Selon l’essayiste et historien, l’Allemagne semble faire beaucoup mieux que la France dans la lutte contre le coronavirus.

Jean-Louis Thiériot est notamment l’auteur de Stauffenberg (Perrin, 2009). Il est également avocat et député LR de Seine-et-Marne.
L’Allemagne ne consacre pas plus d’argent public à son système de santé que la France. Si le coronavirus a fait cinq fois moins de victimes chez nos voisins à ce jour, c’est grâce à une organisation plus souple et pragmatique, et en raison de la considération de l’État envers le privé, explique l’essayiste et historien, fin connaisseur de l’Allemagne.
Dans la lutte contre le coronavirus, l’Allemagne semble faire beaucoup mieux que nous. Avec une population de 83 millions d’habitants (67 millions en France), notre voisin ne compte à ce jour «que» 1800 morts contre plus de 10.000 en France (chiffres du 8 avril). Il faut être prudent. La cinétique de l’épidémie outre-Rhin peut être différente. Ce n’est qu’in fine que l’on pourra juger de l’efficacité des politiques sanitaires. Cela étant, il est des chiffres, des éléments objectifs incontestables,qui montrent l’excellence du système allemand. Avant la crise, le pays disposait de 28.000 lits de réanimation, contre 5000 en France. Aujourd’hui, il a été capable de porter sa capacité à 40.000, alors que nous essayons péniblement d’atteindre les 14.000. Il ne manque pas de masques et parvient à réaliser 70.000 tests par jour (contre 12.000 en France).
Les facteurs d’explication de cette efficience sont multiples. On peut d’ores et déjà en exclure un et en évoquer quelques-uns.
En Allemagne, la rémunération des infirmières est de 13% supérieur au salaire moyen, alors qu’il est en France inférieur de 5%.
Jean-Louis Thiériot
La qualité du système de santé allemand ne résulte pas de dépenses de santé supérieures. D’après l’OCDE, la part du PIB allemand consacré à la santé est de 11,25% contre 11,3% en France. La ressource étant comparable, c’est dans l’organisation qu’il faut rechercher les causes.
La principale raison est la gestion du système de santé et de la carte hospitalière parles Länder. Le ministère fédéral est en charge des règles générales régissant l’assurance maladie et des grandes orientations de santé publique. Mais c’est au niveau local, du ministre-président du Land et de son ministre des affaires sociales que se prennent les décisions concrètes d’investissement et d’allocations des moyens. L’ouverture ou la fermeture d’un établissement hospitalier est directement du ressort de l’échelon de proximité. Le maillage territorial en tire grand avantage. L’Allemagne dispose en moyennede 8,2 lits pour 1000 habitants, contre 6 en France. Chez nous, la politique de santé et la carte hospitalière est décidée par les agences régionales de santé (ARS), organes déconcentrés de l’État qui fixent les PRS (projets régionaux de santé). Quiconque les a un peu pratiqués connaît leur dimension bureaucratique et leur obsession comptable. Le mot d’ordre est le regroupement des plateaux hospitaliers. La presse régionale regorge de récits de combats épiques d’élus locaux pour sauver leur hôpital ou leur maternité. La décentralisation effective avec sanction électorale à la clef est le facteur déterminant de l’efficacité allemande.
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