Des collégiens en scène contre l’antisémitisme

Regardez le youpin, avec son étoile de mer !  […] Ça m’a donné honte et je me suis mis à pleurer. Max, 9 ans, dans la voix de Maxime, 12 ans. A tour de rôle, Thomas, Sarah, Tristan, Célia, Maxime et Chloé, élèves de 5e au collège Malraux d’Amboise récitent « Max et les poissons », lors de l’une des ultimes répétitions pour la représentation adaptée de l’ouvrage de Sophie Andriansen. Avec leur regard d’adolescent, ils s’immergent dans l’histoire de ce petit garçon raflé le jour de son anniversaire au mitan de la Seconde Guerre mondiale. « Une histoire comme ça, ça ne pourrait plus arriver, on ne laisserait pas faire », commente Chloé avec conviction.

LICRA-THEATRE

Des moqueries dans la cour de l’école

S’ils sont là, réunis à l’initiative de la Licra et du metteur en scène Richard Violante, c’est qu’une enseignante, soutenue par la direction du collège, a estimé en début d’année « qu’une piqûre de rappel » contre le racisme n’était pas inutile. « On entend de ci, de là des remarques ou des moqueries pas très agréables dans la cour », relate Élisabeth Lemeunier, professeur d’histoire-géographie et d’éducation civique. « Une fois, quelqu’un avait donné un surnom à un autre à cause de sa couleur de peau », illustre Tristan d’une petite voix, pas sûr de donner la bonne réponse. Ses camarades hochent la tête, en écho. « Ce n’est pas propre à notre établissement, mais cela m’a donné envie de faire quelque chose », conclut Élisabeth Lemeunier.

Le 2 juin, les collégiens seront donc sur la scène du théâtre Beaumarchais d’Amboise, puis à la médiathèque, devant les autres élèves. Ce sera en quelque sorte le point d’orgue d’une série d’actions entreprises dans ce collège pour sensibiliser les élèves de 5e au racisme et à l’antisémitisme. Le metteur en scène Richard Violante, et la présidente de la Licra Martine Strohl sont leurs premiers spectateurs, oreille tendue, dans la salle polyvalente aménagée en salle de répétition. Malgré des mots maladroits qui peuvent fuser, « à cet âge, ils sont encore vierges de racisme et d’antisémitisme, ils sont très sensibles à l’injustice », a constaté Richard Violante lors des présentations du texte dans les classes. Seule en scène, Célia déclame avec conviction. « Pour voir, en enlevant mes habits j’ai reniflé mon étoile. Elle ne sent rien, rien du tout. »

Martine Strohl, la présidente de la Licra, applaudit du regard : « Avec le théâtre, les enfants font quelque chose tous ensemble, ils s’impliquent vraiment. » Un exemple à suivre, pour cette infatigable militante de l’antiracisme qui regrette par ailleurs que « les propositions faites à de nombreuses reprises, cette année aux enseignants et aux inspecteurs académiques pour sensibiliser les élèves, bien souvent, sont restées lettre morte ».

Dans la foulée des attentats qui ont frappé la France, l’Éducation nationale avait promis un grand plan d’action contre le racisme et l’antisémitisme. Gageons que le poisson de Max ne reste pas sans voix.

« Max et les poissons » jeudi 2 juin au théâtre Beaumarchais d’Amboise, à 18 h, entrée libre.

Source lanouvellerepublique

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