
C’est ton énième café. Tu ne comptes plus. Tu te promets chaque matin de ralentir. Ils ne sont pas tous pris selon un même cérémonial. Privilège de ceux qui travaillent aussi de chez eux. Qui n’ont pas d’horaire matinal qui soit leur maître.
Café. Celui pris parfois aux aurores devant un traitement de texte. Celui pris paresseusement au creux de la couette. Minutes précieuses. Celui, classique, consommé attablée. Devant ton iphone et à l’écoute des nouvelles diffusées par … France Info.
France Info programmé. Dans ta voiture aussi. Malgré tout le mal que tu en dis. France Info si pratique pour faire Le tri. La critique. Aller chercher plus profondément l’info ensuite. Valider. S’étonner encore et toujours de cette mauvaise foi. De cette qualité discutable. Et appuyer encore sur ON le lendemain.
Pas de pub Ce qui est d’un grand réconfort au sortir du sommeil
Tout en vrac
Un podcast va donc raconter le quotidien de François Hollande. La vie normale de François Hollande. Ces 6 épisodes d’environ 15 minutes nous feraient découvrir ses journées très chargées. Le fruit de 10 semaines d’entretien. Tu te demandes Qui, mais Qui donc cela peut bien intéresser. Même Laurent Binet a du lâcher l’affaire.
Non rien : Y avait eu, à la rentrée, le cas Belloubet. Juste un oubli. Une pécadille. Pourquoi diable la chose serait-elle plus choquante lorsqu’une Ministre, de la Justice de surcroît, aurait omis de mentionner quelques menus Biens dans sa déclaration de patrimoine.
Ce matin, C’est Delevoye. Delevoye himself ? Ça la fiche mal. Cette amnésie. Ce Presque rien, pourtant. Juste un oubli, lui encore, dans sa Déclaration d’intérêts.
Tu repenses a ce pauvre Thomas Thevenoud qui déjà en 2014 souffrait, lui, de phobie. Administrative. Tu te souviens du jour où même Raymond. Mais si. Tu sais bien. Feu Raymond Barre. Professeur de morale.
Et voilà. Leurs noms. Leurs visages. A toute la clique. Comment disait-elle, Simone Veil ? Je ne donne pas de leçons. Je montre l’exemple.
En même temps
En même temps, Tu échanges avec ta fille. Par textos. Les cadeaux de Noël. Tu ne sais pas comment vous en arrivez à parler de Dom Juan Mais ce que tu sais, c’est qu’en même temps tu pianotes avec Lui : Lui. D’article en article et de Whatsapp en Messenger Te voilà presque à lui raconter quelle sera ta journée. Et Comment qu’elle va être trop galère. Pluie. Froid. Grève. Rendez-vous avec le monsieur prétentieux. L’expo Léonard? Je n’sais pas si je peux, te surprends-tu à écrire à cet ami: tu avais zappé…
Quoi ?
La SNCF vous demande de rester chez vous aujourd’hui
Abracadabrantesques annonces. La claque pour ce Président qui, parlant de ce 5 décembre, évoquait en amont[1] quelque chose d’étrange. Comme une lubie qui aurait saisi son peuple. Ce pays trop négatif, qu’il avait dit. Mépris? Déni. Toi tu disais: Stratégie.
Ça t’avait trop énervée. Cette manière de prendre les gens pour des imbéciles. Prêts qu’ils étaient, à l’entendre en parler depuis Amiens, à protester contre un texte duquel ils ne savaient rien blabla.
Tu réalises que tu n’en sais pas tant qui la font, cette grève, pour la raison avancée. Policiers. Urgentistes. Avocats. Journalistes. Professeurs. Femmes de chambre. Pilotes. Transports
Marée humaine à la Gare du Nord. L’Enfer, qu’ils disent. Mardi sera pire, entends-tu.
Pire que quoi.
Cette France morose. Insatisfaite. Sa légèreté disparue. Cette colère sourde. Ces conversations désormais évitées à table. Il ne manquerait plus que l’on se fâchât à cause du Président. Entre ceux qui marchaient encore et ceux qui ne voulaient plus. Voilà: Ces conversations désormais évitées à table. Peut-être était-il là, le profond motif de mon tourment. Chez nous, ça avait commencé avec L’affaire DSK.
Tu sais plus. Parce qu’à vrai dire, des Gilets jaunes, tu n’en connais pas de près. Tu t’en es juste mêlée lorsqu’ils ont voulu te faire accroire qu’il n’y avait là, dans leurs cortèges, que des graines de violence. Des boules de haine. Tu les trouvais sacrément fortiches de pouvoir se livrer à cette prompte analyse. Ça aurait simplifié la donne.
C’est le balagan. Partout.
Tu as dépassé le stade. Tu touches à cette juste distance qui flirterait presque avec l’indifférence
C’était mieux avant. Voilà, Tu l’as dit, le truc ringard que jamais t’avais osé formuler. Le truc pas branché. Que C’était mieux avant. Que T’aimais mieux avant. Avant Charlie. Avant le Bataclan. Avant qu’ils ne te jouent le sale coup de partir. Comme ça. Brutalement. Lui. Et puis Lui. Juste après. Ça s’fait pas.
Tu prends des résolutions. Tous ces films que tu n’as pas vus. Il fut un moment où, fondue de cinéma, tu étais à jour. Tu vivais alors avec cet hyperactif. Tu l’as suivi. Tu en sortis éreintée. Avide de temps pour n’en rien faire. Improviser. Savourer.
Les livres s’empilent.
Tu pourrais Faire le tour du lac. Et puis aviser.
Le monsieur prétentieux.
Et ton papier, là, il l’est pas, prétentieux, dis-moi. A leur dire sans décence tes états d’âme
Ce joli rendez-vous à venir. Juste après.
Tu remets en boucle Le baiser. Tu aurais bien aimé l’avoir écrite, sa chanson.
[1] 22 novembre. Amiens.