Tribune Juive

La mégère, par Sarah Cattan

Elle avait de l’or entre les mains, rappela ce politologue: fin d’un quinquennat très difficile pour la gauche, division de la droite, conjoncture économique dégradée, contexte européen et international très favorable au néopopulisme dont elle est une des représentantes les plus en vue, progression constante du FN ces dernières années aux élections locales.MLP 3

Que croyez-vous donc qu’on  eût fait, de tous ces atouts, hier soir ? A la fin de la campagne, elle a transformé l’or en plomb, conclut Laurent Bouvet, tant son personnage public s’est hier révélé : limité et dénué de talent. Une mégère, voilà ce qu’elle fut hier, sous quelle emprise?  , pouvait-on même se demander.

Ils se détestaient et quand les media nous annonçaient qu’il y aurait du sport, ils ne faisaient pas seulement allusion au match Monaco-Juve diffusé parallèlement. Ce sera la dernière fois qu’on les aura vus face-à-face, et elle a, grand bien nous fît, choisi de livrer une partition virulente face à l’autre candidat, empêchant le débat, semant la stupeur sur nous tous réunis. Elle en avait pourtant une carte à jouer : c’était la première fois qu’une candidate d’extrême droite participait au canonique débat télévisé d’entre-deux-tours. Mais elle le fit d’emblée déraper, le dit débat.

Manu, il avait déjà dit en off qu’il n’accepterait pas de lui servir de punching-ball pendant le débat, à quoi l’héritière immature répondit sur Twitter que le bébé Hollande pourrait toujours demander à son géniteur de venir lui tenir la main.

Le sourire puis le rictus

Pichenettes, gifles, et même uppercuts, hier, ce ne fut que ça. La honte quoi. C’est qu’elle passa direct à l’attaque, en oubliant seulement … son programme : Monsieur Macron est le candidat de la mondialisation sauvage, de l’ubérisation, de la précarité, de la brutalité sociale, de la guerre de tous contre tous, du saccage économique de nos grands groupes, du dépeçage de la France par les grands intérêts économiques, du communautarisme, et tout cela piloté par Monsieur Hollande de la manière la plus claire qui soit, entama la frontiste, dénonçant le sourire étudié qui se transforme en rictus, l’enfant chéri du système et des élites qui fit tomber le masque, révélant la froideur du banquier d’affaires qu’il n’avait jamais cessé d’être.

Qui donc la conseilla ? Donnez-nous le nom de ses coach en comm ! C’est qu’elle l’obligea, Manu, fustigeant le système duquel elle était issue et qui prospérait sur la colère des Français depuis tant et tant d’années, à rétorquer qu’elle n’était pas la candidate de l’esprit de finesse et que ce qu’elle incarnait, c’était l’esprit de défaite, lui se présentant comme le candidat de l’esprit de conquête.

Au cours du pugilat, pardon, du débat, elle en proféra, des mensonges, tous avérés par des sites comme Transparency France, elle resta en permanence dans l’insinuation, oubliant de jamais rien proposer, occupée qu’elle était à vérifier ses fiches pour ne pas en oublier une seule, des flèches qu’elle était supposée décocher : Ce n’est pas moi qui vais boire des coups à la Rotonde !

Celle qui fit des selfies avec les ouvriers de Whirlpool, faisant son numéro et profitant de la détresse des gens, fut dès lors aisément attaquable sur sa méconnaissance des dossiers industriels. Elle essaya bien de lui dire qu’elle était la candidate du pouvoir d’achat et lui le candidat du pouvoir d’acheter, et d’acheter la France, il lui reprocha froidement ses raccourcis indignes, notamment sur la GPA : Vous voulez empêcher un enfant né par GPA qui arrive sur le sol français d’avoir un statut. Avec vous il pourra en plus mourir dans la rue parce qu’il n’aura plus d’AME.

Bref, il n’eut pas de mal à opposer à cette tenancière de bistroquet mal famé que nous étions une civilisation ouverte, avec des principes généreux, tout l’inverse de ceux que elle portait.

Quand enfin elle put lui reprocher sa complaisance envers le fondamentalisme islamiste et ses supposés amis qui ne cessaient d’exprimer leur haine des juifs, des homosexuels, des mécréants, il lui opposa les liens de ses amis à elle, ceux qui firent avec Lafarge des transactions avec Daech, et cita le texte d’Abou Moussab, une référence dans les milieux djihadistes, rappelé le matin même par Gilles Kepel: Le plus grand souhait qu’on peut avoir, c’est que Marine Le Pen arrive au pouvoir en France, lui rappelant combien elle avait insulté les Français en revenant sur la responsabilité de l’Etat français dans la rafle du Vel’ d’Hiv’.

