Israël n’est plus craint, ses ennemis s’en donnent à coeur joie. Par Frédéric Sroussi

Hélas ! Je le dis tout de go : Israël n’est plus craint. L’État hébreu  est de plus en plus perçu comme un tigre de papier sur lequel même les va-nu-pieds du Hamas et du Djihad islamique palestinien (DIP) peuvent souffler en le faisant tournoyer à leur guise. Ce sont le Hamas, le DIP, le Hezbollah et Mahmoud Abbas qui dictent de facto le calendrier national d’Israël .

Pour le comprendre, il faut se souvenir que si les premières élections générales eurent eu lieu en Israël le 9 avril 2019  c’est parce que le ministre de la défense de l’ époque, Avigdor Lieberman, décida , de guerre lasse , de démissionner car il ne pouvait plus supporter la lâcheté de l’appareil politico-militaire israélien qui n’avait pas su, ou plutôt n’avait pas voulu (et ne veut toujours pas ! ) répondre avec une poigne de fer aux attaques incessantes des djihadistes du Hamas et du DIP qui lancèrent ne serait-ce  que pendant l’année 2019 plus de de 1300 roquettes et missiles contre l’État juif sans que ce dernier réagisse de façon déterminante.
Rappelons les propos accablants de ce même Avigdor Lieberman (pour lequel je n’ai aucune sympathie) qui avoua en décembre 2018 que parfois ses discussions avec l’état-major de Tsahal lui donnait l’impression de se trouver « dans un meeting de responsables de Chalom Archav », du nom – pour ceux qui ne le sauraient pas encore – de cette ONG pacifiste d’extrême gauche évidement pro-«palestinienne» !

Des état-majors de l’armée israélienne de plus en plus frileux

Autant les soldats et officiers de terrain sont extrêmement  valeureux, autant les état-majors successifs de l’armée israélienne (depuis  la fin des années 1980 !) sont devenus au fil du temps de plus en plus frileux (pour employer un doux  euphémisme).

Ainsi, par exemple, nous apprîmes , par la bouche même de l’ancien Premier ministre et ancien ministre de la défense Ehud Barak, qu’un chef d’état-major (et tous les dirigeants de l’establishement sécuritaire de l’époque, y compris le Mossad) s’était opposé contre toute logique à une opération militaire visant les installations nucléaires iraniennes : opération pourtant voulue par Benyamin Netannyhou et Ehud Barak en personne (ce  général  n’est autre que Gaby Ashkenazi, haut responsable du parti  Kachol-Lavan de Benny Gantz )!

Nous savons également , toujours par le biais d’Ehud Barak, que des membres parmi les plus haut placés des services de renseignements israéliens faisaient fuiter vers l’administration Obama des plans d’action dirigés contre l’Iran. Tous ces hommes qui refusaient l’action militaire – pourtant impérieuse – contre la menace nucléaire iranienne avaient le soutien du Président de l’époque Shimon Peres… (Ynetnews.com, 07/05/2017) 

Nous savons aussi que l’ancien chef du Mossad Tamir Pardo est allé en 2011 consulter des juristes (!) pour savoir si Benyamin Netanyahou ( qui décidément ne sait pas se faire respecter de ses troupes !) avait le droit de donner l’ordre de frapper l’Iran, le chef du Mossad doutant qu’une attaque contre l’Iran soit…légale.

La question serait plutôt de savoir si en démocratie les chefs de l’armée et des services secrets ont le droit de refuser les ordres émanant de la tête de l’exécutif, représentant du peuple souverain ? La réponse est évidemment non !
Comment se faire respecter de nos ennemis quand même un chef du Mossad (heureusement à la retraite aujourd’hui) joue les petits juristes bornés au lieu de n’avoir en tête que la sécurité du peuple d’Israël et de son État ? Nous parlons quand même d’une menace de destruction d’Israël par l’utilisation d’ogives nucléaires !

Souvenons-nous. La bête immonde nazie aurait pu être stoppée en 1936

Souvenons-nous que la bête immonde nazie aurait pu être stoppée en 1936 si les Français et les Anglais n’avaient pas eu la lâcheté de laisser Hitler prendre le contrôle – en totale violation du Traité de Versailles – de la Rhénanie, alors que les chefs de la Wehrmacht doutaient encore à cette époque de leur capacité à faire le poids face à l’armée française. Même Hitler avait ordonné à son armée de reculer si les Français (et les Anglais) décidaient d’ intervenir : on sait qu’il n’en fut rien et que le chef du Troisième Reich s’en trouva encouragé dans sa volonté de domination et de destruction satanique. C’est le chef d’ état-major français de l’ époque, le général Maurice Gamelin (soutenu pendant toute sa carrière par Édouard Daladier…) qui s’opposa au lancement d’une attaque pour arrêter Hitler. Gamelin ne voulait pas bouger sans l’aval des Anglais qui décidèrent une fois encore de regarder ailleurs. Pourtant, Albert Sarraut, alors Président du conseil, voulait arrêter l’agression hitlérienne mais le manque de volonté britannique associé à celui du général Gamelin l’en dissuada : cela ne vous rappelle rien ?

Les petits juristes gauchistes de la Cour militaire israélienne

Comment dès lors se faire respecter par nos ennemis quand ils savent que ceux qui sont en charge de la sécurité d’Israël sont réticents à faire la guerre ?
Comment se faire respecter par nos ennemis quand ils voient des enfants arabes filer des baffes à des officiers israéliens ne réagissant pas de peur de se retrouver face à une cour militaire israélienne composée de petits juristes gauchistes ?

