Avec Riss résolument: Pendouillez-les donc. Sarah Cattan

Être Charlie, mais pas trop quand même hein ! Sarah Cattan

Avec Riss: Pendouillez-les! Sarah CattanAinsi, lorsque Riss a publié Pendez-les ! en guise d’éditorial, cela a fait un sacré foin.

Pendez-les! Editorial Charlie Hebdo. Riss. 21 août

Quoi ! Riss aurait trahi tous les principes qui faisaient de lui l’humaniste qu’on croyait !

Shame. Horreur. Emoi dans les maisons. Dissection des sentiments. Autopsie de nos certitudes.

Lesquelles, si on n’en avait qu’une, pourraient se résumer à notre positionnement sur La peine capitale. Nos batailles acharnées pour expliquer qu’être abolitionniste ne souffrait pas d’exceptions. Non le pédophile n’allait pas avoir droit au châtiment dit suprême : l’abolitionnisme était un principe. Non négociable.

On avait lu L’exécution. On avait grandi avec Robert. On utilisait son Discours du 17 septembre 1981 à l’Assemblée en guise de cours sur l’argumentation.

Et voilà que Laurent Sourisseau, Riss, quoi, venait nous acculer à réviser tout ça. Qu’il le faisait sans prévenir. En plein été. Entre deux bains de mer de surcroît.

Qu’ils crèvent !

Et il te mettait ça en titre ! Et il ajoutait ce point d’exclamation !

Bien sûr Riss nous a énervé les Gentils. Les meilleurs d’entre nous : ceux qui sont plus généreux. Plus humanistes. Plus nobles dans leur manière de penser le monde. Qui viennent presque nous dire que les barbares auraient pu être nos frères humains. Qu’ils ont, eux, comme nous, un papa. Et même une maman.

Caramel Bonbons et chocolat dit la chanson. Foin ici de sentimentalisme. Nous ne ferons pas pleurer Margot en sa chaumière en rappelant Qui est Riss et à quoi Il a survécu. Il serait indécent d’évoquer ici ce qu’il endura et pourquoi pas, par comble de mauvais goût, ce qu’encore l’homme endure.

Nous ne lui dresserons pas de lauriers parce qu’en outre il continua. D’écrire. De faire vivre Charlie.

Riss

Nous rappellerons juste cet édito donc, que de surcroît le gus nous sort quasiment le jour de son anniversaire. 5 années après le carnage. Celui-là dont nous-même avons du mal à nous relever. Nous le rappellerons parce que d’aucuns ont l’indécence extrême, le très mauvais goût, de faire un procès au caricaturiste.

La peine de mort pour ceux qui lui ont fait la vie qu’il a ne le choque pas, affirme Riss dans cet édito. Nous sommes en guerre, rappelle-t-il à tous les esprits courts qui, trop heureux de n’avoir point vu d’attentat sur le sol français depuis un moment, se disent que L’affaire est close.

Il nous parle, Riss, de la génération prochaine du djihad, qui aura la moitié de l’âge des Kouachi. Et ça, il le fait, sombre concomitance, au moment où le JDD du 18 aout nous livra un papier sur … Toulouse. Sur Toulouse, la ville dont une autre ordure devint en 2012 le héros. Le héros d’une génération qui se choisit pour héros le barbare qui tua 3 garçons parce qu’ils étaient militaires et 4 Juifs, devinez pourquoi. Toulouse où personne, même pas la police, trop concentrée sur les dernières figures du milieu traditionnel, n’aurait vu venir ce virage radical, déguisé en émules d’un Tony Montana.

 Toulouse où cette graine aurait même fait fuir ses aînés, affolés par leur facilité à dégainer et ce sentiment définitif d’impunité qui désormais les habiterait.

Toulouse la mal dotée en termes d’effectifs de police.

Mais Toulouse … victime de l’Effet Merah : Plusieurs de ceux qui sont morts sous les balles (treize règlements de comptes en 2018, cinq depuis le mois de janvier) ont grandi dans la même cage d’escalier que Mohamed Merah, cet enfant des Izards devenu tueur au nom d’Allah sans qu’aucun radar ne le détectât. Ils l’auraient vu renoncer à sa carrière de petit voyou pour semer la mort au nom d’une religion qu’il connaissait à peine, et mourir en 2012 les armes au poing. Ils en ont alors fait leur héros, gravant son nom sur les murs des premières cellules où ils ont été enfermés, à l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Lavaur.

