Le voyage de noces en Tunisie vire au cauchemar

Des chambres insalubres, une climatisation en panne, une électricité défectueuse,  des cuisiniers qui rendent leur tablier, une piscine à l’eau trouble, avec qui plus est une suspicion de présence de légionelle. Puis un hôtel qui ferme, avec des vols et des scènes de pillage à la clé.

Le voyage de noces au complexe Dar Djerba Marmara

d’un jeune couple

Photo Pascal Bonniére
Photo Pascal Bonniére

La dame de chez Auchan Voyages n’avait eu jusqu’ici que des « retours positifs ». Et à lire les commentaires des internautes sur des sites comme Tripadvisor, Pauline et Dimitri n’en doutaient pas. À ce jeune couple tout juste marié, c’est sûr, le complexe Dar Djerba Marmara (groupe TUI), en Tunisie, allait laisser un souvenir im-pé-ris-sa-ble !
C’est le cas.

Traces de légionnelle dans la piscine

pscine

Aéroport de Roissy, le 5 septembre .L’avion à destination de Djerba a du retard. Banal. Ce qui l’est moins, c’est qu’à bord du bus qui prend nos touristes en charge à l’aéroport international de Djerba-Zarzis, il y a une enveloppe à leur intention. Elle contient, comme pour toutes les autres familles, les clés du paradis. Enfin, de leur chambre, s’ils la trouvent. Car une fois débarqués dans le hall de l’hôtel, à plus d’une heure du matin, il n’y a plus âme qui vive. Personne pour accueillir les voyageurs, pour les guider. Un briquet ou une lampe de poche en main – car l’éclairage extérieur est hors service – tout le monde se met ainsi à déambuler dans ce labyrinthique complexe hôtelier, l’un des plus vastes du continent africain. Temple du tourisme de masse. « On a fini par la trouver, notre chambre, raconte Dimitri. Mais la serrure ne fonctionnait pas. Je suis retourné à l’accueil et un vigile m’a promis que quelqu’un allait arrivé. Ce fut le cas, trois quarts d’heure plus tard. Et là, franchement, on aurait peut-être préféré qu’elle ne s’ouvre pas la porte… ! »
C’est Pauline qui prend le relais : « C’était affreusement sale. Il y avait des bêtes qui couraient sur le carrelage. Les savons des précédents touristes étaient collés aux lavabos. Les lits n’étaient même pas faits, et en-dessous, c’était le royaume de la poussière ! » Mais bon, il est 4 h 45. Demain sera un autre jour…
Et  en ce vendredi 6 septembre, la journée s’annonce belle et chaude. Quelques sourires échangés avec le personnel, Pauline et Dimitri se disent qu’ils n’ont peut-être pas eu de chance, mais que maintenant, les vraies vacances vont commencer. Ils écoutent les rabatteurs leur faire l’article des excursions au menu de la semaine, et programment ainsi quelques sorties. « Tout semblait normal ». Quand bien même, le soir venu, à pratiquement chaque table, les touristes se plaignent d’une multitude de dysfonctionnements. « C’est le dimanche, soit deux jours plus tard, que tout s’est emballé, décrit Pauline, encore toute fébrile à se remémorer ces heures difficiles. Il y avait un nouveau chassé-croisé, et ceux qui devaient arriver dans l’hôtel, on ne les a jamais vus ! On a appris qu’ils avaient été redirigés vers un autre hôtel, à quelques rues de là. Et puis, on a tous eu un papier de glissé sous nos portes de chambres, stipulant que toutes les excursions étaient annulées ». Forcément, les touristes mécontents affluent à l’accueil, où les réceptionnistes ne savent plus donner de la tête. « C’est à ce moment-là qu’on a appris qu’il y avait une rumeur de fermeture de l’hôtel, soit-disant parce qu’on avait décelé une bactérie dans la piscine. Certains parlaient de légionelle ! Imaginez un peu, nous qui nous baignions depuis deux jours dans cette eau ! »

Scènes de panique, bagarres…

Le lundi, les stands d’animations dispersés sur tout le complexe sont tous fermés. Le mardi, ce sont cette fois-ci les quelque femmes de ménage qui restaient qui disparaissent de la circulation. Depuis plusieurs jours, le représentant officiel de Marmara s’efforce de rassurer les touristes, de leur dire qu’il ne faut pas écouter les rumeurs, que la Tunisie doit faire face aux conséquences du printemps arabe et que ça n’est pas simple. Mais promis-juré-craché, tout va s’arranger !
djerba_hotel_club_marmara
Mais là, le voilà qui rend lui aussi les armes. C’est penaud qu’il annonce aux résidents que l’hôtel va fermer, pour raisons sanitaires explique-t-il, et qu’il faut maintenant que tout le monde aille faire ses valises, avant que les familles ne soient dispatchées dans d’autres hôtels. « C’était panique à bord, détaille Pauline. Ça courait dans tous les sens ! Les gens hurlaient, refusant d’aller dans des hôtels que la rumeur disait encore plus sales que le nôtre ! Le personnel tunisien qui n’avait pas quitté le navire tentait tant bien que mal de calmer tout le monde, mais bien que courageux et responsable, n’avait pas de solution ». Il se murmure que Marmara aurait revendu l’hôtel à un groupe allemand…
Les heures défilent, et le soir, les touristes se dirigent vers la salle de restauration, où ils trouvent portes closes. « Il restait le chef. On lui avait intimé l’ordre de fermer les cuisines et de partir. Mais sa conscience l’avait poussé à préparer des sandwiches avec ce qui lui restait de nourriture. Pressé par les mères qui avaient de jeunes enfants, il est retourné à ses fourneaux pour faire cuire des pâtes. »
Le lendemain, soit à la veille de leur retour en France, Pauline et Dimitri n’en croient pas leurs yeux. C’est l’anarchie. Des gens passent dans les chambres et embarquent les téléviseurs. Les touristes se baladent avec leurs valises car il y a eu des vols durant la nuit. Une partie du complexe hôtelier est même la proie de pilleurs… « On s’est retrouvé au bar. On avait tous nos affaires avec nous. Une bagarre a éclaté entre des animateurs et des barmans… Une dame a appelé l’ambassade de France, qui lui a rétorqué qu’elle ne pouvait rien faire. Elle a alors appelé en France, au Quai d’Orsay. »
Finalement la majorité des touristes décident de grimper dans les bus qui devaient les mener dans leurs nouveaux hôtels, et demandent au chauffeur de les conduire à l’aéroport. « On y a passé la fin de journée,la nuit et une partie de la journée du lendemain, en attendant notre vol, vers 17 heures. On en a profité pour rassurer nos familles, qui n’avaient plus de nouvelles depuis deux-trois jours »

Indemnisés pour le préjudice subi ?

Cinq jours que Pauline et Dimitri ont regagné la France , Depuis, ils ont entamé une multitude de démarches pour se faire rembourser ce séjour catastrophique, qu’ils avaient payé 878  euros.
Ce qui est le plus incroyable, c’est que ce mardi soir, l’hôtel Zahra du complexe Dar Djerba, avec ses trois étoiles, ses promesses de séjour « très chaleureux » et une note de 4,5 sur 5 calculée sur plus de 1 700 avis de voyageurs, était encore et toujours commercialisé…
Hubert Feret
La Voix du Nord
 

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*