Tribune Juive

Frédéric Sroussi. La mélodie de l’hymne pétainiste «Maréchal, nous voilà ! » fut volée à un compositeur juif mort à Auschwitz !


Aussi incroyable que cela puisse paraître, la mélodie de l’hymne symbolisant la collaboration de la France avec le nazisme est un plagiat dont la victime fut un compositeur juif du nom de Casimir Oberfeld.

Dans son livre La mélodie volée du Maréchal, l’historien et normalien Jean-Pierre Guénot raconte l’ incroyable histoire de Casimir Oberfeld, Juif d’origine polonaise, qui composa des chansons pour les plus grandes stars de son époque : Maurice Chevalier, Mistinguett, Fernandel et même Arletty. «C’est vrai », «Paris sera toujours Paris» ou encore « Félicie aussi» ( ainsi que la musique de 70 films dont des classiques du cinéma français comme Le Schpountz ou encore Fric-Frac) furent l’œuvre du malheureux Casimir Oberfeld, mort en déportation en 1945.

Casimir Oberfeld

C’est en 1941, alors qu’en tant que Juif il est assigné à résidence et n’a plus le droit de travailler à cause des lois de Vichy , que la mélodie d’une de ses opérettes intitulée «La Margoton du bataillon» (datant de 1933) est plagiée et devient le refrain du célébrissime hymne pétainiste «Maréchal, nous voilà !», attribué de manière illégitime à André Montagnard et Charles Courtioux.


Casimir Oberfeld, dont le talent égale, comme le dit Jean-Pierre Guéno, celui d’un Vincent Scotto, est mort d’épuisement lors de «La marche de la mort » précédant la libération du camp d’extermination d’Auschwitz, dans lequel il fut envoyé en 1943 par le convoi 63.
Quand on songe à tous les antisémites qui entonnèrent la mélodie d’un compositeur juif  en pensant  célébrer la «pureté aryenne», on se dit, avec Jean-Pierre Guénot, que l’ironie de l‘Histoire est bien cruelle.

Frédéric Sroussi

Frédéric Sroussi est essayiste et journaliste

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