Tribune Juive

Sarah Cattan : Plus belle la Belle Alliance Populaire

Déjà le nom. La Belle Alliance Populaire. Ça fait too much. Ça fait Nous nous sommes tant aimés. Ça ne colle pas avec les propos d’Anna Hidalgo, ce matin-même, où elle s’en prit à Hollande, Hamon et Valls, pour soutenir … Peillon, le candidat officiel que les siens désignèrent dans le seul but de savonner la planche du camarade Valls. Le candidat de Mazarine, Ribes et consorts. Pourquoi lui ? Parce qu’il accepta.

Le 15 novembre 2015, deux jours après les attentats qui ensanglantèrent Paris, Libération avait publié une tribune intitulée Nous sommes unis, appelant à ne pas tomber dans la division, omettant juste de préciser que le grand ordonnateur de la dite division était l’État islamique, taisant le nom de ceux qui déjà planifiaient et planifient encore aujourd’hui notre destruction. Souvenez-vous : une partie des signataires de la dite pétition dénonçaient quelques jours après les perquisitions effectuées par la police comme relevant de l’islamophobie, légitimant sur les réseaux sociaux l’apparition du hashtag #PerquisitionnezMoi, laissant de facto planer le doute sur les responsables de la division : l’État islamique ou le gouvernement ? Ce fut mon plus gros reproche à la gauche.

CE FUT BIEN MON PLUS GROS REPROCHE

Jean-Louis Bianco[1]. Nicolas Cadène[2]. Signataires. Tenants d’une laïcité ouverte, eux qui soutinrent la création d’établissements privés de théologie musulmane, notamment, entraînant l’indignation de Medhi Ouraoui, membre du Conseil national du Parti socialiste : C’est aberrant, alors que nos morts ne sont pas encore enterrés, de signer des appels avec des représentants des Frères musulmans ou avec Médine[3], [le rappeur] qui appelle au meurtre au nom de la religion : ce fut bien mon plus gros reproche à la gauche.

Pourquoi cette Tribune me vient-elle à l’esprit, ce soir ? Parce que, en face, il était seul, Manuel Valls, à prôner la fermeté, à dénoncer cet appel avec des gens infréquentables, entendez le CCIF et autres UOIF qui amusaient impunément la foule en multipliant mensongèrement le nombre d’arrestations et perquisitions stigmatisant la communauté musulmane, Marwan Muhammad évoquant carrément le saccage des mosquées et le flicage des musulmans.

Il était vraiment seul, Manuel Valls, face à un Jean-Pierre Mignard qui défendait le Qatar dans la plainte pour diffamation que l’Emirat avait engagée contre Philippot, le même Jean-Pierre Mignard qui œuvra déjà en 2014 pour que l’association Coexister récupère un agrément qui lui avait été retiré. Il était définitivement seul, Manuel Valls, face à ces réseaux fréristes qui ne cessaient de promouvoir la destruction de la laïcité au nom de leur idéologie suprématiste, alors même que de nombreux ouvrages[4] prouvaient les liens existant entre les Frères musulmans historiques et tous les mouvements islamistes djihadistes créés et organisés autour de leurs réseaux. A preuve encore le tweet surréaliste de Marwan Muhammad à Cambadélis qui dit bien qu’il existe, ce lobby islamiste, qu’il existe, ce clientélisme des politiques vis à vis de l’islamisme, qu’il existe, le vote communautaire comme l’explique Gilles Kepel, que l’islamisme a bel et bien le projet d’infiltrer la politique et le modèle de société de notre pays, que le recours à la menace et au chantage mis ici à l’œuvre par le CCIF est assimilable à une pratique de mafia, et que nos ennemis, ce sont eux.

C’est pourquoi des incompétents comme Jean-Louis Bianco, capables d’affirmer que la France n’a pas de problème avec sa laïcité, nous n’en voulons plus. Des Arnaud Montebourg qui hier encore, invité du Quotidien, répondait que la France n’avait pas de problème avec l’Islam, non plus.

