L’auteur de L’Opium des intellectuels, grand penseur antitotalitaire à l’heure du communisme triomphant, a été à contre-courant de la pensée dominante de son époque. Il demeure l’un des intellectuels les plus importants du XXe siècle. À l’heure de la crise de la démocratie, de la montée de l’islamisme, du manichéisme des réseaux sociaux, la pensée de Raymond Aron, mort en 1983, reste plus que jamais d’actualité. Celui qui a été, pendant trente ans, éditorialiste au Figaro a toujours refusé le simplisme, l’utopie et les idéologies. Fort de cette conviction: «La politique est le choix entre le préférable et le détestable.»

Autorité
Bien que, politiquement, je croie à la nécessité de l’autorité, à titre personnel, je la déteste […]. Je suis l’homme le moins autoritaire qui soit dans la vie personnelle et, en ce sens, la vérité qui m’est la plus désagréable est de reconnaître l’essence machiavélienne de la politique en détestant cette essence.
Entretien radiophonique (1975).
«L’Abécédaire de Raymond Aron», Dominique Schnapper et Fabrice Gardel, éditions de l’Observatoire, 234 p., 19€. – Crédits photo : L’Observatoire
Ciel vide
Il est des individus, par millions, prisonniers d’un métier monotone, perdus dans la multitude des villes, qui n’ont d’autre participation à une communauté spirituelle que celle que leur offrent les religions séculières. Les foules qui acclament furieusement les faux prophètes trahissent l’intensité des aspirations qui montent vers un ciel vide.
L’Avenir des religions séculières (1944) .
Cohn-Bendit
Je ne pouvais pas accepter que le général de Gaulle fût renversé par Cohn-Bendit. C’était pour moi une humiliation nationale. Et ce qui était inacceptable, ce n’est pas les manifestations universitaires, c’était la transformation de ces troubles en révolution […]. J’étais… je n’étais pas tellement furieux contre le psychodrame, j’eusse été très furieux contre la révolution. Une révolution où l’on renversait une Constitution parce que les étudiants avaient le désir de se distraire et de palabrer indéfiniment.
Entretien télévisé (1983).
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