
La présomption d’innocence, c’est la Liberté. Elle ne se négocie pas. En 1977, un homme qu’on ose 43 ans plus tard à peine nommer, n’a pas pu bénéficier d’un procès équitable. Pour des motifs inhérents aux fautes de son juge.
De là, il n’y a jamais eu de procès tout court. Jamais, il n’a pu être établi le crime qu’on lui reprochait. Le système judiciaire américain est ainsi fait : on ne négocie pas en fonction de ce qui s’est vraiment passé, mais des risques qu’on encourt et ce sont là deux choses bien différentes.
Renoncer à la présomption d’innocence, ce n’est pas seulement permettre à quelques excités en délire de prendre leurs désirs pour des réalités, de réécrire le droit et de rendre la justice à la place des juges. C’est ouvrir la porte à une présomption de culpabilité, automatique.
Cette idée doit être combattue pour ce qu’elle est : un renoncement inacceptable à ce qui protège de l’arbitraire. Une salissure aussi nuisible que celles que produisent les dogmes totalitaires.
Soutenir ce délire, c’est soutenir qu’une personne est ce qu’on lui reproche. Avant même qu’elle puisse être jugée. C’est un essentialisme inepte, qui confond le crime et son suspect. Cette indigence mène à tous les abus, à tous les excès.
Ce n’est pas Polanski qu’il faut défendre, ce sont les principes qui s’en chargent. Qui défendent l’homme et non ce qu’on lui reproche. Qui défendent la dignité d’une élémentaire justice, qui dissocient l’accusation de la vérité. Et d’une société qui ne se contente jamais de la vindicte de quelques uns, pour faire d’un citoyen un sous-homme.