Depuis le début du siècle, le paysage géopolitique au Moyen-Orient a connu un bouleversement complet.
Israël, principal développeur d’armements de très haute technologie, et l’Arabie Saoudite, principal financeur de ces développements après les Etats-Unis, ont mis en place une alliance stratégique qui a transformé la supériorité militaire israélienne en domination absolue et de long terme.
L’Iran, qui était encore considéré au début du siècle comme une menace existentielle sérieuse pour Israël, est une puissance finissante, en effondrement économique et sociétal, encombrée par un équipement militaire d’un autre âge.
Même si leurs opinions publiques sont encore hésitantes, les puissances sunnites de la Péninsule Arabique ont, en pratique, accepté la permanence d’Israël dans la région. Elles le disent désormais ouvertement.
L’Autorité Palestinienne, qui était encore prise suffisamment au sérieux il y a vingt ans pour qu’Ehud Barak lui propose un Etat sur 100% de la Cisjordanie et de Gaza (y compris la souveraineté sur le Mont du Temple) n’est plus vue que comme ce qu’elle est : une mafia qui se répartit l’aide internationale sans se soucier d’administrer quoi que ce soit, qui n’a aucun pouvoir ni à Gaza ni en zone C de Judée-Samarie, et dont même le pouvoir sur les zones A et B n’est rendu possible que par le soutien sécuritaire d’Israël. Les opinions arabes, qui faisaient de la cause palestinienne leur principale passion il y a vingt ans, se sont lassées de cette clique et n’en parlent presque plus jamais.
Le Hezbollah, il y a vingt ans, était en train de prendre le pouvoir au Liban pour mener la guerre contre Israël. Aujourd’hui, il a le pouvoir au Liban et tient trop à le garder pour oser attaquer Israël, quelles que soient les instructions de ses maîtres de Téhéran.
La population juive en Judée-Samarie (zone C) et dans l’est de Jérusalem atteignait 340 000 habitants en 1999. Elle dépasse 660 000 habitants vingt ans plus tard. Elle augmente 60% plus vite que la population juive à l’ouest de la ligne verte, mais aussi plus vite que la population arabe des zones A et B.
Bref, tout a changé. On pourrait donc s’attendre à ce que les services diplomatiques étrangers, dont le métier est d’informer leurs nations respectives de la situation internationale pour leur permettre de défendre au mieux leurs intérêts, adaptent en conséquence leurs analyses et leurs recommandations.
Et pourtant, quand on observe la production du ministère français des Affaires Etrangères – le Quai d’Orsay – sur la situation au Moyen-Orient, on est frappé par l’absence de tout changement (en vingt ans !) dans les messages et les propositions.
Le Quai continue à demander « une solution à deux Etats (Palestine et Israël), négociée dans le cadre multilatéral des Nations-Unies ». Il ne dit pas comment négocier avec deux autorités à la fois (celle de Gaza et celle de Ramallah), ni pourquoi ce qui a toujours échoué du fait du refus palestinien aurait la moindre chance de réussir la prochaine fois.
Source et article complet © Metula News Agency