Nous, celui derrière lequel nous nous positionnerons, ce sera celui qui s’engagera à criminaliser le salafisme et à interdire pour de vrai  les organisations liées aux Frères musulmans. Celui qui mènera la guerre à l’entrisme religieux, à la pression opérée sur la population, celui qui remettra la République au cœur des quartiers. Celui qui dénoncera la corruption de ces élus qui vendent leur âme et celle de notre pays, s’assurant ainsi un train de vie permis pour prix de leur corruption. Celui qui la publiera, la carte des territoires perdus de la République, ceux où la police ne peut plus pénétrer et où les services régaliens sont assurés par les islamistes, celui qui l’annoncera clairement, son plan de reconquête, bref celui qui mettra la question au sommet de la liste de ses priorités. L’avez-vous vue, cette avalanche de procès menés contre journalistes et écrivains par des organisations islamistes sous couvert de lutte contre l’islamophobie, tandis que des imams salafistes répandent impunément leurs discours obscurantistes et haineux dans d’innombrables mosquées et que les branches politiques de l’islam radical et terroriste ont pignon sur rue à la télévision publique.

La Primaire de la Belle Alliance Populaire. Après le succès de la Primaire de la droite et du centre, tous les regards sont tournés vers ce nom porteur de tant de promesses. Réussira-t-elle, cette Primaire, à mobiliser les sympathisants de gauche et les Français en général ? De l’enthousiasme, foin à ce jour. Sur les réseaux sociaux, de l’élan, guère plus : 15 jours avant le premier tour, seulement 46.600 messages sur la primaire de la gauche contre 214.700 messages sur la primaire de la droite et du centre. Dans les conversations entre amis, nous ne nous empoignons même plus et du PS, nous ne parlons plus. Tous nous attendons les débats et tous, nous savons que l’audience qu’ils susciteront sera déterminante. Elle est étrange, cette Primaire, avec ces 4 candidats qui émergent sur la Toile, et nous nous interrogeons sur la faute à Voltaire, entendez bien celui qui s’auto-proclame le candidat de la France insoumise, qui répète que le vrai choix des électeurs du PS, c’est de trancher entre l’orientation gouvernementale amplifiée, telle que la porte Macron, et la tradition de l’humanisme émancipateur de la famille culturelle que lui l’incarne, ironisant sur ces opposants sans programme.

 La Primaires de la gauche, c’est ce soir qu’elle se joue. A ceux qui prétendent qu’on ne sent pas le même engouement que pour la Primaire de la droite, Philippe Dussert répond qu’ aujourd’hui François Fillon, le grand vainqueur, dégringole dans les sondages. Gageons que les valeurs de la gauche seront rappelées à tous, et pas forcément par les autoproclamés frondeurs, à qui nous reprocherons éternellement non pas leur désir de plus de gauche, mais la manière, qu’ils n’eurent pas, préférant participer à l’enterrement du PS qu’œuvrer de l’intérieur. La méthode Duflot en somme. Pire que la trahison de Manu.

Nous concèderons que la loi sur le mariage pour tous n’était la priorité de personne, que la loi El-Khomri est bancale, que la question de l’emploi n’est pas réglée, et nous opposerons deux obstacles inattendus: l’attitude des frondeurs et la situation hors de l’ordinaire de la France et du monde sous la menace islamiste.

Gageons donc que dès ce soir, il sera parlé de questions concrètes et que seront confrontées les solutions proposées. Ce soir, trois thèmes seront traités : les questions économiques et sociales avec les impôts, le temps de travail; le terrorisme ici et ailleurs; les sujets autour de la République, de la laïcité et de l’islam de France. Il sera capital, ce premier débat.

