Oh Non ! Elle va encooooore nous parler d’antisémitisme ! Ça serait sa marotte ou quoi
Point du tout. Elle préfèrerait, m’a-t-elle dit, observer de très près les élections en Algérie. En Europe. En Israël encore
Ah ! Tu vois ! J’te l’avais dit ! Israël Israël Elle a que ça en tête bla bla bla
Oui j’y reviendrai.
Indéfiniment.
Je m’en mêlerai.
Toujours.
Tant que l’offense à un Juif parce que Juif durera.
Belgique encore.
Belgique encore ? Eh oui Belgique qui, décidément, a aujourd’hui une place de choix. Un titre de leader. De contre-exemple assurément. Sur le sujet. Et ce au désespoir des acharnés. Qui ne baissent pas la garde. Telle l’AMS. Qui déplore jour après jour que la Belgique n’eût pas honoré ou considéré ses Justes en qualité de Résistants, laissant à Israël la charge, en 1963 et par le biais de son Institut Yad Vashem, d’accorder le titre de Justes aux non-Juifs belges qui risquèrent leur vie pour sauver des Juifs durant la Shoah. Mais qui veille aussi à … l’anecdotique.
Belgique donc, qui, après qu’elle eût laissé opérer 3 juristes 3 pauvres pitres à la défense du procès de la tuerie du Musée juif de Bruxelles, nous offrit, juste après une longue liste, la triste affaire du Carnaval.
Un incident, plaida le bourgmestre.
Dû à ces casse-bonbons de Juifs
A leur manque d’humour.
La colère de Michel Lussan. De l’AMS.
Au JT de 19h30 de la RTBF ce samedi, Patrick Charlier, directeur d’UNIA – Institution interfédérale étatique, censée combattre les discriminations, dont l’antisémitisme, a déclaré qu’il n’y avait rien à reprocher au scandaleux Carnaval d’ALOST et qu’il n’y avait pas d’incitation à la haine.
Alors que les participants avec l’accord du bourgmestre d’Alost véhiculaient les pires stéréotypes antisémites, indignes et datant du moyen-âge et qu’il existe dans le Royaume de Belgique une loi destinée à condamner ces ignominies, Qu’attend, s’interroge Michel Lussan, le Gouvernement Belge pour le démissionner SUR LE CHAMP ? Et pourquoi la RTBF n’a-t-elle pas octroyé la moindre parole à un représentant de la Communauté Juive Belge qui vient d’exiger une condamnation officielle de ces « stigmatisations » rappelant MEIN KAMPF. Dans quelle Démocratie vivons-nous ? Et pourquoi le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel se murait-il dans un silence assourdissant ? Le bruit de ses pantoufles augurait du bruit des bottes dans un Royaume où règnerait, selon un rapport officiel, une augmentation récente et exponentielle des agressions antisémites…
Qu’elle est saine la colère de Michel Lussan, Directeur Communication de l’AMS, Association pour la Mémoire de la Shoah[1], nous a rapporté comment, grâce au labeur et à la ténacité de la Fondation, la commémoration bruxelloise annuelle des victimes juives des persécutions et déportations perpétrées durant la seconde guerre mondiale fut l’occasion de la pose de 50 nouveaux pavés de Mémoire aux noms des victimes du nazisme[2].
Ceci est de l’humour, continue l’intéressé, insérant un extrait intitulé Rabbi Jacob Elle va danser[3]. Rien à voir avec les ignominies anti judaïques du Carnaval d’Alost et une leçon d’autodérision infligée à la RTBF et à Patrick Charlier qui sème le confusionnisme et a renversé les valeurs de l’UNIA en leur contraire, en attendant qu’on obtienne sa démission immédiate!
Certes, d’aucuns s’étaient manifestés. Se révoltant. Allant jusqu’à dire que le carnaval d’Alost souillait la réputation de la Belgique en tant que pays hôte des institutions européennes. Les images du carnaval prises le 3 mars dernier à Alost nous donnent la nausée, écrivait Shimon Samuels[4], évoquant ces stéréotypes haineux de Juifs au nez crochu et munis de sacs remplis d’argent, faisant penser à la Belgique de la collaboration avec l’occupant nazi.
Certes, on le voit, le char du carnaval d’Alost caricaturant des juifs orthodoxes assis sur des sacs d’or suscita l’indignation. Jusqu’à l’Unesco, un brin… obligée ! De se positionner ! C’est que le dit carnaval fut inscrit en 2010 sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité… Et ne voilà-t-il pas qu’il obligeait l’Organisation à dire que… ces indécentes caricatures allaient à l’encontre même des principes fondateurs du patrimoine immatériel de l’humanité. L’obligeant à appeler les autorités belges à réagir : L’esprit de satire du carnaval d’Alost et la liberté d’expression ne sauraient servir de paravent à de telles manifestations de haine, disait le communiqué de l’Unesco.
