
On dit que l’argent n’a pas d’odeur…
Mais le bruissement des billets peut en conduire certains à l’orgasme…
Car comment imaginer une autre raison qui aurait poussé les éditions Fayard à republier mein kampf( sans majuscules), bien que son pouvoir de nuisance soit majeur.
Je sais. On peut l’acheter sur Internet.
Et Fayard, qui nous prend un peu pour des crétins, prétend que la publication annotée devient un opus pédagogique…
A mettre entre toutes les mains donc. Enfin… Celles de ceux qui savent lire…
Une atteinte au sacré
Il s’agit là d’une atteinte au sacré.
Ce brûlot immonde qui a coûté la vie à 6 millions de Juifs semblait à tout jamais avoir rejoint les oubliettes de l’Histoire…
Ou en tout cas il paraissait évident qu’il avait été neutralisé par une décence qui interdisait aux hommes bien pensants de s’en approcher.
Il semblait qu’il exhalait une odeur de soufre et de haine psychotique qui l’exilait loin du quotidien de nos démocraties en 2019.
L’argent n’a pas d’odeur. Mais parfois il empeste.
Cette grenade dégoupillée, cette arme qui ranime les braises d’une sauvagerie déraisonnée née dans l’esprit d’un tueur fou, ces pages qui incitent à la tuerie de masse, à l’éradication d’un peuple, ce condensé de barbarie et d’inhumanité va trôner avec insolence dans les vitrines des librairies françaises.
Je ne suis pas juriste. Je croyais que l’incitation à la haine était un délit en France.
Il semble que la justice soit en l’occurrence à géométrie variable.
Ce n’est plus un délit si c’est lucratif. Et si ça touche des Juifs.
Non ce n’est pas de la parano.
La France est incendiée par une polémique sur le voile ou pas le voile, sont stigmatisés les propos qui expriment le désaveu ou la désapprobation, cette femme a été bafouée, son enfant traumatisé, la France frémit , où commence la laïcité, où se cogne la liberté ?
Mais il semble que la réédition de mein kampf provoque moins de vagues…
Annoté, on vous dit…
Des annotations pour dire quoi? Que ce n’est pas très judicieux de tuer des Juifs parce qu’ils sont Juifs?
Que ce monument de littérature ne peut être ignoré des jeunes et des moins jeunes qui n’auraient pas eu la chance d’en savourer la philosophie fondatrice ?
Qu’il est bon de savoir qu’on peut élaborer un plan génocidaire et le mettre en oeuvre sous l’œil indifférent de populations très occupées ailleurs ?
Expliquer dans un élan d’hypocrisie rare que ce livre est nécessaire pour comprendre l’organisation de la Shoah et éviter sa renaissance?
Ou bien mettre l’eau la bouche des antisémites- pardon, des antisionistes de tout poil- et allumer des feux dans leur esprit déjà carbonisé de haine?
Ce livre existe.
Je le sais.
On peut se le procurer.
Je le sais.
Mais en dehors de l’appât du gain qui travestit l’éditeur en loup égaré dont la langue balaie le sol et la table dans une irrépressible bouffée de désir paroxystique, quel argument peut on avancer pour justifier une telle ignominie ?
Existe-t-il une position intellectuelle défendable devant cette machine à tuer qu’est cet opus nazi dont on ne peut ignorer les conséquences ?
Je demande juste…
Que cette journée signe les petits bonheurs et les grandes joies qui font oublier un instant le bruit et la fureur…
Je vous embrasse