Ça risque fort de faire splash. D’avoir, aux yeux de certains, des airs de grand bluff. Du Bougli bougla. Annoncé comme le deal du siècle depuis si longtemps, confié au malheureux Jared Kushner qui certainement y a mis la meilleure volonté du monde, il était supposé être dévoilé, aujourd’hui, par Donald Trump, qui avait convoqué à la Maison blanche d’abord Bibi, et puis Benny, forcément, et des représentants des Emirats, et qui avant même que de le dévoiler, parlait avec optimisme aux media, évoquant avec une maladresse certaine « les autres », entendez Les Palestiniens, qui devraient bien s’y faire, au vu du paquet de milliards consenti. 55.
Aïe Aïe Aïe Ce Les Autres, qu’il était maladroit, quoi qu’on en pensât, des « autres », et de leur volonté et capacité à un jour faire la paix avec ce voisin juif haï.
Les autres, ils appelèrent la chose le complot du siècle pour liquider la cause palestinienne, et, alors que les 2 prétendants de l’Etat hébreu se rendaient dès lundi à Washington chez Donald, eux engageaient d’énièmes manifestations, qui en Cisjordanie, qui dans la bande de Gaza, où ils brûlèrent des dollars, – faux, of course- pour signifier au monde que La Palestine n’était pas à vendre, et incendièrent moult effigies de Trump, coupable de vouloir liquider la cause palestinienne. Des manif: c’est tout ce qu’ils savent faire. Lorsqu’ils n’égorgent pas.
Moi, Trump, je n’ai pas d’avis sur lui. Eh oui Toujours pas. Ni d’admiration, ni la moindre sympathie pour l’Homme. Juste un réel intérêt qu’on porterait à un animal inconnu du sérail, aux méthodes qui marchaient même si elles étaient parfois discutables : le coup Soleimani a, à titre d’exemple, changé mon regard : Et si c’était ainsi qu’il fallait procéder désormais avec certains, dites-moi. A coups d’éliminations. Ciblées.
Mais tout de même. Vue d’ici, l’affaire sentait le roussi. Un plan tant espéré, et qui serait divulgué en l’absence d’un des protagonistes. Et puis que de fois ne l’avait-il reporté, son fameux deal du siècle, promis depuis plus de deux ans : on en était même venu à se demander s’il avait été esquissé.
Bibi et Donald, ils sont potes. Et que je te donne du mon ami, et même une petite colonie à ton nom, en échange de ton transfert d’ambassade : du jamais vu. Les 2 amis sont aussi en légère difficulté, l’un aux prises avec une demande d’immunité à laquelle il a fini par renoncer, l’autre en plein théâtre d’impeachment.
Toujours est-il que ce week-end, tous les JT israéliens vendirent la mèche : ça s’appelle du teasing, et on devinait déjà que le deal allait répondre aux demandes israéliennes … les plus droitières.
In fine, voilà ledit plan : les concessions sont si favorables à Israël qu’il semble avoir peu de chances d’aboutir. L’annexion de la vallée du Jourdain, zone agricole et stratégique qui représente 30% de la Cisjordanie occupée, ou la reconnaissance officielle de Jérusalem comme seule capitale sont au programme. Les réfugiés palestiniens n’auront pas droit au retour. On parle du plan plus pro-Israélien jamais imaginé.
Donald Trump dit avoir proposé une solution réaliste à deux États, le futur État palestinien ne voyant toutefois le jour que sous plusieurs conditions, dont le rejet clair du terrorisme et la totale démilitarisation : Tous les musulmans aux intentions pacifiques seront bienvenus, ajoute Donald, le doigt sur une carte dessinant un tunnel reliant la Cisjordanie à la bande de Gaza.
Comment critiquer un tel bon sens dites-moi.
Le plan prévoit un volet économique déjà présenté en juin : environ 50 milliards d’investissements internationaux sur dix ans dans les Territoires palestiniens et les pays arabes voisins. 50.
Israël a salué un plan historique, mais voilà: pas les Palestiniens : Depuis que le président américain a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017, Mahmoud n’en démord pas : Il est impossible pour n’importe quel enfant, arabe ou palestinien, d’accepter de ne pas avoir Jérusalem comme capitale d’un État palestinien, avait-il réagi, ne prêtant pas oreille à ce que lui chuchotait Trump : cette chance historique pour les Palestiniens d’obtenir un État indépendant. Cette possibilité de sortir de la misère et de la dépendance à la charité internationale, et de retrouver dignité, autosuffisance et fierté nationale. 50.
Le Hamas, n’en parlons même pas.
In fine, ce plan américain risquerait, Hamas aux manettes, ranimer le conflit israélo-palestinien : Plusieurs rassemblements sont prévus ces prochains jours, notamment mercredi dans une ville palestinienne située près de la vallée du Jourdain, où l’armée israélienne a récemment renforcé sa présence. Les Palestiniens? Ils ont également menacé de se retirer … des accords d’Oslo.
Si l’Union européenne a réaffirmé son engagement ferme pour négocier une solution à deux États, la Turquie a jugé, elle, que le plan était mort-né, le qualifiant de plan d’occupation, alors que la Russie a appelé les Israéliens et les Palestiniens à négocier directement. Sic.
Ce soir, c’est un peu le balagan :
Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est, cette partie de la ville occupée depuis 1967 par Israël puis annexée, la capitale du futur État auquel ils aspirent. Ils n’en démordent pas. Ils n’en ont cure que ce plan garantisse à un État palestinien démilitarisé de vivre en paix aux côtés d’Israël. Démilitarisé. Démilitarisé.
L’ambassadeur américain, lui, il aurait pu attendre juste un peu, mais non: il vient d’indiquer qu’Israël pouvait annexer sans délai ses colonies en Cisjordanie.
Trump, qui avait évoqué, à la Ségolène, un projet gagnant-gagnant, a redit récemment à Abbas que le territoire prévu pour son nouvel État resterait ouvert et sans développement de colonies israéliennes pendant une période de quatre ans.
L’Iran parle de trahison du siècle et affirme que le choix de la Résistance reste le seul choix pour libérer la terre. Parce que « eux » appellent « ça » … « résister ».
Le Hezbollah libanais, enfin, parle d’une tentative d’éliminer les droits du peuple palestinien, historiques et légitimes » et évoque … un marché de la honte qui n’aurait pas pu se faire sans la complicité et la trahison d’un certain nombre de régimes arabes, partenaires en secret ou au grand jour de ce complot.
A raison : Trump n’a-t-il pas salué la présence des ambassadeurs d’Oman, au Bahreïn et aux Emirats arabes unis notamment… L’Egypte, elle, appelle les Israéliens et les Palestiniens à un examen attentif et approfondi du plan. Ce qui nous laisse un espoir: et si ceux-là en avaient enfin, eux aussi, leur claque de « la résistance » palestinienne. 50.
En langage diplomatique, ce genre de plan s’appelle une paix carthaginoise.
William Turner
1817
Gageons que les Palestiniens refuseront de renoncer à l’essentiel de leurs revendications en échange d’une souveraineté sur un territoire morcelé. Gageons qu’ils vont ré-sis-ter. Ad vitam aeternam.
Gageons encore que Bibi, de son côté, aura bien du mal à faire avaler à la droite nationaliste israélienne les concessions territoriales aux Palestiniens, inacceptables par principe aux yeux des religieux.
Gageons que nous n’en n’avons pas fini, hélas. Et qu’il faudra… éliminer … les chefs de ces … Résistants aux méthodes barbares.