
Olivier Véran, ministre de la santé et médecin, est l’archétype de cette classe politique LREM pour qui un mensonge n’est pas un mensonge s’il est justifié par un but politique. Olivier Veran n’a donc pas hésité à multiplier les contre-vérités pour justifier la politique de cette équipe gouvernementale mais aussi masquer ses erreurs et insuffisances. Olivier Véran oublie une chose : comme l’expliquait une voisine de l’usine Lubrizol à un ministre en visite après la catastrophe écologique : « Nous ne voulons pas être rassurés, nous voulons être informés ».
1 – Fermer les frontières ne sert à rien. C’est faux
THOMAS FREY / DPA / dpa Picture-Alliance
Le 11 mars, quand le député LR Éric Ciotti s’étonne par écrit que la France ne ferme pas sa frontière avec l’Italie, principal centre de propagation du coronavirus en Europe, Olivier Véran, interrogé par Europe 1, balaye cette option : « un virus n’a pas de frontière, je l’ai déjà dit ». Pourtant, chacun sait déjà à cette époque que le coronavirus voyage avec les malades qu’il a infecté et seulement avec les malades qu’il a infecté. Si ces malades sont équipés d’un passeport, ils contaminent au-delà des frontières. Si les frontières sont fermées, les virus ne passent pas.
Olivier Véran est le parfait représentant de la France macronienne progressiste, celle pour qui le mot « frontière » est un gros mot. Il est l’excellent courtisan d’Emmanuel Macron qui a toujours refusé d’agir dans un cadre national. Lors de son allocution du 12 mars depuis l’Élysée, Emmanuel Macron appelé à éviter « le repli nationaliste ».Il faudra attendre la seconde allocution d’Emmanuel Macron, le 16 mars, pour que la France daigne fermer ses frontières sur décision « européenne ».
Olivier Véran à un autre défaut, il fait systématiquement usage du mot « science » pour valider ses contrevérités. La planète France découvre à cette occasion qu’il existe en France un « Conseil scientifique des frontières ». « Nous avons posé la question au Conseil scientifique des frontières … et la réponse des scientifiques, c’est : scientifiquement, ça n’a pas d’intérêt » dit Olivier Veran. Si l’on accepte l’idée que les décisions du gouvernement sont fondées « en science », il serait souhaitable que les études et délibérations entre scientifiques qui servent de base à la décision politique soient rendues publiques. Elles ne le sont jamais.
Jeanne Brugère-Picoux, membre de l’Académie nationale de médecine, expliquera dans Le Parisien que « fermer les frontières est une mesure barrière efficace lorsque la menace est encore lointaine. Aujourd’hui, il est trop tard puisque le virus se trouve de chaque côté de la frontière ».
2 – Les citoyens n’ont pas besoin de masques de protection. C’est faux
Le 4 mars 2020, Olivier Veran, ministre de la santé, a expliqué que les citoyens lambda, vous et moi, n’avions « pas besoin » de masques. Les masques « sont importants pour celles et ceux qui en ont besoin ». Le ministre ne veut pas dire que l’Etat qui aurait dû stocker des centaines de millions de masques pour protéger la population est en panne de masques. Il n’y en a pas assez pour tout le monde. « Coronavirus: pénurie de masques avant la vague épidémiqué » titre Le Figaro du 17 mars.
Les masques disponibles doivent être réservés aux : « professionnels de santé qui exercent en établissement, aux professionnels libéraux, aux personnes contaminées et aux personnes vulnérables. Le port d’un masque en dehors de ces indications est inutile ».
Dire « Vous n’avez pas besoin de masques » à une population angoissée qui se déplace de pharmacie en pharmacie pour acheter de quoi se protéger la bouche et les bronches est un mensonge d’Etat. Un mensonge appuyé sur de fausses références scientifiques, comme quoi le citoyen n’a pas de rôle à jouer dans la lutte contre une épidémie. En réalité, plusieurs travaux démontrent que la contagiosité des cas asymptomatiques a été largement sous-estimée. Plus d’une contamination sur deux serait le fait de personnes qui ne présentent pas de symptômes, mais qui peuvent transmettre le virus par un postillon ou un baiser. Un masque porté par le citoyen lambda peut ne servir à rien, mais il peut aussi réduire le champ de la contamination et éviter le confinement d’une population à qui l’on n’a rien à offrir.
Mais Olivier Véran qui n’a pas de masques en quantité suffisante ment et n’hésite pas à accuser de comportement inapproprié toutes les personnes en quête de masque. Dire la vérité susciterait-il la panique, la révolte, la violence ? Si l’on essayait une fois pour vérifier ?
3 – Les médecins de ville n’ont pas besoin de masques de protection
C’est faux. La vérité est que la France n’a pas assez de masques chirurgicaux FFP2 pour protéger l’ensemble des maillons de la chaîne du soin. Les masques FFP2 sont en quantité restreinte et le gouvernement a décidé de les réserver au personnel hospitalier.