Comment se faire respecter par nos ennemis quand le cofondateur de BDS, Omar Barghouti, obtient, grâce à son mariage avec une arabe israélienne, un statut de résident permanent dans l’État juif alors qu’ il est citoyen qatari (!), et qu’ ainsi il peut en toute liberté, dans cet État ubuesque qu’on appelle Israël, obtenir un diplôme de l’ université de Tel-Aviv tout en appelant à boycotter les universités israéliennes ?

Carl von Clausewitz, un des plus grands théoriciens de la guerre de tous les temps

Comment se faire respecter de ses ennemis quand, une fois de plus, lors d’un débat organisé le 25 mars 2018 par le journal israélien Yediot Aharonot et son site frère Ynet, quatre anciens chefs d’ état-major de Tsahal, Shaul Mofaz, Dan Halutz, Benny Gantz et Moshe Ya’alon (les deux derniers  étant respectivement le chef et un dirigeant du parti Kachol-Lavan) expliquèrent que la diplomatie devait primer face à l’Iran avant d’envisager une action militaire , oubliant au passage que la République Islamique d’Iran continue d’améliorer son programme de missiles balistiques et de faire tourner ses centrifugeuses afin de produire l’arme nucléaire (aujourd’hui nous savons que d’ici maximum 2 ans, Téhéran aura la capacité d’avoir une bombe atomique et le vecteur pour la lancer) !
Ces dangereux défaitistes qui se disent des généraux oublient aussi l’un des adages d’un des plus grands théoriciens de la guerre de tous les temps , Carl von Clausewitz, qui énonçait que «celui qui souhaite éviter les grands efforts et les combats décisifs doit se rappeler à chaque instant que l’accomplissement de ses souhaits dépend aussi de l’autre ».

Je parlerai pour finir des pathétiques et contre-productives vidéos envoyées par le service de communication de l’armée israélienne sur les réseaux sociaux et dans lesquelles on nous montre des soldats en train de rire, de jouer du piano, de danser ou de rapper ! Or, on s’en fout ! Rappelons aux généraux munichois la définition du but de la guerre selon Clausewitz : « La guerre est un acte de violence en vue d’imposer à l’adversaire l’accomplissement de notre volonté . » (définition qui, selon Raymond Aron, « contient pourtant seule la pensée entière de Clausewitz »).

Cette perte de crédibilité à laquelle on assiste, cet émoussement de la combativité des chefs de l’appareil militaire et sécuritaire israélien (je parle bien des généraux de l’ état-major et d’une partie des membres des services de renseignements et non des soldats et officiers de terrain qui remplissent chaque jour de façon héroïque la dure tâche de protéger Israël, et ce malgré les embûches intrinsèques aux stupides règles d’engagement édictées par l’ armée !) est aussi, selon moi, l’une des causes profondes de la libération de la parole et des actes des antisémites : l’ État juif n’est en effet plus craint !
Les  Israéliens devrait s’inspirer de l’adage que le tragédien romain Lucius Accius (170-86 avant l’ère chrétienne) mit dans la bouche d’Atrée, roi de Mycènes : « Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent .»
Malgré les très nombreux gestes de bonne volonté et d’ apaisement, l’État juif est pourtant de plus en plus haï mais de moins en moins craint.
C’est donc du « perdant/perdant » pour l’État hébreu qui doit au plus vite revoir sa stratégie générale de dissuasion.

Frédéric Sroussi

Frédéric Sroussi est journaliste et essayiste.

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6 Comments

  1. Admettons (ce n’est pas mon avis, mais c’est apparemment celui de l’auteur) que, comme dit le titre et le contenu de cet article : « Israël n’est plus craint, ses ennemis s’en donnent à cœur joie ».

    Et admettons qu’il faille en désigner un coupable.

    QUI serait-ce sinon Netanyahou, premier ministre depuis 2009 et encore aujourd’hui (et auparavant entre 1996 et 1999) ?

    MAIS bizarrement cet article l’exonère de toute responsabilité. Il n’en parle même pas. A la place on nous dresse un inventaire de « coupables », tous comme par hasard rivaux politiques de Netanyahou.

    Voilà où se situe cet article, sa nature et sa finalité. Propagande politicienne, dès le titre jusqu’à sa conclusion.

    • Xavier:
      Je ne vote même pas pour le Likoud ( je suis de droite…) et j’ai écrit dans mon article que Netanyahou ne savait pas se faire respecter de ses subalternes : ce qui n’est pas la moindre des critiques. Lisez donc, cher lecteur, mon article paru dans TJ : ‘’Ils sont tous les enfants de Netanyahou’’. Mais ce n’est pas de ma faute si tous les généraux qui ont affaibli Israël se trouvent dans le parti Kachol-Lavan de Benny Gantz.
      Frédéric Sroussi

  2. à Frederic Sroussi :
    Contrairement à ce qu’a écrit Xavier, votre article décrit clairement la situation globale, brouillée, dans laquelle se trouve Israël au plan sécuritaire.
    Dans ces conditions, l’incapacité des électeurs israéliens à désigner un Premier Ministre devient un sujet d’inquiétude mettant en jeu la stabilité de l’Etat-Nation.

    • Cher M. Khalifa,
      Je vous remercie beaucoup pour vos commentaires concernant mes articles.
      Vous êtes un lecteur particulièrement éclairé. J’apprécie grandement vos réflexions car à la différence de beaucoup vous lisez entièrement mes textes et prenez en compte les nuances !
      En effet, comme vous le dites, la stabilité de notre État-Nation vacille et nous met tous en péril.Nous ne pouvons nous permettre le luxe de l’instabilité de la Troisième République en France…
      Bien à vous,
      Frédéric Sroussi

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