Haut fonctionnaire ayant détesté son passage dans une banque, la nouvelle ministre de la Culture Audrey Azoulay est une femme de gauche, marquée par une enfance franco-marocaine pleine de livres et de débats. Elle se confie pour la première fois.

À la regarder, ils s’habitueront. Dans un remaniement sans sens et sans saveur, elle est l’inconnue et pourtant le symbole, l’antidote à une France qui se divise. Audrey Azoulay incarne un pays ouvert, généreux où les juifs et les musulmans deviennent amis, une France du mélange, une France des valeurs, des livres.
Le nouveau ministre de la Culture se raconte pour la première fois. « J’ai grandi dans un milieu très à gauche », confie-t-elle. Un milieu « politisé sur le conflit israélo-palestinien. Mais à la maison, on ne parlait pas beaucoup de politique intérieure, plutôt de politique internationale », se souvient la fille d’André Azoulay et de Katia Brami. Son père est le conseiller du roi du Maroc, Hassan II puis Mohammed VI.
« Martine Aubry : » Audrey est comme ses parents, d’une acuité, d’une intelligence affûtée et aiguë » »
De cette famille si particulière, la nouvelle ministre de la Culture a gardé des amitiés, des fidélités. Martine Aubry la connaît depuis qu’elle est adolescente : « Audrey est comme ses parents, d’une acuité, d’une intelligence affûtée et aiguë. » Ce que retient la maire de Lille ? » Un sourire vrai et ouvert, une élégance intellectuelle, personnelle, dans son rapport à l’autre. »
Audrey Azoulay est de gauche, irrémédiablement. On la croyait techno, on la découvre militante. » J’ai fait les manifs de 1986. La fin du lycée, c’était les fachos contre les antifachos. Avec mes copains, on était très antifascistes. Et puis, il y a eu 1995, on était tous dans la rue – c’était bien, d’ailleurs. » Dans la rue contre la réforme des retraites d’Alain Juppé. L’histoire est parfois facétieuse.
Née à Paris en 1972, elle a été élevée à Beaugrenelle (15e arrondissement de Paris) avec ses deux sœurs. Ses parents venaient du Maroc. « Ils ont fait leurs enfants et leurs métiers en France » avant de retourner vivre de l’autre côté de la Méditerrannée lorsqu’elles avaient la vingtaine. « Pour moi, l’enfance, c’est l’école. C’est ce qui me reste, l’école en briques, le plaisir de l’école. » L’école publique évidemment. « Le truc classique, des profs formidables. J’étais bonne élève, on avait des copains, c’était formidable. » Elle fait exprès de répéter ce mot.
De cette enfance heureuse, elle a conservé un enthousiasme contagieux. Elle dégage la bonne humeur de ceux qui ont été choyés. Tous les samedis, elle allait à la bibliothèque. « Je lisais tout, Fantômette et des classiques. Je me rappelle avoir lu Flaubert, Salammbô précisément, sans comprendre, à 12 ans. J’ai lu en pleurant Les Quatre Filles du docteur March. » Elle s’arrête, nuance : » C’est rare que je pleure en lisant. Cela m’est à nouveau arrivé en lisant le roman de Maylis de Kerangal Réparer les vivants. »
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