Auquel répondaient en écho ceux des associations juives. Qui exigèrent que fût condamnée ouvertement la compagnie carnavalesque Vismooil’n. Faute de quoi un départ de l’industrie diamantaire anversoise pourrait être envisagé.
Protestations auxquelles se joignirent des représentants de l’exécutif européen, s’étranglant et disant pour leur part qu’il était impensable que de telles parades eussent lieu dans les rues européennes 74 ans après la Shoah.
Joël Rubinfeld, président de la Ligue belge contre l’antisémitisme, après avoir rappelé que dans le passé certains chars du carnaval d’Alost avaient déjà créé la controverse, fustigea la banalisation de vieux clichés, de vieux mythe de l’antisémitisme. Et dénonça la violence qui était à montrer ces enfants, déguisés en juifs orthodoxes, chapeau noir et papillotes sur les tempes, s’amusant sur le char.
Voilà.
Comme d’hab, une fois s’être exprimé devant cet antisémitisme bla bla bla, chacun retourna… vaquer.
Laissant les derniers protagonistes sur le terrain :
Le bourgmestre d’Alost. Lequel se plaignit de recevoir des menaces et courriels de haine.
L’UNIA
La communauté juive.
L’AMS.
La société de carnaval Vismooil’n.
Le dit bourgmestre promettant de s’occuper des suites de ce qu’il appelait désormais l’incident au carnaval. Car lui, le bourgmestre donc, estimait que le char de la société carnavalesque Vismooil’n n’était en rien antisémite. Qu’il s’agissait de bien autre chose. Qui n’aurait rien à voir avec la progression de l’antisémitisme en Europe. Laquelle susciterait une juste émotion auprès des organisations juives et de la Commission européenne.
Incident donc.
Circulez, y a rien à voir.
Quoi, Philippe Meyer aurait tweeté à propos de … l’incident… qu’en 2019, cette #Europe de la haine #antisémite en rappelait une autre, que l’on ne pensait pas revoir.
Quoi, le CCOJB[5] et le FJO[6] auraient, devant cette forfaiture, saisi Unia, le centre interfédéral de lutte contre les discriminations. Dénonçant clairement la reproduction de caricatures antisémites dignes de l’époque nazie. Caricatures n’ayant pas de place en 2019 dans un pays démocratique comme la Belgique.
D’un côté donc, des rigolos qui osaient brandir la suprême offense, la censure qu’on tenterait ici de leur faire, ce presqu’attentat à leur Liberté
De l’autre, une réponse digne. Selon laquelle l’esprit de satire du carnaval d’Alost et la liberté d’expression ne sauraient servir de paravent à de telles manifestations de haine.
L’incident fait du bruit. Sort de Belgique. Est discuté jusqu’aux États-Unis.
Oui dans le passé, d’autres chars et déguisements avaient déjà fait polémique lors de ce carnaval. En 2015, des participants s’étaient déguisés en djihadistes et en 2013, d’autres ne s’étaient-ils pas déguisés en nazis, défilant avec un faux wagon destiné à déporter les francophones de Belgique.
Cela n’empêcha pas l’Unesco d’inscrire en 2010 le carnaval d’Alost sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, le mentionnant comme un rituel vieux de 600 ans. Avec des festivités placées sous le signe de l’exubérance et de la parodie. Dans une atmosphère de rire collectif et d’humour légèrement subversif.
C’était pour rire !
Yohan Benizri, président du CCOJB, fustigeant ces stéréotypes qui avaient déshumanisé les Juifs en les présentant comme différents et fourbes, répondit aux propos du bourgmestre sur l’humour qu’au vu du contexte actuel, alors qu’il y avait meurtres de Juifs parce que Juifs, que des théories complotistes avaient pu récemment être assénées en cour d’assises… ce n’était d’évidence pas le moment. Il dit le distinguo existant entre la satire religieuse et le fait d’attiser la haine : Il peut y avoir des satires religieuses tout à fait acceptables. Mais lorsqu’on attise la haine envers un groupe en utilisant des stéréotypes qui ont déjà amené à de la violence, ça, c’est tout à fait insupportable.
L’antisémitisme le plus caricatural, celui qui a inspiré les journaux nazis et collabos comme « Der Stürmer » et « Je suis partout », est récurrent au Carnaval d’Alost et cela dans une totale impunité. Cette année comme d’autres avant elle, il dérape…, écrivait pour sa part Roger De Lathouwer[7]…
Un autre faisait remarquer que personne dans la foule du dit carnaval n’avait marqué son opposition à ces caricatures nauséabondes… Et que cela en disait long sur une banalisation malheureusement bien en vogue…
Et évidemment arriva The commentaire : si vous portez plainte contre le carnaval d’Alost, quelle est votre position concernant les dessins de Muhammad dans Charlie Hebdo… A quoi il fut rétorqué qu’il s’agissait là d’un recours aux clichés qui nourrissaient la haine des Juifs. Qu’en 1940, les nazis avaient diffusé un film de propagande intitulé Le Juif éternel. Que revoilà l’utilisation des préjuges morphologiques comme redoutable outil de stigmatisation du Juif.
