
Treize ans après la mort de Théodore Herzl, « l’homme d’Etat sans Etat, le Roi sans Royaume », mais qui a su gagner l’admiration sans partage de son peuple, le ministre des Affaires étrangères britannique, Lord Balfour écrit un billet à son « cher Lord Rothschild ».
Ce billet deviendra bientôt célèbre dans l’histoire sous le nom de « Déclaration Balfour », un billet où, « au nom du gouvernement de Sa Majesté britannique » il adresse à Lord Rothschild « les sympathies du gouvernement pour les aspirations juives sionistes… et sa volonté d’établir, en Palestine, un Foyer national pour le peuple juif ». Lord Balfour souligne que le gouvernement emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif.
Datées du 2 novembre 1917, ces quelques lignes marquent une étape décisive dans l’histoire du sionisme. Elle grave, sinon dans le marbre, du moins sur le papier (c’est moins solide, l’avenir nous le prouvera) l’engagement de Sa Majesté envers le peuple juif.
En dépit des reniements qui interviendront assez rapidement, et de manière répétée jusqu’au 14 mai 1948, date du départ du dernier soldat britannique du sol palestinien (sol qui deviendra, un jour plus tard, celui d’Israël), la Déclaration Balfour peut légitimement être considérée comme l’acte de naissance de l’Etat d’Israël.
Signalons tout de même que la diplomatie française n’est pas restée muette face à cette initiative, elle l’a même, parfois, précédée.
En effet, cinq mois avant que Lord Balfour engage son pays, Jules Cambon, secrétaire général du Quai d’Orsay, adressait une lettre à Nahum Sokolov, secrétaire général de l’Exécutif sioniste, pour lui dire « le gouvernement français qui poursuit sa lutte pour assurer le triomphe du droit sur la force, ne peut qu’éprouver de la sympathie pour votre cause dont le triomphe est lié à celui des Alliés ».
Le 10 février 1918, le ministre français des Affaires étrangères s’associera définitivement à la Déclaration Balfour. Elle sera, par la suite, adoptée par la toute jeune « Société des Nations » née sur les décombres de la première guerre mondiale.
Les seuls à ne pas se réjouir sont les féodaux arabes et leurs amis religieux, pour qui la déclaration Balfour « est un viol colonial de la Palestine arabe ».
Une question, pourtant, se pose : pourquoi le gouvernement dirigé par Lloyd George a été amené, en pleine guerre, à promulguer cette déclaration où, fait unique dans l’histoire souligne Arthur Koestler, une nation (le Royaume-Uni) promet à une autre nation, en devenir (le futur Etat juif) le territoire d’une troisième nation (l’Empire Ottoman) ?
Lloyd George répondra lui-même à cette question vingt ans plus tard, devant la « Palestine Royal Commission » présidée par Lord Peel.