Manifester contre l’antisémitisme, et après ?

Un appel à s’unir contre l’antisémitisme ; qui émane de surcroît de non-Juifs clamant que ce « n’est pas l’affaire des juifs mais celle de toute la nation », n’est pas une mauvaise nouvelle.

On aurait même pu écrire que c’est une bonne nouvelle. Si cela avait eu lieu il y a 16 ou 17 ans. Mais voilà, cela fait 18 ans que nos concitoyens juifs sont douchés par des déclarations d’intention non suivies d’effet et une situation qui se dégrade d’année en année.

Certains des responsables politiques qui signent l’appel et vont défiler mardi 19 février, ont nommé des terroristes palestiniens citoyens d’honneur de leurs villes*, légitimant ainsi le terrorisme à l’encontre des Israéliens. Si l’on était logique, on pourrait y voir un encouragement à agresser du Juif…

Les années 2000 ont commencé par le déni de la réalité de l’antisémitisme. Une fois admis celui-ci, on a laissé une haine se déverser sur Israël, on l’a parfois même encouragée, pour s’émouvoir ensuite que l’on balance des vieilles dames juives par les fenêtres et que l’on tue des enfants dans une école juive. On a nié que ces deux éléments aient un rapport. Or c’est bien ce qui a changé depuis 20 ans concernant l’antisémitisme : être antisioniste était devenu la façon «légale » d’épancher son antisémitisme** .

Venus d’une minorité eux-mêmes, voire d’associations anti-racistes, ces nouveaux propagateurs ont détourné le langage antiraciste contre les Juifs, accusés non plus d’être juifs, mais de soutenir Israël. C’était habile, car n’est-il pas permis à tous de critiquer un pays ?

Mais a-t-on déjà vu un tel déferlement de haine contre un pays ? Un tel flot de mensonges et de propagande déversé à grandes eaux ? Une réelle volonté de délégitimer et d’éradiquer un État ? Israël, si proche de la France par sa vision du monde et ses valeurs, se voit sali au point que le comprendre, ne serait-ce que le comprendre, vous range aussitôt dans le camp des infréquentables. Et c’est bien là le but recherché.

Le pas est vite franchi, d’un rêve de justice pour les uns à la poursuite revancharde et antisémite pour les autres.

Aujourd’hui, beaucoup se sont laissés berner de bonne foi par une mouvance pro-palestinienne. Et ce, à l’encontre même de l’intérêt réel des Palestiniens. Car si cela ne change rien sur la situation au Proche-Orient, en revanche, sur notre sol français, la situation s’est fortement détériorée. Une partie non négligeable de nos concitoyens, endoctrinés par le dévoiement permanent du vocabulaire (apartheid, État criminel etc.), ne fait qu’avaler de la propagande. Ce faisant elle laisse s’installer un antisémitisme déguisé en agneau. Le pas est vite franchi, d’un rêve de justice pour les uns à la poursuite revancharde et antisémite pour les autres.

Une dernière chose. Cet antisémitisme était à ses débuts un laboratoire d’essai. L’émoi étant faible à chaque acte perpétré (nous sommes très loin de la réaction suscitée par Carpentras en 1994), voire parfois légitimé (vous comprenez, les enfants palestiniens), il y a aujourd’hui une extension du domaine de la haine. Symbole de la lâcheté, cet antisémitisme s’attaque à des citoyens juifs innocents et inoffensifs, parfaitement intégrés à la France et ses valeurs. Mais aussi à des églises, à d’autres citoyens innocents et inoffensifs célébrant le 14 juillet, écoutant un concert ou déambulant dans un marché de Noël.

On ne s’étonne donc pas aujourd’hui qu’une phrase telle que « quand on attaque un Juif, on attaque la République » soit totalement galvaudée et ne produise aucun effet sur des individus et des associations qui ne croient même pas en la République.

Nous qui provoquons des rencontres et des partages entre Français et Israéliens, nous qui tissons des liens d’amitié qui n’excluent personne – ni catholiques, orthodoxes, musulmans, ni Juifs ou Arabes israéliens, ni Palestiniens, nous tentons de demeurer optimiste et espérons que les bonnes intentions de la marche du 19 février ne durent pas que le temps de la manifestation. Que chacun assume ses responsabilités et prenne la mesure de ce que l’antisionisme n’a rien à voir avec la seule critique d’un programme de gouvernement, mais tout à voir avec la haine du Juif. Et tôt ou tard, la haine de l’autre, de tous les autres.

Source : franceisrael., Alliance Général Kœnig

* PCF pour la plupart, parfois PS et EELV
** Ce qui a changé n’enlève rien aux anciennes strates d’antisémitisme qui demeurent, comme celle provenant de l’extrême-droite ou des poujadistes.

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1 Comment

  1. Et après? Rien.
    Une vieille “barzelletta” bien connue: deux juifs se rencontrent. L’un demande à l’autre: quelle est la différence entre un optimiste et un pessimiste?
    La réponse: le pessimiste finit sa vie à Los Angeles; l’optimiste, à Auschwitz.
    Il faut cesser d’être optimiste à tous crins et regarder la réalité. Et la nommer.
    Lilian P.

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