« Ce sera moi ou Madame Merkel »

Quand ils en vinrent à l’euro et qu’il lui reprocha le bidouillage qu’elle fit dans le week-end avec Monsieur Dupont-Aignan, témoignage d’une impréparation crasse, elle se défendit fort mal, mais eut cette inoubliable formule : C’est très clair, de toute façon la France sera dirigée par une femme : ce sera moi ou Madame Merkel. Alors il craqua et lui répondit que les candidats de son parti à lui n’avaient aucun casier judiciaire alors qu’elle était du parti des affaires, celui qui ne va pas devant les juges, qu’elle menaçait en permanence les fonctionnaires et ne cessait de remettre en cause l’indépendance des juges, montrant là qu’elle n’était pas digne d’être garante des institutions demain.

Même sa carte blanche, elle ne sut la jouer, et d’ailleurs l’avait-elle seulement préparée ? Vous salissez l’adversaire, et vous proférez des mensonges. Votre projet, c’est de salir, c’est de mener une campagne de falsifications, de vivre de la peur et des mensonges. La France que je veux vaut beaucoup mieux que ça. Il faut sortir d’un système qui vous a coproduit. Vous en vivez. Vous êtes son parasite. Vous dites des bêtises, lui répéta-t-il maintes fois, l’exhortant à plus de sérieux, mais elle n’entendait plus. C’est que ses imprécisions, ses confusions, elle n’en sortit jamais, quel que fût le sujet : l’école, la politique étrangère ou l’Europe, à quoi la leader Bleu marine osa ricaner : à la schlague, accusant de nouveau son adversaire de se soumettre à la chancelière allemande et de défendre les intérêts des Allemands plutôt que des Français.

« Monsieur Macron est un banquier »

La grande prêtresse de la peur, elle est en face de moi. La Grande-Bretagne n’a rien à voir avec nous, lui reprocha-t-il, moquant sa liste à la Prévert que jamais elle ne finança : Vous ne travaillez pas bien les dossiers industriels, lui lança-t-il ainsi à propos des chantiers navals, lui reprochant de confondre les dossiers.

Quand elle lui reprocha d’être le candidat de la brutalité alors qu’elle était la candidate de la nation qui protège, nous tous nous n’avions guère envie d’être un jour protégés par cette mégère qui appelle la mère Ernotte la présidente de France Télévisions. Delphine, si tu nous entends. C’est que Delphine Ernotte aussi, elle l’accuse d’avoir fait campagne pour Emmanuel Macron. Bref, trop occupée à taper sur Macron, elle en en oublia de parler de son programme. Et ça s’est vu. On fait un jeu à boire ? Quand Marine le Pen fait une proposition concrète, on boit. Normalement, on rentre tous en voiture, tweeta celui-là. Quel est votre programme ? M.Macron est un banquier. Que proposez-vous pour le chômage ? M.Macron est un banquier, ironisa cet autre.

Par sa seule faute. Elle ne va pas perdre seulement la présidentielle, mais sans doute aussi le leadership incontestable sur son parti. Alors que lui fut calme, clair, net et précis, avec de la hauteur de vue, résuma mon ami, elle était sur la défensive et complexée sur l’économie, il fut dominateur et nous rassura, conclut, fair play, ce filloniste, actant que ses dossiers, il les maîtrisait tous de façon éclatante.

« Elle morfle là »

Allez les amis, les fillonistes hamonistes mélenchonistes, Manu nous a prouvé hier qu’il était une option de gouvernance plausible, et comme conclut mon ami, nous pourrons tous enfin ôter la pince sur notre nez pour aller voter dimanche. D’ailleurs, vous savez quoi ? Même dans la Taverne des Patriotes, forum hébergé sur la plateforme Discord où s’organisent les militants pro-FN, la prestation de la candidate fut très moyennement appréciée. Elle est nulle, put-on lire chez les cybermilitants, les patriotes regrettant d’emblée la tournure qu’elle imprima à l’échange, et beaucoup la trouvant décevante, voire nulle. Vivement que ça passe à autre chose que l’économie, elle morfle là, dévoile une capture d’écran, cette autre étant plus sévère : Faut se l’avouer, Marine se ridiculise là. Elle cherche dans ses fiches de merde, s’étrangla un de ses soutiens : eh oui, elle n’était pas à 100% hier soir.

Condoléances joyeuses.

Sarah Cattan

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