Tribune Juive

Sarah Cattan : Hamon celui qui fait 36%

photo : Reuters

À 20 heures, alors que les résultats de la Primaire de la Belle Alliance Populaire s’annonçaient, nous réalisions tous que le chef de l’État serait, lui, en train de visiter une centrale photovoltaïque dans l’un des endroits les plus isolés de la planète : c’est son agenda officiel qui le dit. En guise de mot d’excuse ? Non, elle est beaucoup plus perverse, la stratégie de François Hollande. Désireux de marquer son désintérêt manifeste pour la Primaire de la gauche, ce parti qu’il est supposé avoir dirigé pendant une décennie, ce parti qui le porta au pouvoir et qu’il ne cessa de renier.

Il a d’abord séché le premier débat, choisissant d’aller au théâtre voir un Michel Drucker qui n’en revenait pas, et en cette soirée importante du premier tour, il est au beau milieu du désert de l’Atacama, au Chili. Ça ne s’invente pas, ça. Pas de connexion internet ni de réseau téléphonique dans cette plaine coincée le long de la cordillère des Andes, même si l’Élysée nous fait savoir que le Président reste toujours connecté.

Connecté ? Ce Président qui, avec l’appui de Martine Aubry et Anne Hidalgo, s’en lavant lâchement les mains, méprisant et vengeur, aura réussi à partir en entraînant dans sa chute Manuel Valls et en favorisant l’éclatement d’un PS qui ne pourrait profiter qu’à Macron.

Sauf qu’il est déjà ouvert ce soir, le débat entre la gauche de l’utopie et du rêve et la gauche du concret, celle qui sait gouverner, il est ouvert le choix entre la défaite assurée et la victoire possible. Tout de même. Alors que tant de nous n’ont cessé d’avertir et de pointer du doigt Les Territoires perdus de la République, voilà qu’émerge en tête de la Primaire de La Belle Alliance Populaire le candidat qui ne l’a pas vue, lui, l’école des banlieues rongées par le communautarisme, l’antisémitisme et le sexisme, comme il ne les voit pas, aujourd’hui, ces Territoires interdits de la République[1], ceux où enseignants, infirmières, assistantes sociales, maires, formateurs, policiers témoignent de l’impossibilité d’exercer leur métier, confrontés qu’ils sont à une violence quotidienne, abandonnés qu’ils sont par leur hiérarchie, oubliés qu’ils sont des politiques, otages d’un chantage inacceptable. Lisez-la, la nouvelle enquête menée par Georges Bensoussan, et vous les verrez, la réalité et les enjeux de ce sectarisme qui met chaque jour un peu plus en péril notre démocratie, à force de lâcheté collective, de petits renoncements, d’accommodements avec le péril islamiste.

 

IL L’A RÉUSSI, SON PARI, HOLLANDE

Il l’a réussi, son pari, Hollande : scinder l’ingérable rue de Solferino en deux entités qui vont pouvoir être enfin indépendantes, et gageons que la tendance Front de gauche palestinienne va connaître un avenir digne du Parti Communiste, quitte à passer la serpillère pour Mélenchon, alors que la tendance sociale libérale migrera chez Macron pour recycler ce qui a été commencé : ubériser notre société, promouvoir le plan des élites de la mondialisation, et surtout assassiner notre pacte social républicain en installant définitivement le communautarisme. N’est-ce pas ce qu’il promet, Hamon, qui affiche une indicible complaisance vis-à-vis des ennemis de la laïcité et un mépris avéré à l’égard de combattants tels Mohamed Sifaoui ou Caroline Fourest. Hamon. Vous savez ? Le gars qui osa parler de tradition ouvrière devant ces cafés dans lesquels les femmes ne peuvent entrer. Le candidat pro-islamiste, pro-palestinien, le candidat asservi aux islamistes, le tenant d’une gauche antisémite.

