
Après la bourrasque Griveaux, Qui, mais Qui donc la Macronie allait-elle pouvoir sortir de son chapeau pour, dans un second souffle, amené par le coup de théâtre que vous savez, tenter de gagner Paris ? Elles n’étaient pas si nombreuses, les possibilités, et son nom tomba : ce serait Elle. Elle qui venait de dire que jamais, au grand jamais, elle n’abandonnerait son ministère, ses médecins, ses infirmières, cette crise la plus terrible qu’eut jamais à subir le secteur de la Santé, essoufflé, à bout, manquant de tout.
Bref nous étions portés à la croire en l’entendant répéter qu’elle n’allait pas quitter le bateau. Agnès Buzyn, dernière belle carte du Président, qu’il propulsa en nom et lieu du Griveaux, … peut-être un brin soulagé, tant elle battait de l’aile, la campagne du candidat … inconséquent.
La voilà donc, Agnès Buzyn, briguant le 17e arrondissement, à charge pour elle d’en faire tomber le LR Geoffroy Boulard soutenu par Rachida Dati.
Elle vit et vote dans le 5ème, et n’habite pas le 17ème, moquent déjà ses opposants ! Ben oui. Chacun sait que l’ex ministre des solidarités et de la santé doit reprendre au pied levé la place laissée vacante par Benjamin Griveaux.
Ses partisans ? Ils opposent à cela une étonnante … réponse : la présence de nombreux médecins et d’une forte communauté juive ferait du 17ème le point de chute idéal pour … cette fille et petite-fille de déportés. Sa famille paternelle est originaire de Łódź, en Pologne, où son oncle fut fusillé par les nazis en octobre 1940. Ses grands-parents mais encore son père, Élie Buzyn, alors âgé de quinze ans, furent déportés à Auschwitz. Seul son père en revint. Sa mère, Etty, fut, pour sa part, cachée dans l’Ain durant la Seconde Guerre mondiale.
A cela, la candidate ajoute d’avoir épousé, en premières noces, Pierre-François, un des fils de Simone Veil.
Et c’est parti : En quoi être fille et petite-fille de déportés doit-il ici être mentionné ? Serait-ce un plus ? En quoi, la Dame devrait-elle bénéficier de ce douloureux héritage ? Ou alors, accrédite-t-on l’idée … d’un vote communautaire. D’un vote … juif ?
Si tel est le cas, sachez, bonnes gens, que outre Geoffroy Boulard, Agnès Buzyn devra se confronter à moult prétendants, dont … Karen Taïeb, de la liste Hidalgo.
Soyons sérieux. Gageons que d’autres sujets occupent l’esprit d’Agnès Buzyn et de son équipe : Tout est à re-faire, tout est à faire, à moins d’un mois de l’échéance. Affiches. Tracts. Programme. Campagne. Tractage.
Et d’abord faire oublier qu’elle aurait abandonné son ministère. Comme ça. Elle pleurait, me diront ses amis.
Elle dit que sa feuille de route sera très claire. Que ses priorités pour Paris seront … la sécurité, la propreté, l’apaisement, le … respect.
Non ! Elle ne fait pas un copié-collé ! A preuve, ont disparu de son programme le projet de Benjamin Griveaux de déplacer la gare de l’Est pour la remplacer par un Central Park parisien, et puis encore l’apport de 100 000 euros pour aider les Parisiens à accéder à la propriété.
Elle est la nouvelle cheffe de file de la Macronie à Paris. Cela l’oblige.
Elle devra faire avec. Travailler avec les membres d’une équipe qu’elle n’aura pas choisie. Et qu’elle n’a, pour certains, jamais rencontrés…
Un logo Paris Ensemble avec Agnès Buzyn a été envoyé aux équipes. Sinon, en attendant, des tracts intermédiaires desquels ont disparu le nom et le visage de Benjamin Griveaux. Sinon encore, la mention des nom et prénom et une photo de l’ex ministre ajoutés sur les tracts … d’Hanna Sebbah, la candidate du 16ème.
Le programme du candidat malheureux à la poubelle, tout est à … féminiser. Décider. Inventer. Avant que de Ré-imprimer.
Elle a pris attache avec Cédric Villani. Elle vous l’a dit d’emblée : sa campagne sera paisible. Bienveillante.
J’y vais pour gagner, répète à présent celle qui est le joker du Président : ils perdront ensemble ou gagneront ensemble.
C’est fastoche comme ça?
Mais alors ? C’est si facile que ça ? Conquérir Paris ? En un mois Un seul ? Et l’accident Griveaux peut donc être ainsi colmaté ? Voire … loué ?
Gageons que cette jolie femme en guise de pari pour Paris sera dans le tiercé gagnant. Mais à quelle place.
Devin est celui qui peut dire si le choix présidentiel s’avèrera une idée de génie et Tous disent que les prochains sondages parleront.
La troisième Dame, passif et actif
En attendant, qu’on y croie encore ou pas, on apprend à connaître la troisième Dame.
A son passif, les lecteurs du Canard enchaîné auront noté un chantage à la démission pour renouveler son époux Yves Lévy à la tête de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale.
A son passif, elle a du décider l’arrêt du remboursement de quatre médicaments contre le développement de la maladie d’Alzheimer.
A son passif, l’arrêt du remboursement des préparations homéopathiques par la Sécurité sociale.
A son passif, cette valse-hésitation sur l’aide à mourir dignement : Elle pense aujourd’hui que la loi Claeys-Leonetti est suffisante.
A son passif, une suspicion de liens d’intérêts avec des laboratoires pharmaceutiques…
A son passif enfin, la nomination de son époux comme Conseiller d’État en service extraordinaire, sur proposition de Nicole Belloubet, ministre de la Justice, et collègue d’Agnès Buzyn. Un poste où Yves Lévy sera invité à conseiller juridiquement le gouvernement, lui qui n’a jamais pratiqué le droit public. Un poste, surtout, où il sera amené à étudier aussi les textes proposés par sa femme.
A son actif, ce projet de loi bioéthique, présenté au Sénat en janvier 2020, dont la mesure phare est l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes célibataires.
A son actif, son soutien au projet de loi concernant le droit à l’oubli pour les anciens malades du cancer, entré en vigueur le 14 février 2017.
A son actif, son engagement dans la lutte contre le tabac et l’abus d’alcool et sa dénonciation des groupes de pression lors du vote des amendements remettant en cause la Loi Évin.
A son actif, sa dénonciation des pratiques de certains laboratoires qui aboutissent à une augmentation excessive des prix des nouveaux médicaments anti-cancéreux.
La pièce va se jouer. Elle sera politique et même, nous espérons qu’elle sera de facture … classique. Sans coups bas. Paris vaut bien cela.