
Je ne rendrai pas publiques ici les images abjectes des carnavals d’#Alost en Belgique, ou de #CampoDeCriptana en Espagne, représentant avec les pires caricatures des années 1930 et 40 des personnes désignées comme juives.
On y voit des rabbins assis sur de l’or, aux nez crochus et aux grandes oreilles avec barbes et papillotes, des soldats israéliens représentés en cafards, des allusions à la finance internationale et à la supposée domination d’un lobby juif sur le monde, des cheminées de fours crématoires, des individus dansant déguisés en nazis et en prisonniers des camps de concentration.
C’est une infàmie. Aucune excuse en dérision n’existe : ce ne sont que des appels à la haine, des essentialisations qui réarment les ressorts éculés de la haine des juifs chrétienne et européenne. Nulle invention, nulle bienveillance, et d’ailleurs nul humour : exhibition morbide de nos vieux charognards.
Non qu’il faille minorer la prédominance en Europe du déterminisme islamiste dans la régénérescence antisémite : la disparition dans les écoles publiques des élèves juifs à partir du 11 septembre 2001, les 15 morts parce que juifs en France et en Belgique depuis janvier 2006, le ciblage spécifique du Bataclan le 13 novembre 2015 au motif de la confession prêtée à son propriétaire, le centrage symbolique désormais de Daesh contre Israël, la hausse de 74% en France en 2018 des atteintes aux biens et aux personnes juifs… s’appuie d’abord sur cette pulsion morbide de l’islamisme.
Ce qui n’en rend que plus inexcusable la manipulation ici à l’œuvre : bastion de l’extrême-droite nationaliste flamande (N-VA), le carnaval belge fait écho à celui d’Espagne, où la municipalité n’a pas trouvé meilleure excuse que de parler « d’hommage » aux victimes de la Shoah ; il s’agit de la mairie d’un Parti Populaire qui n’a jamais rompu avec le franquisme.
On assiste donc ici à la réactivation du vieil antisémitisme européen contre le peuple prétendu déïcide. C’est dire l’ordurerie de ces gens qui relèvent la tête, l’air de rien, au bénéfice des attaques islamistes contre les juifs, contempteurs jaloux de la lèpre islamiste, dont ils se font les alliés en totale connaissance de cause.
Dans l’érection de ce nouveau décor de la guerre qui vient, je m’associe ce soir à la fatigue, à la peine, au dégoût, à la colère et à la sidération de mes amis juifs, frères et sœurs en humanité dont Delphine Horvilleur indique qu’on leur a toujours reproché une chose et son contraire, que (c’est moi qui complète) les salauds ordinaires ont toujours su relier pour justifier de leur désir d’extermination.