Johannes Brahms : dix (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur le compositeur. Clémence Lengagne

Frei aber froh, libre mais heureux, telle était sa devise. Célibataire endurci, ami fidèle : voici dix (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur le compositeur des Danses hongroises.

Johannes Brahms : dix (petites) choses que vous ne savez (peut-être) pas sur le compositeur
Portrait de Johannes Brahms, © Getty

Né en 1833 à Hambourg, Brahms était un homme épris de liberté. Toujours amoureux sans ne s’être jamais marié, il parvenait peu à se stabiliser. Ami dévoué et fidèle, il était avant  tout un être qui vivait avec passion. La sueur et les larmes étaient de rigueur lorsqu’il se mettait à composer, processus ponctué par ses promenades quotidiennes. 

De ses débuts dans les tavernes entouré de matelots ivres et de prostituées aux salles de concert du monde entier, voici dix (petites)  choses à savoir sur le compositeur du Requiem allemand. 

Johannes Schumann 

C’est en 1853 qu’il rencontre pour la première fois le couple Schumann dont il deviendra instantanément indissociable. Quelques mois après leur rencontre, Robert Schumann est interné. Brahms se consacrera corps et âme à aider la famille de son ami jusqu’à son décès en 1856. Parrain de leur fils Félix, il est intimement lié à Clara Schumann qu’il « aime à en mourir». Elle contribua grandement à faire connaître sa musique grâce aux récitals qu’elle donnait à travers l’Europe. 

Un regard vers le passé 

Brahms s’est beaucoup intéressé à la musique de ses illustres prédécesseurs qui étaient tombés peu à peu dans l’oubli. Il n’hésite pas à citer certaines de leurs œuvres ou s’en sert comme support pour composer, comme pour ses Variations sur un thème d’Haendel pour piano. Il lui a longtemps été reproché une trop grande absence de nouveauté contrairement à son rival Wagner, qui ira jusqu’à qualifier sa musique de « simple remplissage de formes ».  

Double-Brahms

Quand on évoque Brahms, deux facettes de sa personnalité surgissent. La  première est celle d’un homme âgé, barbu, bourru et doté d’un certain embonpoint au « frigide tempérament de protestant à sang froid » comme le décrit Bruckner.  Or, jusqu’à la cinquantaine, il était connu pour sa beauté et son magnétisme qui ne laissaient personne indifférent. Rasé de près, les cheveux blonds rejetés en arrière, des yeux bleus et un humour ravageur font son succès. A la suite d’un dîner, il aurait déclaré en quittant l’assemblée :  « Si  parmi les personnes présentes, il en est une que j’ai oublié d’insulter, je lui de­mande de bien vouloir me pardonner » !   

Portrait de Johannes Brahms en 1860 à vingt-sept ans
Portrait de Johannes Brahms en 1860 à vingt-sept ans, © Getty

Un grand enfant 

Si son apparence juvénile s’est dissipée dans le dernier tiers de sa vie, Brahms conserve éternellement son âme d’enfant. Il appréciait toujours un tour de manège et était passionné par les soldats de plomb. Sans enfant, il comble ce manque en s’occupant de ceux de son entourage et ne perdait jamais une occasion de jouer avec eux.  

Toutes les femmes de sa vie

Agathe, Alicia, Bertha, Elisabeth, Ethel, Florence, Hermine, Julie, Louise… « Ce serait aussi difficile pour moi d’écrire un opéra que de me marier ». Lucide (il ne fera ni l’un ni l’autre), Brahms connut de nombreuses femmes au cours de sa vie. Il s’engagea à deux reprises, mais les fiançailles furent rapidement rompues par sa peur de l’engagement. Malgré ces amours, son cœur ne fut véritablement dévoué qu’à Clara Schumann jusqu’à la fin de ses jours. 

Portrait de Clara Schumann au piano
Portrait de Clara Schumann au piano, © Getty

Complexe d’Œdipe ou coïncidences ?

Au décès de sa mère en 1865, Brahms aurait déclaré « Je n’ai plus de mère,  il faut que je me marie ». A défaut d’une épouse, Brahms eut Clara Schumann. De quatorze ans son aînée, cet écart n’est pas sans rappeler les dix-sept ans qui séparent la mère du compositeur de son jeune époux. Toutes deux trépassèrent à soixante-seize ans. Brahms succombera, comme son père, d’un cancer du foie quelques mois après le décès de la « seule personne qu[‘il a] vraiment aimée ». 

Une célèbre berceuse

Au printemps 1859, Brahms commence à diriger un chœur de femmes dont faisait partie Bertha Porubsky, dix-sept ans (il en a alors vingt-six). Ils se fréquentent, mais la tante de la jeune fille la convainc de mettre un terme à leur relation et de revenir à Vienne, où elle se marie. C’est en 1868, lorsque Bertha accouche de son deuxième enfant, que Brahms compose pour elle sa célèbre Berceuse op.49 n°4. 

Plus cigale que fourmi 

Brahms est un homme qui fait preuve d’une grande générosité envers ses proches. L’argent a peu d’importance pour lui et il ne souhaite pas connaître le montant de sa fortune. Il donne ses premiers droits d’auteurs à ses parents, et n’hésite pas à donner de l’argent à son entourage. Il écrit dans une lettre destinée à son ami Dvorak « Je n’ai pas d’enfant, je n’ai aucun souci de famille, veuillez donc considérer ma fortune comme la vôtre ». 

Un esprit sain dans un corps (presque) sain 

Appréciant la bonne chair et le bon vin, grand amateur de cigare et de café, le compositeur est doté d’une grande vivacité physique et d’une santé de fer. Il lui arrivait de plonger très tôt le matin dans le lac Starnberg, et était capable de marcher des heures durant, épuisant son entourage. L’esprit vif, il pouvait discuter de tout ce qui l’entourait. De la vie quotidienne aux phonographes, tous les sujets sont dignes d’intérêt et susceptibles d’être l’objet de profondes conversations.  

Oui, nous aimons Brahms

Françoise Sagan entourée de l'équipe du film "Aimez-vous Brahms..." (De gauche à droite Ingrid Bergman, Anthony Perkins, Anatole Litvak et Yves Montand)
Françoise Sagan entourée de l’équipe du film “Aimez-vous Brahms…” (De gauche à droite Ingrid Bergman, Anthony Perkins, Anatole Litvak et Yves Montand), © Getty

Qualifié de « Nouveau Messie » par Robert Schumann en son temps, joué dans le monde entier, la renommée de Brahms n’est aujourd’hui plus à faire. Pourtant, il eut de la peine à faire l’unanimité auprès de ses contemporains, et à conquérir le public. Les Français sont les plus réticents à ses compositions et le boudent pendant près de cinquante ans. C’est Anatole Litvak qui le popularise grâce à Aimez-vous Brahms, en 1961, transposition cinématographique du roman éponyme de Françoise Sagan parut deux ans plus tôt. 

Bibliographie : 

FRANCOIS-SAPPEY Brigitte, Johannes Brahms : Chemins vers l’absolu, éd. Fayard, 2018, coll. Les chemins de la musique, 404 p. 

WERCK Isabelle, Johannes Brahms, éd. Bleu Nuit, 2016, coll. Horizons, 176 p. 

Source: France Musique. 27 janvier 2020.

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1 Comment

  1. les trios pour cello violon et piano interpretes par Isaac Stern,Rose et Istomin sont magnifiques.La meilleure version a mon avis.
    le debut de la 2″symphonie est “da morire”
    le concerto de violon pour Joeph Joachin qui l a presente aux Schumann superbe

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