Tribune Juive

Alain Herbeth. Duel Lieberman-Netanyahou, le gâchis

Israël, depuis que la Knesset a voté son autodissolution, ne dispose plus que d’un gouvernement en sursis, contraint de n’exécuter que les affaires courantes… sauf si le pire, toujours possible, survenait.

Et pourtant, Jérusalem devrait accueillir, le mois prochain c’est à dire très vite, un sommet « Israël-Russie-Etats-Unis » jugé comme un événement sans précédent par le porte-parole de la Maison-Blanche. Benjamin, en évoquant cette réunion, a lui aussi souligné sa nature unique et son importance pour la sécurité nationale d’Israël… « C’est ça que nous voulons faire, pas des élections inutiles. »

A qui la faute ?

Beaucoup, et sans doute encore plus, se tournent vers Avigdor Lieberman et le montrent du doigt. Les religieux, bien sûr, tous courants confondus, pour qui le peuple d’Israël ne pardonnera pas à Lieberman son intransigeance. Cela reste à démontrer et l’effet inverse n’est pas à exclure. Après tout, il existe une lecture laïque du judaïsme et l’on peut très bien être juif et athée. J’en connais.

Le Likoud n’est pas en reste, qui accuse Lieberman d’avoir tout simplement voulu faire tomber Netanyahou. Peut-être…

En conférence de presse, ce jeudi matin 30 mai, le chef d’Israël Beytenou a répondu à ses détracteurs qu’ils mentaient et se conduisaient de manière peu convenable. Il a répété les griefs politiques qui l’opposent au premier ministre mais il lui a surtout reproché le « culte de la personnalité » qu’il développe autour de lui. On le voit, la campagne électorale ne démarre pas sous les meilleurs auspices.

La clarification au bout d’une élection non voulue ?

Le premier résultat concret de cette campagne qui s’annonce est l’union probable de toutes les listes arabes, une union qui n’avait pas été possible le mois dernier et qui s’est soldée par une baisse sensible du nombre de députés arabes.

Autre conséquence, l’ancien chef d’Etat-Major adjoint de Tsahal, Yaïr Golan, pourrait prendre la tête de la liste travailliste dans l’espoir d’effacer son mauvais score récent.

Dernière conséquence interne, la fusion annoncée entre le Likoud et Koulanou, de Moshe Kahlon, permettant ainsi le retour précipité d’Ayelet Shaked… et ce n’est qu’un début ! Attendez-vous, comme disait Geneviève Tabouis, à découvrir d’autres glissements stratégiques.

Au-delà du contingent

Mais la conséquence la plus grave n’est pas de cet ordre là, un peu dérisoire, admettons-le. C’est la situation délicate dans laquelle cette affaire place Donald Trump. Le président des Etats-Unis a besoin d’un allié fort dans la région pour pouvoir imposer son plan de paix. Il n’a pas besoin d’un allié en sursis dont le sort va dépendre des urnes et des juges.

Dernière conséquence, mais à quoi bon en parler, tout le monde y pense, c’est savoir quelle va être l’attitude du Hamas et de l’Autorité palestinienne face à une situation qu’ils pourraient être tentés d’interpréter comme une fragilisation d’Israël.

Alain Herbeth

Quitter la version mobile