Un mouvement de grogne qui exprime au début une colère légitime mais qui finit par déraper, devient illisible et se fait phagocyter par des partis politiques qui en sont presque pour certains à en revendiquer la paternité alors qu’ils n’avaient rien vu venir, un gouvernement arrogant, déconnecté des Français, de bric et de broc, de « béni-oui-oui » et de bras cassés qui n’avait rien vu venir non plus, d’une incompétence et d’une surdité inégalées, qui accumule les bourdes et les maladresses, une presse aux ordres, télévisuelle en particulier, qui n’informe plus vraiment mais interprète et transforme les événements à sa façon et une situation de plus en plus ingérable, incontrôlable, sur le point d’être catastrophique où les « gilets jaunes » obtiendront en fin de compte une situation plus mauvaise pour eux qu’au début du mouvement, une France amoindrie et appauvrie et une crise qui risque bien de dépasser, et de loin, Mai 68, politiquement mais surtout économiquement. Triste constat.
Vue de l’étranger l’image de la France s’est considérablement dégradée et nous avons droit à des questions et des constatations auxquelles on ne sait quoi répondre sans compter tous ceux qui nous disent avoir annulé ou renoncé à leurs voyages dans ce pays.
Et par-dessus tout, un pays divisé qui montre une colère, une hargne, un mécontentement et une violence qu’on ne voit dans aucun autre pays d’Europe avec aucune recette viable pour une sortie de crise. Les demandes sont tellement contradictoires que même un magicien aurait du mal à les concilier: moins d’impôts mais plus d’état-providence…
Eber Haddad