 

Hamon. Aidé par les identitaires islamistes, eux qui soufflent sur les braises depuis une dizaine d’années et se sont déplacés ce dimanche. Moins parce qu’ils croient en lui que pour faire barrage à Valls, contre lequel ils font campagne depuis des semaines. Regardez ce qu’écrit l’entrepreneur salafiste Al Kanz et la passionaria raciste Sihem Assbague. Ces identitaires islamistes, aidés des électeurs de gauche toujours pas guéris de ce que Marx appelait la maladie infantile du communisme : le revenu universel, même si le candidat se convertit déjà à la prudence sur ce sujet, le visa humanitaire, ben oui, Open bar chez Hamon comme l’écrit Eric Zemmour. Hamon, celui qui nous dit que sa victoire ce soir c’est celle d’une France qui condamne la gauche dite de gouvernement, sa dérive libérale, l’austérité.

Faute d’une nouvelle mobilisation, celle des abstentionnistes de gauche et celle des citoyens de tous bords qui savent qu’il est sain qu’existe une opposition, il gagnera et sera le candidat officiel de la gauche. Il faut être nombreux le 29 janvier à se déplacer et voter Manuel Valls, candidat de la gauche humaniste, laïque, courageuse et républicaine, afin de contrer l’utopiste et dangereux Benoît Hamon. Il faut choisir le courage en politique intérieure comme extérieure et empêcher l’inexpérience. Il faut voter pour celui qui met ses pas dans les traditions de solidarité des grands leaders issus du radicalisme et du socialisme, de Clémenceau à Jaurès en passant par Blum et autres Mendes France. Il faut voter pour le candidat qui soutient les entreprises, clés de la croissance, empêcher celui qui parle des 32 heures et voter pour celui qui prône le réalisme économique, la valeur et la dignité du travail.

 

IL ETAIT LÀ SANS TREMBLER, NOMMANT L’ENNEMI

Il faut surtout voter pour le seul à gauche qui ait combattu résolument tous les totalitarismes, le seul qui n’a cessé de dénoncer le cortège de régressions du totalitarisme islamique, il faut se souvenir qu’il était là, sans trembler, nommant l’ennemi, quand les attentats islamistes assassinèrent en France et dans le monde, qu’il a été clairement et sans ambiguïté solidaire de Charlie, des Juifs, des policiers,   de toutes les victimes de la terreur islamique, sans concession aucune envers les tueurs et sans la moindre complaisance suspecte envers les collabo-gauchos qui persistaient dans le déni, faisant mine d’ignorer les pièges du communautarisme et pactisant même avec eux.

Vous savez, la pub pour une marque de lunettes ? Comme dans la pub, Valls était là: il était là le 19 mars 2012 à Toulouse après les assassinats antisémites de l’école Ozar Hatorah. Il était là le 19 mars 2014 à la manifestation en mémoire des victimes juives du terrorisme. Il était là pour faire interdire les spectacles antisémites et négationnistes de Dieudonné. Il était là pour dénoncer les manifestations antisémites de l’été 2014. Il était là, bien seul, pour sans cesse dénoncer ce nouvel antisémitisme déguisé sous les habits de l’antisionisme.

Il faut empêcher celui que Martine Aubry appelait petit Ben et qui, non content de peut-être mélanger, comme nos grands-parents, les anciens francs et les nouveaux[2], condamne en permanence Israël et exalte la juste lutte des Palestiniens, bref celui qui sacrifie l’intérêt général à ses calculs électoraux, quitte à reprendre, s’il le faut, les éléments de langage des leaders islamistes, expliquant par exemple qu’en France, les questions religieuses n’existent pas et que si nous étions en période de plein-emploi, la violence islamiste n’existerait pas, Hamon, celui qui fait 36% parce qu’il s’est bien gardé de se mettre à dos sa clientèle des quartiers.

Sarah Cattan

[1] Une France soumise, sous la direction de Georges Bensoussan, Editions Albin Michel, 18 janvier 2017.

[2] Eric Zemmour, Le Figaro.

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