Je ne te reproche pas d’être névrosé au point de faire bouffer à ta famille de la chlorophylle par kilos entiers ni même de surjouer ton dégoût au point de faire comme si tu étais à la morgue devant le corps d’un proche à la vue d’un jambon beurre.

Je ne te reproche pas non plus de t’indigner davantage de l’élevage de poules pondeuses que des camps de concentration en Corée du Nord.
En réalité je t’en veux parce que d’abord tu m’as gavé pendant 2h dans ce train bondé mais surtout parce que tu voudrais que tout le monde adopte ton régime alimentaire de lapin de Garenne et ton éthique en bois. Je suis désolé de ne pas pousser des cris à la vue d’une paire de chaussures en cuir, de ne pas signer de pétition demandant la criminalisation du métier de fourreur ou encore de ne pas me couvrir de cendres en signe de pénitence à chaque fois que j’écrase un scarabée. Je suis désolé d’être plus choqué par les images de massacres au Yemen que par une photo d’un étal de poissonnier. Excuse moi de ne pas verser de larme quand je pense aux canaris en cage ni de vomir devant du boudin noir.
Depuis que l’homme est homme il bouffe de la viande et je ne comprends pas quel genre de gourou a pu te convaincre un jour que tu étais plus malin que les plus de cent milliards d’hommes qui ont vécu sur terre avant nous.
La plus petite dose d’humilité mélangée à la plus petite portion de réalisme devrait te persuader du contraire. L’humilité pour te convaincre que tu ne changeras pas l’humanité avec tes discours en carton dans un wagon restaurant et le réalisme pour te persuader que tout ce que tu gagnes dans l’histoire, c’est ton teint blafard et ta santé de chèvre pakistanaise en période de sécheresse.
Tu ressembles à Aymeric Caron mon vieux !
Ce que tu gagnes aussi c’est que je pense que la plupart des mecs présents ce matin dans le wagon ont dû filer au Mac do en sortant pour se gaver de viande malgré l’heure matinale de tes éructations végétariennes. Tu as la mort d’une demie vache sur la conscience mec !
Comme je suis d’humeur diplomate, je ne vais pas me contenter de t’insulter même si tu le mérites mais je vais te poser quelques questions qui peut-être te feront réfléchir.
1- Si la vie d’une putain de guêpe vaut autant que celle de ton gosse, que fais tu si une de ces saloperies le pique ? Tu la laisse finir son apéro au jus d’hémoglobine ou tu la défonce comme n’importe quel être normalement constitué depuis la nuit des temps ?
2- La science nous permet aujourd’hui de savoir que les animaux sont des êtres sensibles j’en conviens. Mais qui nous dit que la Science n’avancera pas aussi demain sur la sensibilité des plants de tulipe, de la vigne vierge ou de la laitue ? Que bouffera tu alors ? De la caillasse ?
3- Que fait-on avec les animaux qui bouffent d’autres animaux ? On les punit pour qu’ils arrêtent ? On leur explique que c’est pas bien et que la roquette et la batavia c’est plein de fer ?
4- Pourquoi, alors que tu es persuadé que l’élevage est ni plus ni moins qu’une forme de régime concentrationnaire, ne t’élèves tu pas avec plus de force et de courage contre cette abomination ? Si vraiment tu considérais au fond de toi qu’un bac de crevette au super marché est une sorte de génocide des temps modernes, ne penses tu pas que tu ne te contenterais pas de ne pas en manger pour lutter contre ce crime contre la crevetité ?
5- As tu conscience que chaque jour tu provoques toi aussi un génocide de bestioles sur le pare-brise de ta voiture ? Comment vis tu avec ça ?
6- Sais tu qu’en bouffant de la salade tu prives des limaces et autres escargots de leur habitat naturel ?
7- Prends tu la mesure que la putain de veste vegan que tu as offerte à ta femme n’a certe pas été faite dans du cuir de vache mais a certainement été assemblée par un indien de 12 ans payé 3 dollars par mois ?
Voilà de quoi réfléchir en regardant pousser les céréales bio que tu as dû planter sur la terrasse de ton beau quartier parisien.