Valls nous parlera du nouveau-né CPA, de sa volonté de révolutionner notre système de santé, s’opposant frontalement au projet Fillon, et attaquera ce qu’il appelle son programme catholique en affirmant respecter les convictions de chacun mais refuser d’avoir à juger de la pertinence d’un projet en fonction de sa religion.  A lui de parler ce soir en qualité de candidat et non d’ex PM, et, face aux propositions des deux frondeurs qui apparaîtront comme plus à gauche, de prouver qu’elles sont irréalisables, tout en convaincant que lui s’est recentré et incarne davantage un point d’équilibre au sein du PS, lui qui était en 2011 un candidat plus identifié à l’aile droite du PS. Manuel Valls, à qui il est reproché de pratiquer la novlangue. Du mot anglais Newspeak créé par Orwell dans 1984[5], le novlangue est la langue officielle d’Océania, imposée par les dirigeants, dans le but de restreindre le domaine de la pensée et son indépendance par la réduction au strict minimum du nombre de mots utilisés et par des structures grammaticales ramenées à un niveau infantile, les finesses du langage étant ainsi éliminées et le nombre de concepts avec lesquels les habitants peuvent réfléchir étant restreint, ce qui empêche toute potentielle critique de l’Etat et rend la population facilement manipulable par la propagande massive diffusée par les médias, la télévision notamment : par extension et parce que le concept décrit dans le roman est intuitivement plausible, le mot novlangue, devenu féminin, désigne un langage épuré, convenu, rigide, et désigne les discours politiquement corrects.

Ce soir, saura-t-il dénoncer l’idéologie gauchiste du laisser aller, notre école qui s’effondre sous nos yeux, parlera-t-il création de richesses, fera-t-il la différence en politique étrangère, en reconnaissant que la critique systématique d’Israël devient suspecte et que notre politique européenne n’est qu’une somme d’abandons permanents. Se démarquera-t-il de l’extrême gauche et de Clémentine Autain, de Plenel et de Benoit Hamon qui relativisent le sort fait aux femmes dans les quartiers ? Nous montrera-t-il qu’il est un militant humaniste, face à tant de carriéristes cyniques et sans scrupule. Nous fera-t-il oublier que s’il signa l’appel contre le jugement qui déclara l’Etat coupable de faute dans l’affaire Mohamed Merah[6], c’est que, comme le Créon d’Antigone, il faut pourtant qu’il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque.

Hologramme de Mélenchon projeté à Paris

Si grosso modo, le temps de parole sera de 17 à 18 minutes pour chaque candidat, il s’agira pour chacun de préciser sa pensée en 1 minute 30 et de répondre en 45 secondes si l’un d’eux est mis en cause, selon le modèle du débat américain d’ août 2015 entre les dix candidats Républicains.

Trois débats en une semaine. Des candidats qui auront à peine le temps de reprendre leur souffle entre deux débats et des téléspectateurs à ne pas saouler.

A noter que si Montebourg et Hamon font campagne depuis l’été, Valls et Peillon se sont lancés tard, le deuxième, qualifié de candidat surprise, ayant déjà montré les faiblesses d’un travail bâclé et étant soupçonné d’avoir surtout des visées politiques internes au PS.

A Jean-Luc Bennahmias, Sylvia Pinel et François de Rugy, de se distinguer face au quatuor d’ex-Ministres, dans ce match court qui se devra d’être dense, l’enjeu de ce scrutin étant moins la survie du Parti socialiste que l’émergence de celui qui pourra présider la France.

Pendant ce temps, MLP buvait un café à la Trump Tower, Mélenchon annonçait qu’il se produirait en meeting à Lyon le 5 février pendant que son hologramme serait projeté à Paris, faisant appel à l’esprit des sciences et du partage par cette réunion publique et, jusqu’à ce soir, l’ex-ministre de l’Economie de François Hollande poursuit sa marche en avant, poussé par des vents porteurs à cent jours du premier tour de la Présidentielle. La gauche, elle, se cherche un champion.

Sarah Cattan

[1] Président de l’Observatoire de la laïcité, dont les préconisations furent jugées angéliques, pusillanimes, cosmétiques dans le meilleur des cas, antilaïques.

[2] Rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité.

[3] Rappeur, qui appela à crucifier les laïcards dans la chanson Don’t Laïk.

[4] Ceux d’Emmanuel Razavi, de Michaël Prazan, entre autres.

[5] Publié en 1949.

[6] 12 juillet 2016.

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