Raphaël Nisand.En Europe le tsunami français

L’élection européenne marque un tournant décisif de la vie politique française. Les instituts de sondage prédisaient une forte abstention et voici que la France à l’instar de la quasi-totalité des pays européens s’est déplacée massivement aux urnes.

53% de participation c’est le plus fort taux depuis 25 ans et c’est par exemple plus qu’aux dernières élections législatives, ce qui est un véritable record.

Dans une campagne électorale décrite comme atone ou peu passionnante les français ont ressenti la nécessité de trancher par un vote qui a souvent décoiffé. Les deux favoris Rassemblement national et la République en Marche arrivent certes largement en tête creusant un écart de plus de 10 points avec la troisième liste, celle d’Europe écologie les verts , confirmant ainsi grosso modo ce qui s’est déjà passé lors de l’élection présidentielle de 2017.

Le RN arrive en tête des élections européennes en France, devant LREM. REUTERS

Le duel MACRON LE PEN n’a donc plus rien d’épiphénoménal mais il structure pour le moment la vie politique française. On voit mal comment ce face à face viendrait à s’estomper dans les années à venir.

Les deux doivent être contents, Marine Le Pen grande perdante du débat présidentiel est remise en selle et Emmanuel MACRON qui ne pouvait plus sortir de l’Elysée il y a quelques mois fait mieux que limiter la casse. La soupe à la grimace c’est pour les anciens partis de gouvernement qui poursuivent leur descente aux enfers, un peu plus de 8% pour les républicains, un peu plus de 6 % pour le PS, ces partis doivent à présent trouver un remède de cheval, se questionner sur leur leadership et leur ligne politique sans quoi ils seront bientôt rayés de la carte.

De nombreux élus locaux de ces deux formations doivent déjà se demander comment survivre aux municipales de 2020.

Une équation personnelle ne fait pas tout , il faut aussi une assise politique et celle-ci va commencer à faire défaut.

A Strasbourg par exemple les socialistes aux manettes de la ville peuvent se faire du souci compte tenu de la comparaison de leur score avec celui de leurs alliés écologistes qui font quasiment 3 fois plus qu’eux.

Les insoumis subissent un revers mérité. On ne les pleurera pas.

Le pire pour la gauche c’est que les forces de gauche ne peuvent en aucun cas s’additionner tant elles portent des projets et des ambitions antagonistes.

Quoi de commun entre un GLUKSMANN qui a envie d’Europe et un MELENCHON qui veut sortir des traités européens et qui veut donc en réalité la fin de l’Europe ?

Quant aux verts ils remportent une belle victoire mais comment pouvait-il en être autrement avec le battage médiatique et culturel fait autour des prétendus enjeux écologiques.

Ils font 20% à Strasbourg mais cela veut-il vraiment dire que les travaux du GCO (autoroute de contournement) doivent s’arrêter comme le réclament mordicus les verts ? On peut en douter.
Ces élections européennes resteront dans les annales comme une victoire de l’Europe, une victoire de la démocratie et la confirmation que la confrontation MACRON / LE PEN va structurer la vie politique française dans les temps à venir.

Raphaël Nisand
Chroniqueur le lundi matin 8H30 sur Radio Judaïca.

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8 Comments

  1. Un Tsunami ? Un tournant décisif ?
    La gauche continue son effondrement post-mitterandien (entamé il y a 17 ans avec l’absence de L. Jospin au second tour (poursuivi jusqu’à la dérobade de F. Hollande de 2017) en dépit des ridicules rodomontades de son aile radicale. Cet effondrement a mécaniquement profité aux écologistes.
    Quand à la droite, tout juste “majoritaire” à ces européennes (à peine 55% des votants, et 1/4 des inscrits), score somme toute plutôt constant, elle est en train de se recomposer entre un pôle “ultra”, un pôle néolibéral mondialiste (LREM & co), et sa composante traditionnelle conservatrice (Fillon, Wauquiez, Bellamy) qui voit fuire son public vers les deux autres pôles.
    So what ?

  2. Effectivement, comment pourront donc se dérouler les Municipales avec, pour l’instant, peu de d’assises locales pour ces trois Partis ? Et pour satisfaire les Ecolos, va-t-on taxer un peu plus les automobilistes obligés, pour certains, de prendre leur voiture pour aller travailler ? On marche sur la tête. Pendant ce temps, Le Pen et les ennemis du peuple Juif se frottent les mains.

  3. Effectivement, comme dit Jean-Victor ci-dessus, ni tsunami ni tournant décisif.
    Comparons ce qui est comparable.

    Les élections européennes passaient traditionnellement (à tort ?…) pour un scrutin « secondaire » ; ayant peu d’effet sur l’avenir immédiat des votants ; et c’est encore largement le cas.

    D’où leur nature de défouloir ; on veut dire au gouvernement (mais sans frais…) ses quatre vérités (et qui n’a pas de reproches au pouvoir en place ? Même si les reproches des uns et des autres sont contradictoires ?).
    On ne vote donc pas aux européennes comme aux présidentielles.

    La comparaison doit donc se faire avec les européennes de 2014. Et ça donne ceci :
    -Le RN (à l’époque FN, déjà sous la présidence de Marine LP) était déjà vainqueur avec un taux proche de 25%, supérieur donc à celui d’aujourd’hui.
    -Le parti au pouvoir, à l’époque le PS (puisqu’il s’agit du quinquennat de Hollande) n’était même pas deuxième ; il était troisième, avec 14%…. Alors qu’aujourd’hui LREM est à 22.4%, presque ex-aequo avec le RN, au nombre de sièges identique.

    La vérité étant donc qu’il s’agit d’un relatif échec du RN et relatif succès de LREM.

    Avec, bonne nouvelle qui (comme d’autres) fait mentir les sondeurs, une participation en hausse ; et surtout de jeunes ; ce qui explique le succès écologiste.

    Que les Cassandres se reposent un peu.

    • J’espère, Stevie, que votre analyse est bonne. En tous cas, vos calculs sont rassurants et pertinents.
      Si je suis quelque peu pessimiste c’est que je me souviens très bien (j’ai un âge certain) du moment où Le Pen père a parlé “du détail”.
      Si on m’avait dit ce soir là que, trente cinq ans après, les Français auraient droit à toute la famille Le Pen, je ne l’aurais pas cru. J’ai donc tendance à être sombre après un scrutin aussi important ; et à être un tantinet “Cassandre”.

  4. Faute de frappe : il faut lire “c’est-à-dire au rejet d’une énergie permettant de freiner le réchauffement climatique”. Mais vous aurez corrigé de vous-mêmes.

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