Des camarades de Merah passés à la vitesse supérieure. Toulouse où l’on s’approprie, calibre à la main, le terrain convoité, fût-il à un autre : Un Tu dégages, ici c’est chez moi Suffira pour que le gars obtempérât.

Toulouse où la mort ferait désormais partie du jeu, selon un avocat de la ville. Toulouse où on conforterait son entreprise en éliminant des mecs.

Voilà. Pendez-les ou laissez-les rentrer, revenir au pays sur lequel ils crachèrent.

Pendez-les, les traitres barbares qui se ravalèrent de leur plein gré au-dessous de l’animal.

Et vous voudriez les penser en idée défendable ? Penser un seul instant que nos lois pussent leur être appliquées ?  Avoir des états d’âme à leur encontre ? Vous masturber l’esprit en vous demandant et vous redemandant si la peine capitale ici pourrait souffrir l’exception, alors même que la réflexion, le débat sur la question, sont ici indécents et signent notre faiblesse, et demain notre suicide.

Belles âmes 2019 : les résilients…

Vous n’aurez pas ma haine, chanta celui-là duquel on tua l’amoureuse, alors que cet autre dit préférer apprendre, serait-ce à ses dépens, plutôt que de tuer, l’ennemi mais aussi une part de lui-même. Et qu’un autre a le fort mauvais goût de parler … de défaite.

Glosons ad libitum sur ce qu’il manque au droit français et européen. Lesquels ont encore des lois non adaptées à des Mehdi Nemmouche ou des Salah Abdeslam. Lois qu’il faudra impérativement mettre … au fort mauvais goût du jour.

Mais de grâce cessons l’enculage de mouche, cette masturbation intellectuelle bien française et ô combien hypocrite : Qu’ils soient jugés là où ils se trouvent de par leur propre volonté.

Ce qui vaut en temps de paix ne vaut pas en temps de guerre. La peine de mort en temps de guerre n’a rien à voir avec la peine de mort en temps de paix. Or nous sommes en temps de guerre, même si des penseurs un brin filou viennent nous objecter qu’en ce cas, si guerre il y avait, les barbares deviendraient donc des soldats, et que ce serait là un bien grand honneur à leur concéder…

Ne nous laissons pas faire par ce qui se voudrait un raisonnement et qui n’est qu’argutie.

Car non : cette guerre se fait avec une engeance venue de nulle part. Etrangère qu’elle est à l’espèce humaine.

Et aux avocats de ceux-là justement, répondons qu’au-delà de la peur -légitime- que les français pourraient nourrir à l’encontre de ceux-là qu’on voudrait nous rendre, il y a le fait que Nous ne les connaissons pas. Que nous n’avons rien à voir avec eux. Et, pire encore, que nous nous en fichons royalement, de la manière dont ils seraient, ou non, trucidés : pendouillés, ou croupissant à vie dans une geôle insalubre, peu nous chaut en effet : la défense de la cause animale est venue nous redire son importance, par rapport à cette émergence mortifère à laquelle nous ne savons même pas trouver un genre : ni humain, ni animal, juste des dégénérés.

Répondons-leur encore, aux Bien-pensants, aux diseurs de morale : nulle joie malsaine à cette pensée : seul un Rien. Un sentiment tout particulier face à ce qui est trop étranger à l’Humain pour que davantage nous nous appesantissions dessus.

Protéger les innocents, cela demande parfois de se salir un peu. Il faut bien qu’il y en ait qui le fassent, le sale travail, disait le Créon d’Antigone. Faisons-le, ce sale travail, et sans état d’âme ni joie mauvaise, sans hésitation malvenue, disons avec ce salaud de Riss, lui qui l’avait, avec ses potes, un peu cherché quand même hein, ce qui leur arriva, disons avec lui tout de go : Qu’ils les pendent !

Tant elle est viciée, l’argumentation qui commence ainsi :  Ou on est contre la peine de mort partout, où on ne l’est nulle part.

Viciée. Trop facile car évidemment valable en Théorie. Cette terre que peut-être Riss a, depuis un 7 janvier, effectivement désertée. Riss auquel je reconnais pour ma part, comme à Albert Chennouf, tous les droits. Ces 2 là qui ne chantent pas à l’unisson avec Antoine Leyris et les quelques bonnes âmes qui, l’avez-vous remarqué, se font sur le sujet … de plus en plus rares.

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2 Comments

  1. Pendons-les, trucidons-les, raccourcissons-les, oui mais pas tout de suite, comme dit la chanson. Une attente de 20 à 30 ans dans les couloirs agrémentée de simulacres comme aux USA me semble adaptée aux circonstances.

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