Tribune Juive

La chronique de Pascale Davidovicz : Le père Mourad est libre

Le père Jacques Mourad

est libéré des griffes de Daesh !

C’est un cri du cœur que je veux partager.

Le 24 mai 2015, Tribune Juive publiait mon article intitulé : « Ils s’approchent de notre ville, priez pour nous. »

Je venais d’apprendre que le père Jacques Mourad, prêtre syro catholique qui dirigeait le monastère Mar Elian, dans la ville d’Al-Qaryatayne en Syrie, avait été enlevé par des djihadistes de Daesh, au lendemain de la prise de la ville voisine antique de Palmyre.

Père Jacques Mourad, prieur du Monastère de Mar Elian (Photo: Roberto Simona)

Il avait envoyé un dernier appel déchirant avec son français approximatif : « Ils approchent de notre ville, ils ont tué beaucoup des gens en coupant les têtes, priez pour nous S.V.P. » qui m’avait bouleversée.

Le père Zyad, qui fait partie du même diocèse, était parvenu à le joindre au téléphone et le père Mourad lui disait qu’il était en train d’accueillir des familles de Palmyre qui avaient fui  après l’attaque de Daesh. Il préparait la nourriture et le logement avec l’équipe sur place. C’était son dernier message.

Le père Jacques Mourad était arrivé en Syrie il y a une dizaine d’années et avait succédé au père Paolo Dall’Oglio, jésuite italien, dont on est sans nouvelles depuis juillet 2013, alors qu’il tentait de négocier la libération d’otages auprès d’un groupe proche d’Al-Qaïda dans la ville syrienne de Raqqa au nord de la Syrie.

Ne ménageant pas sa peine, et fidèle à son idéal de fraternité humaine, le père Mourad continua de faire du monastère un lieu de dialogue et de rencontre, ouvert à toutes les communautés qui s’y retrouvaient en paix.

Il était aussi considéré comme un père spirituel par les musulmans.

Une harmonie…jusqu’à l’avancée de Daesh.

Le père Mourad et son diacre Boutros sont brutalement enlevés et transférés à Raqqa où ils restent emprisonnés 83 jours.

Leurs geôliers tentent de les convaincre de se convertir à l’islam et de payer l’impôt sous peine de décapitation.

Mais les brutalités et les simulacres de décapitation n’y feront rien.

Emmenés à Palmyre, ils y retrouvent les 250 chrétiens enlevés juste après eux et détenus dans une maison.

Les terroristes islamistes détruisent le monastère à la pelleteuse avec la  volonté de raser le passé chrétien en Syrie, comme celui de toute civilisation ou de toute culture ne répondant pas à leur concept dévoyé de l’Humanité.

Le père Jacques Mourad a recouvré la liberté.

Près de cinq mois après son enlèvement, le père Jacques Mourad a réussi à s’enfuir le samedi 10 octobre dernier.

C’est en regardant le magazine « Chrétiens orientaux » sur France 2 dimanche 3 janvier que j’ai tardivement appris la nouvelle.

Les circonstances de sa fuite ou de sa libération ne peuvent pas être totalement dévoilées pour des raisons de sécurité.

Un contrat aurait été signé entre les chrétiens d’Al-Qaryatayne et Daesh, probablement sous la forme d’un « impôt ».

Le diacre Boutros s’enfuit trois semaines avant le père Mourad, et 250 chrétiens sont libérés avec le père Mourad.

Après un passage par Paris et Lourdes, le père Mourad est reparti continuer son « combat » spirituel et oecuménique en Syrie.

Il a salué le travail de SOS Chrétiens d’Orient et a appelé chacun à continuer de prier pour les centaines de chrétiens encore en captivité.

Il a déclaré : « J’ai été sauvé grâce à l’aide humanitaire que nous donnons aux musulmans et aux chrétiens. »

Des centaines de chrétiens sont toujours les otages de Daesh.

Pascale Davidovicz
Sources : oeuvre-orient.fr – cath.ch – la-croix.com –

 

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