Répondre à l’UNIA !
Répondre à l’indigne communiqué de l’UNIA : Que Quand on examinait la législation, il semblait que tout fût resté dans les limites de la loi. Et bla bla bla. Qu’ils comprenaient, Ô Grands Esprits, que certaines personnes se fussent senties blessées. Mais que l’intention n’était pas méchante.
Répondre à l’UNIA. Lui dire que bien sûr la compagnie Vismooil’n a ici violé des lois. Un code qui relèverait de l’éthique. Qu’à l’évidence la ligne rouge avait été dépassée. L’indécence atteinte.
Qu’il fallait supprimer ce carnaval de la liste du Patrimoine Unesco. Et peut-être encore se demander si le bourgmestre qui tentait de justifier une telle infamie était bien digne d’être le premier citoyen de sa commune.
Répondre donc.
Ou alors accepter que ce fût encoooore La Faute aux Juifs.
A cette Bande de névrosés.
De sans humour : c’était rien qu’un antisémitisme folklorique, avait expliqué le bourgmestre !
Qu’ils fissent un effort, ces Juifs !
Que les choses soient claires : l’antisémitisme n’est pas, de mon point de vue, un racisme comme un autre. Il est le mal qui signe la limite irrationnelle de l’humain dans notre humanité, écrivit Dominique Eddé dans sa Lettre à Alain Finkielkraut[8]…
Relayé par Bernardo Stenhof dans son papier Belgique : après l’insulte de quelques-uns, le déshonneur de tous[9]: En Belgique, c’est légal. Stigmatiser spécifiquement une communauté nationale en la présentant comme l’amie des rats et ses membres comme des affameurs publics, c’est légal. […] Parfois, l’antiracisme dans sa déclinaison belge peut surprendre. Car l’UNIA subjectivise le problème : ce ne sont pas les carnavalesques qui ont commis un acte antisémite caractérisé, mais les Juifs qui se sont sentis blessés. Et que peut la Justice face à l’hyper-sensibilité de « certaines personnes » ? Dont seuls six millions de parents ont été exterminés par un régime qui brandissait à leur encontre uniquement les mêmes motifs de haine qu’à Alost. Infondée, gratuite, encore sanglante, mais « pas méchante » […] Ce particularisme qui fait qu’un petit monde entier d’intellectuels, de journalistes, de magistrats et de personnalités politiques et gouvernementales, mais aussi de citoyens lambda, cautionnent par leur silence pesant l’expression la plus sordide de haine des Juifs en 2019. Ce minuscule modèle réduit de monde qui laisse les Juifs belges s’émouvoir seuls, et porter plainte seuls contre l’agression aux contours si terriblement primitifs qui les frappe.
Il y a péril en la demeure, nous dit-il. Et le roi qui pourrait servir à quelque chose une fois en empêchant son royaume d’ajouter au malheur du monde est pris d’une extinction de voix.
Il y a décidément quelque chose de pourri au royaume de Belgique, se serait sans doute exclamé Hamlet devant un si misérable spectacle de démission générale.
Sarah Cattan
[1] Pour info, face au mutisme et au déni des administrations anversoises qui se succédèrent, l’AMS déposa sans autorisation des pavés de mémoire aux noms des victimes du nazisme à Anvers, dans une action de désobéissance civile légitime, luttant inlassablement depuis une décennie pour la reconnaissance des Pavés de Mémoire. 50 œuvres Bouts de Souffle, numérotées, datées et signées par l’artiste bruxellois Richard Kenigsman, furent mises en vente par l’AMS pour soutenir la pose des 50 Pavés de Mémoire dans la rue de Tanneurs : Anvers est l’unique ville où des policiers ont orchestré les rafles, rappelle Michel Lussan : C’est pour cela qu’Anvers a eu le plus haut taux de morts de personnes juives pendant la guerre, à savoir 65%.
[2] Quand la Belgique pose 50 nouveaux Pavés de Mémoire aux noms des victimes du nazisme, par Sarah Cattan. Tribune juive. 20 septembre 2018.
[3] Rabbi Jacob. Réalisé par Gérard Oury. Sorti en salles le 18 octobre 1973.
[4] Lettre adressée au ministre de l’Intérieur Pieter De Crem par Shimon Samuels, directeur des relations internationales au Centre Simon Wiesenthal.
[5] Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique.
[6] Forum der Joodse Organisaties.
[7] Roger De Lathouwer. Membre fondateur du CCLJ et du CCOJB aux côtés de David Susskind.
[8] Parue le 10 mars 2019. L’Orient Le Jour.
[9] In Metula News Agency. Bernardo Stenhof est ambassadeur auprès des Nations Unies et au Conseil des droits de l’homme.