
Peut-on « en même temps » célébrer la libération de la parole des femmes violées et dénoncer l’indicible fourre-tout qu’est devenu le mouvement metoo, refuge de toutes les hystériques en colère contre la gent masculine dans son entièreté.
Je suis en effet de ceux, nombreux, qui se félicitent de la libération de la parole des femmes victimes de ces hommes de peu et en même temps si désolée de ce grand dépotoir que sont devenus le mouvement #me too et autres #Balance ton porc.
S’il faut le dire, disons-le quitte à déplaire: lorsqu’on monte discuter contrat au milieu de la nuit dans la suite d’un Harvey Weinstein, on sait – hélas- à quoi on s’expose et si défendre ces imposteurs – connus de tous et courtisés des années durant- n’est guère ici le propos, moquer ces péronnelles qui sont venues hier crier Violanski et ont quitté la Salle Pleyel lorsque le César du meilleur réalisateur fut décerné à Roman Polanski l’est.
Il fallait être diplômé en subtilité hier soir. Peu l’ont été et nombreux ont cru faire montre de courage, qui en écorchant le nom du cinéaste devenu soudain le violeur de toute la gente féminine, qui en usant de jeux de mots suintant la vulgarité et la bassesse, qui, à l’image d’un Brad Pitt, refusant son César d’Honneur comme si la cuvée 2020 était plus indigne qu’une autre, qui en vomissant, avant la cérémonie, des interviews boiteuses telles celles de notre insignifiant ministre de la culture ou de la bécasse Adèle Haenel, laquelle donzelle a cru devenir icône en s’exprimant dans le New York Times puis en quittant, dans ce qu’elle crut un Coup d’éclat, la salle.
Hier soir, j’étais aux côtés des femmes violées, définitivement massacrées. Mais Samantha Geimer avait encore, le matin même, dénoncé dans Slate ceux qui exploitaient « son » histoire « et » la « douleur des victimes » » pour alimenter la colère et l’indignation en roue libre« .
Comme elle, comme beaucoup de femmes, je me suis félicitée que, quel que soit le nom du violeur, Justice soit enfin rendue et En même temps, je regarde avec désolation ces défenseurs de victimes lorsqu’elles confinent à la caricature et à l’hystérie, desservant la cause noble dont elles ont hélas fait leur os à ronger.
L’Académie s’est honorée en décernant un César mérité au réalisateur de J’accuse.