Alors si par hasard on se croise à nouveau dans ce train, s’il te plaît, ferme bien le sac à compost qui te sert d’orifice buccal pour éviter de réveiller chez moi d’autres penchants que mon goût pour la bidoche. Et n’oublie surtout pas que tu auras beau essayer de modifier la chaîne alimentaire, à l’arrivée, quand tu seras passé de vie à trépas, elle reprendra ses droits et te fera comprendre de la plus poétique des manières que ton combat est inutile, en envoyant une colonie d’asticots manger de la viande… ta viande.
Jean-Baptiste Doat
Commentaire d’une lectrice
Tribune Juive, encore pire, encore plus décevant ! J’ai grandi avec ce magazine auquel mes parents étaient abonnés et dans mon esprit, il était resté respectable voire éclairé. Quelle double déception…
Je ne crois pas que vous aurez le courage de publier ma réponse, mais si vous avez encore un peu d’honnêteté vous devriez retirer ce pamphlet malsain et réfléchir à l’essence du judaïsme, que quelque part vous représentez.
Le judaïsme nous enjoint à défendre les plus faibles, à protéger les plus malheureux, à être miséricordieux, et depuis toujours les Juifs ont été les précurseurs d’une humanité éclairée et bienveillante.
Les animaux ont le droit à la vie et à la liberté et le premier antispéciste pourrait être l’Ecclésiaste qui affirme que la vie d’un homme ne vaut pas plus que celle d’un animal, ou encore Maimonide pour qui tous sont égaux dans la souffrance – et l’amour d’une mère pour son petit, qu’elle soit humaine ou animale, est la même.
Le rabbin Kook lui aussi avait choisi la vie, tout comme le rabbin Eliahou Yosef Shear Yshuv Cohen zal, fils du vénéré rav David Cohen (1887-1972), dit le nazir – tous deux végétariens, et qui disait » le jour viendra où les hommes auront honte d’avoir torturé et mangé des animaux ».
Je pourrais encore rappeler les nombreuses sources de la Torah et du talmud qui interdisent de faire souffrir les animaux. Je pourrais encore rappeler que le droit de manger de la viande dans la Torah a été accordé de mauvaise grace par Dieu qui voyait en cette pratique une forme de barbarie.
Je pourrais citer aussi Kafka ou Einstein…
Mais non, parce que vous, au lieu de défendre les valeurs juives de compassion, de justice et de respect des êtres vivants, vous êtes du côté des assassins qui infligent aux animaux les pires souffrances et la mort.
Oui, décidemment Isaac Bashevis Singer avait raison: pour les animaux, tous les hommes sont des nazis et la vie n’est qu’un éternel Treblinka.
Tous les hommes, et même les Juifs comme vous, à qui l’Histoire n’a rien appris.
C’est une médaille d’honneur qu’il aurait fallu décerner à cet activiste courageux qui a rompu le silence pour défendre les plus faibles – mais vous vous avez choisi de vous moquer de lui plutôt qu’essayer d’entendre ce qu’il disait.
Et pourtant son message était simple:
Il disait juste : tu ne tueras point. Il réclamait juste d’élargir le cercle de la compassion à tous les animaux.
Juste, ne tuer personne, ni hommes ni animaux. C’est si difficile de ne pas tuer ?
Si vous avez quelques notions d’hébreu vous comprendriez le sens du mot baalé h’aïm qui en dit déjà long sur leur seule prérogative, non ? Ils n’ont que la vie et on la leur vole, depuis leur naissance à leur mort !
Et pour répondre à votre question sans doute réthorique, c’est parce que nous sommes face à la plus grande injustice de l’humanité (60 milliards d’animaux et mille milliards de poissons tués par an) que certains d’entre nous sont « enragés ».
Donc « trop d’agressivité et pas assez d’éducation » – c’est vraiment drôle venant de quelqu’un qui publie un pamphlet végéphobe nauséabond et qui ne connait rien au judaïsme… et qui collabore à la Shoah des animaux.
Vous êtes rédacteur en chef ? Vous devriez vous instruire, ne serait-ce que pour l’honnêteté intellectuelle que vous devez à vos lecteurs.
Et aussi parce que le spécisme est aux animaux ce que le nazisme est aux Juifs: une discrimination basée sur les critères arbitraires d’espèce ou de race et conduisant à la torture, l’exploitation et l’extermination massive d’innocents.
Rien ne ressemble plus à un camp d’extermination qu’un abattoir.
Et vous, à quoi vous ressemblez, collabo ou résistant ?
Un jour, un jour lointain mais qui viendra, on devra tous répondre à cette question.