée. N’en déplaise aux désirs de discrétion bien compréhensibles du Président français…

On apprend encore que les deux présidents avaient eu une longue conversation téléphonique, le vendredi 5 juin dernier, portant sur les relations et la coopération bilatérale ainsi que la situation dans la région, notamment en Libye.

Outre que l’on peut s’étonner que le Président français s’adonne à ce type de rencontres en ce moment, la situation française nous paraissant primer de loin sur le dossier franco-tunisien, on veut rappeler Qui est ledit Président tunisien, antisioniste notoire et homophobe reconnu.

Notre homme, qui a après tout bien le droit de dire ses désaccords avec le plan de paix américain au Proche-Orient, est condamnable pour avoir à l’occasion réitéré[1] ses propos anti … israéliens , répétant à l’envi que tout Tunisien en contact avec des Israéliens serait un être commettant la plus haute trahison.

Kaïs Saïed, lorsqu’il parle du sujet, aime à redire que L’Accord du siècle est, en réalité, l’injustice du siècle, qu’il s’agit là de haute trahison, Que la notion de normalisation avec Israël est une notion étrangère frisant la collaboration: pour lui, Israël est appelée l’entité spoliatrice qu’il somme de mettre fin à son pillage et au déplacement du peuple palestinien: Quiconque est en contact avec cette entité spoliatrice est un traître, engagé dans un processus de haute trahison. […]  Je le répète devant le monde entier, et pas dans le cadre d’une campagne électorale. C’est une question de principe, car la cause palestinienne restera dans nos consciences tant que nous respirerons et tant que nos cœurs battront, a-t-il répété ad nauseam.

Laissera-t-on cet individu, tout Président qu’il est, être reçu officiellement en France sans piper mot? Ne doit-on pas dire très haut et très fort notre désapprobation au Président français qui, une fois de plus, une fois de trop, ose nous parler de lutte contre l’antisémitisme et en même temps accueillir en grandes pompes un être hostile à l’Etat hébreu mais aussi aux Juifs, qui ont compris, dès son arrivée au pouvoir, qu’ils n’étaient plus les bienvenus dans un pays qu’ils chérissaient tant.

Pour rappel, un avocat tunisien de confession juive avait adressé une lettre au président Kaïs Saïed à propos de ses déclarations assimilant les liens avec l’Etat et les personnes israéliennes à une affaire de haute trahison, et donc passibles de la peine de mort:

« Monsieur le président, si jamais je décroche le téléphone et que je tombe sur ma tante qui est tunisienne mais qui a la nationalité israélienne, qui m’appelle d’Israël, pour demander des nouvelles de sa sœur, ma mère… Est-ce que je serais coupable de haute trahison ? Et si je me rends à Al Quods pour me recueillir sur la tombe de mon père ou pour visiter des lieux saints pour notre religion… Serait-ce une raison pour m’accuser de haute trahison ?

Monsieur le président, vous êtes drôle dans votre délire, comme le sont les hurlements et les slogans de ceux qui ont approuvé vos déclarations, à propos de cette affaire que vous avez résumée en cinq secondes, en parlant de « haute trahison » avec des lèvres tremblantes de colère. Monsieur le président, je pourrais être concerné par vos déclarations. Mais je tiens à vous dire que je demeure ici, dans mon pays la Tunisie, pour y traiter ma mère souffrante. Et si je décide de faire quoi que ce soit, ce sera moi seul qui déciderai, avait conclu … l’avocat.

Pendant ce temps…

Les Emirats Arabes Unis  et Israël peuvent coopérer dans certains domaines, a déclaré ce jour 17 juin Anwar Gargash, Ministre d’État aux Affaires étrangères des Émirats Arabes Unis, expliquant au Jerusalem Post pouvoir avoir un désaccord politique avec Israël, mais en même temps, essayer de relier deux ponts, ajoutant que  c’était fondamentalement là où les EAU et Israël en étaient aujourd’hui.

Puisse Kais Saïed s’inspirer de ces propos et délaisser les siens, un tantinet … has been.

Quant au Président français, qu’il sache qu’il trahit la communauté juive de France en recevant un ennemi déclaré de l’Etat hébreu, qu’en le recevant il entérine des propos primaires et haineux, et qu’enfin, on se demande bien quelle mouche l’a piqué, lui qui ferait bien de traiter des sujets bien plus ardents concernant le pays qu’il est supposé diriger.


[1] Interview donnée le 30 janvier 2020 sur la Première chaîne tunisienne.

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