Plutôt que de reconnaître la pénurie, Olivier Véran ministre de la santé, affirme aux médecins de ville qu’ils n’en ont pas besoin.
« Les masques FFP2 (les plus protecteurs) ne sont pas indispensables pour les médecins de ville » a déclaré Olivier Véran, le 10 mars 2020. Pour comprendre la pénurie de masques, il faut juste savoir qu’ils sont fabriqués en Chine. Dans sa séance du 4 mars, un sénateur explique que « le plus gros fournisseur de masques, de France a indiqué que 70 % de sa production était basée en Chine, et qu’il ne pouvait plus rien recevoir depuis deux mois« . Plutôt que d’expliquer cela aux Français, Olivier Véran préfère expliquer « scientifiquement » que les médecins de ville n’en ont pas besoin.
Sur le site Egora, le Dr Jérôme Marty président de l’UFML-S s’énerve. « Cela fait 15 jours qu’ils disent que les masques chirurgicaux FFP1 ne servent à rien et maintenant on apprend que c’est ceux qui équiperont les généralistes », s’emporte-t-il.
« Nous sommes choqués de l’absence de mise à disposition de soignants libéraux des masques FFP2, seule protection efficace. Envoyer les médecins généralistes en première ligne avec de simples masques chirurgicaux, c’est prendre le risque de les laisser se contaminer en nombre et de les voir rapidement à l’isolement en quarantaine », s’est indigné l’URPS Auvergne Rhône Alpes dans un communiqué.
4 – Il n’y a pas de pénurie de masque
C’est faux. « Il n’y a pas une pénurie de masques » chirurgicaux, a affirmé le ministre de la Santé Olivier Véran, le 10 mars sur franceinfo. « Aujourd’hui, nous avons un stock d’État de masques où il reste encore plusieurs dizaines de millions de masques, et fort heureusement d’ailleurs », a-t-il précisé.
Si l’État dispose de « plusieurs dizaines de millions de masques », comment expliquer alors que tous les professionnels de santé aient le sentiment d’être envoyés à la bataille sans fusil ? Sur le blog du Quotidien du médecin, le Dr Gérard Maudrux s’insurge contre la déplorable gestion du gouvernement. « Le b.a.- ba de la protection, c’est les masques. Il n’y en a pas. »
Sur son site, le Sénat reconnaît « le difficile suivi des stocks » et souligne « la dispersion actuelle du stock national santé sur 72 sites » sans aucune gestion informatisée des stocks. Sur Facebook, Emilienne Savry, en colère s’indigne de devoir « pleurer chez le pharmacien pour avoir 1 boîte de masques chirurgicaux pour un cabinet de 5 médecins !!!! On se fout de notre gueule !!! Je suis en colère ! » 12 mars, 21:49 ·
Nicole Belloubet, ministre de la justice, dévoile peut être le pot aux roses : elle entend allouer 100 000 masques aux prisonniers. Il est vrai qu’une épidémie généralisée en prison ou une révolte généralisée des prisons n’ajouterait rien d’agréable à la situation.
5 – Les hôpitaux français ne sont pas saturés
On approche du mensonge. On aura compris que les mensonges d’Olivier Veran n’ont qu’une seule fonction : empêcher l’hôpital de s’effondrer sous le poids des urgences liées au coronavirus. A partir du 10 mars, le ministre de la santé s’est promené sur les plateaux de radio et de télévision pour diffuser un petit schéma expliquant que toute sa politique vise à réduire la pression sur l’hôpital pour qu’il ne s’effondre pas sous un tsunami de personnes en état de détresse respiratoire.
A-t-il réussi ? Il est en tous cas trop tôt pour dire qu’il a échoué. Mais le point de rupture n’est pas loin
« On attend le tsunami : face au coronavirus, les hôpitaux au bord de la rupture » titre L’Express le 17 mars. Le HuffPost parle d’une « situation très inquiétante » qui laisse craindre une « saturation des hôpitaux ». Le Courrier Picard titre que « dans l’Oise, les hôpitaux sont au bord de la saturation ».
Le Monde affirme que « dans les hôpitaux du Grand-Est, « la situation est très difficile » et les hôpitaux sont « au bord de la saturation ». Mais à Mulhouse, « l’hôpital est débordé » affirment Les Echos.
A l’issue de cette crise, le statut du mensonge en politique méritera d’être révisé. Mais ce qui est grave dans cette affaire est que des médecins sans conscience aient contribué à l’élaboration d’un mensonge d’Etat, foulant aux pieds l’un des ciments du contrat social en démocratie, la confiance. Si la confiance disparait, tuée par les médecins-politiciens eux-mêmes, c’est le fascisme qui s’instaure, la société du tous contre tous.
Yves Mamou est journaliste et essayiste. Il est l’auteur de Le grand abandon: Les élites françaises et l’islamisme (L’Artilleur, 2018).