Alors que son intervention est annoncée soudainement pour 20 heures ce soir, voilà François Hollande, qui venait de recevoir les sportifs à l’Elysée, face à nous. D’une voix blanche il déroule son bilan, exerce lui-même son droit d’inventaire, fait son mea culpa. La déchéance de nationalité, dont on note que c’est Valls qui l’a portée, il regrette qu’elle nous ait divisés. Il regrette encore certains retards. Son bilan, il le revendique et à l’entendre, on ne sait ce qu’il a décidé.
De source sûre, il semble que le secret ait été bien gardé jusqu’au bout. Le déjeuner de lundi ? Je gage que tout se soit joué ce week-end et ait été dit lors de ce déjeuner.
Ses enfants et Ségolène le conjuraient de ne pas y aller. Les autres, sa garde rapprochée, espéraient encore qu’il y aille et disaient tous avoir l’intime conviction que le Président briguerait un second mandat. C’est que la place est bonne.
Les militants socialistes ? Eh bien des lettres ne cessaient de circuler, après l’électrochoc que fut la victoire éclatante de François Fillon au moment même où se jouait entre le Président et son Premier Ministre un mano a mano : tous ces militants qui avaient porté François Hollande au pouvoir s’accordaient : pour contribuer à atténuer ce quinquennat, François Hollande devait dire immédiatement qu’il se retirait, faute de quoi il saborderait les dernières chances d’empêcher un nouveau 21 avril et entraînerait toute la gauche dans son suicide.
Fin du suspense. Alors que l’ouverture des dépôts des candidatures à la primaire initiée par le PS a débuté, François Hollande annonce à 20 heures, dans une allocution depuis l’Elysée, qu’il renonce à briguer un second mandat présidentiel.
Des personnalités avaient lancé un collectif pour le sauver. Ce collectif ridicule contre le Hollande-bashing, cette tribune publiée dans le JDD et signée par une soixantaine de VIP comme Catherine Deneuve, Juliette Binoche ou Benjamin Biolay, bref cette tribune réunissant artistes, sportifs et personnalités venues du monde syndical ou politique, auto décrit comme ayant une orientation à gauche.
Aussitôt, une AG, autour de personnalités comme Julien Dray ou le directeur du théâtre du Rond-Point, Jean-Michel Ribes, s’était réunie le 29 novembre pour répondre entre autre à cette question : François Hollande était-disqualifié par avance ?
Il a répondu. Dans un sursaut de lucidité. De sagesse. Emouvant, honnête et exemplaire, il aura donné l’illusion, ce soir, d’être maître de son destin et partira, demain, aux Emirats Arabes comme prévu. Valls ? Il disait hier, dans l’avion qui le ramenait de Tunis : Oh la la , l’affaire n’est pas finie.
En dix jours, nous aurons eu les adieux de Nicolas Sarkozy, d’Alain Juppé et de François Hollande. L’effet Trump ? L’effet MLP ? Winter is coming.
Sarah Cattan